Toutes les critiques de Lili Et Le Baobab

Les critiques de Première

  1. Première
    par Benjamin Mallet

    Au cours d'un reportage photo au Sénégal, Julie se confronte au choc des cultures et se lie d'amitié avec Aminata. De retour en France, lorsqu'elle apprend que celle-ci vient d'accoucher d'un fils "sans père" et risque d'être expulsée de son village, elle vole à son secours. Pour son premier long métrage, Chantal Richard a choisi un sujet largement autobiographique. Pourtant, en dépit d'une réelle charge émotionnelle et de séquences documentaires séduisantes, le vécu de la réalisatrice n'apparaît que rarement à l'écran.

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Ni fable enfantine, ni documentaire botaniste, quoi qu'en laisse penser le titre, Lili et le baobab nous installe dans une petite communauté de l'Afrique sahélienne et nous laisse regarder, guidés par l'héroïne. Avec elle on voit, on découvre, on s'étonne, on s'imprègne, on s'implique. Joli voyage.
    La trentaine solitaire, Julie alias Lili débarque au Sénégal. Destination précise : le petit village d'Agnam au Nord du pays, près du fleuve. Mission : photographier les équipements d'irrigation financés par la ville de Cherbourg qui l'envoie là. Arrivée en chansons et en danses, salutations de bienvenue appuyées, installation dans une chambre avec moustiquaire... La jeune femme est aussitôt intégrée à la vie de la grande famille qui l'accueille. Elle ne comprend pas leur langue, elle n'est pas familière des moeurs locales, mais elle se sent bien, Lili. Venue pour quelques photos, elle se retrouve happée par bien plus que ça...Le jour et la nuit
    Mode de vie, mode de communication, valeurs, codes... L'Afrique face à l'Occident, c'est un peu le jour face à la nuit. Lili est seule, sans enfant ni mari, sortie d'un cadre familial qui semble peu présent dans sa vie. En face, le village est pléthore, la famille où elle est accueillie aussi. Les jeunes femmes de son âge sont mariées et plusieurs fois mères. Naviguant entre les deux continents, les sénégalais immigrés en France, où ils résident dans des foyers, ont droit au pays à tous les honneurs.Frappant, ce jeu des contrastes aurait pu rapidement piéger le film : risque de tomber dans des raccourcis faciles, de reprendre les légions de clichés existant sur la question, de sombrer dans la caricature ou le discours politisant. Mais Lili et le baobab évite tous ces écueils promis par le sujet avec une aisance confondante. Son secret ? Miser sur le regard vierge d'a priori porté par son personnage et ne pas en dévier. Ainsi par exemple, l'émotion de Lili face à cet univers qu'elle découvre prend toute sa dimension lors de son retour à Cherbourg, où elle semble étrangement déracinée.L'oeil du photographe
    Maîtresse à bord, c'est à travers les yeux de Lili que nous découvrons l'environnement asséché d'Agnam, sa population bienveillante, le quotidien brûlant de chacun, les difficultés de la vie sahélienne, les joies d'une petite communauté, la richesse de la vie sociale qui s'y développe mais aussi sa dureté parfois. C'est également à travers sa perception que nous retrouvons l'air de Normandie, le soudain isolement ressenti dans son pays. Son regard grand ouvert (dans les deux sens du terme), c'est un peu l'oeil du photographe, c'est-à-dire dénué de préjugés mais prêt à être touché par ce qu'il voit. Comme nous devrions l'être, derrière l'écran.En cohérence, l'adoption de ce point de vue limite l'intervention des sous-titres de traduction. Comme Lili, nous voilà plongés dans l'incompréhension, et la recherche du sens exprimé par l'autre qui ne parle pas la même langue. Cet intelligent parti pris colle à la neutralité du personnage, laquelle est respectée également par une mise en images épurée. Cadrages sans extravagance, plans fixes ou au mouvement tranquille, montage posé, le film s'impose dans un registre simple. Quasi documentaire par son traitement comme par son sujet, sans fioritures, il s'offre juste le petit bonus qu'il fallait : quelques scènes nocturnes d'une beauté quasi théâtrale, dont les plans composés se dévoilent dans un rond de lumière.Bon voyage !
    Fidèle à la réalité, sans pathos ni discours trop appuyé, Lili et le baobab laisse ses images et son histoire parler. Aux commandes, Chantal Richard s'inspire largement de faits autobiographiques. Elle connaît donc bien son sujet et ça se sent. A ses côtés, Romane Bohringer joue la vérité sans effort, parfaite pour le rôle, sans doute parce qu'il lui ressemble. Ouverte, naturelle, sensible, engagée, peut-être un brin maladroite, parions qu'elle est également, comme son père, passionnée d'Afrique. Dessin d'hommes et de femmes, d'un mode de vie, d'une culture rarement abordée (sous l'angle de la fiction notamment), « Lili et le baobab » retranscrit sans juger, laissant émerger les conclusions de chacun face à cette confrontation douce entre deux univers. Sans atteindre la perfection - mais qu'en ferait-on ? -, le trait est fin, le rendu juste, le voyage enrichissant.Lili et le baobab
    Un film de Chantal Richard
    Avec : Romane Bohringer, Aminata Zaaria, Saïdou Abatcha, Albert Delpy, François Delaive, Mamadou Ly,
    Sortie en salles : le 3 mai 2006[Illustrations : © ID Distribution]
    Sur le web :
    - le site de Agat films, société productrice du film