Toutes les critiques de Le chant des oiseaux

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Second long-métrage d'Albert Serra, Le Chant des oiseaux met en images la légende des Rois Mages. Dans un somptueux noir et blanc qui célèbre silences et paysages, le cinéaste catalan fait se côtoyer le Grandiose et l'Absurde.- Lire l'entretien avec Albert Serra Après Honor de cavalleria, qui s'attaquait à la légende de Don Quichotte, Le Chant des oiseaux marque déjà l'avènement d'une « patte Albert Serra ». Immergeant ses personnages dans des étendues désertiques et organisant une rêverie autour de figures littéraires ou bibliques, le jeune cinéaste convoque autant l'art contemporain que la peinture et la gravure.Avec ce nouveau film, Albert Serra épure totalement sa dramaturgie. Le Chant des oiseaux offre une succession de longues plages visuelles presque indépendantes les unes des autres mais qui dessinent un net mouvement d'ensemble, à la manière d'un disque. Retraçant le voyage des Rois Mages vers la demeure de Marie et Joseph, la caméra privilégie les silences, le bruissement du vent et les murmures de la nature. Pourtant, lors des quelques scènes où nos trois vieillards prennent la parole, les discussions se font absurdes et inconoclastes (ces Rois Mages ont tendance à rouspéter et se chamailler comme des gamins). La comédie surgit au sein du majestueux noir et blanc. Et l'onirisme n'est jamais loin, comme dans cette séquence où l'un des compagnons évoque ses visions de géants sautant d'un nuage à l'autre. Si l'on pense aux Monty Python de La vie de Brian, c'est également du côté du théâtre de Samuel Beckett que viennent picorer le réalisateur et ses amusants acteurs non-professionnels.Le sujet choisi n'est pas qu'un prétexte pour filmer de jolies vallées et d'imposantes montagnes. Il s'agit pour le cinéaste d'honorer le miracle de la présence humaine et de rétablir l'intensité - mais aussi l'absurdité - de la durée. Ce mysticisme demeure avant tout cinématographique, Albert Serra parlant lui-même d'une « foi dans le film » et de « l'intuition qu'il y a derrière les images quelque chose de poétique ».Une oeuvre qui privilégie la contemplation ne peut pas être du goût de tout le monde. Mais en faisant appel à différentes formes d'art, Le Chant des oiseaux crée paradoxalement des images d'une essence purement cinématographique. Cousin européen de Naomi Kawase et d'Apichatpong Weerasethakul, Albert Serra rend au septième art une de ses motivations originelles : la capacité d'émerveillement.Le Chant des oiseauxDe Albert SerraAvec Mark Peranson, Lluis Carbo, MontseTriola- Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire les fils festival de cannes, quinzaine des réalisateurs sur le blog cinéma- Lire notre petite histoire du cinéma espagnol- Voir notre entretien avec Albert Serra