Toutes les critiques de Le bannissement

Les critiques de Première

  1. Première
    par Isabelle Danel

    4 ans après Le retour, son premier film couronné du Lion d'Or à Venise, Andreï Zviaguintsev retrouve la figure des deux frères ainsi que son acteur principal, Konstantin Lavronenko, prix d'interprétation au dernier Festival de Cannes. Malgré des références bibliques envahissantes, le réalisateur livre une oeuvre fascinante sur l'amour et les tourments qu'il y a à l'exprimer.

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Andrey Zvyagintsev, auteur du Retour (Lion d'Or à Venise), propose un film d'une rare ambition esthétique. Grâce à une virtuosité technique épatante, il gagne son pari : somptueux, mais destiné aux plus courageux.
    - Exprimez-vous sur le forum cinémaIl faut l'avouer, un film contemplatif russe de 2h30, ça peut faire peur… A partir d'une nouvelle de William Sarroyan, Matière à rire, dont seule la trame est conservée, Andrey Zvyagintsev compose pourtant un film d'une beauté sidérante. Sa (trop ?) brillante mise en scène s'appuie sur les images franchement extraordinaires de son chef-opérateur, Mikhaïl Kritchman. Avec un soin méticuleux, les deux hommes conjuguent leurs talents pour observer une Nature, végétale puis humaine, qu'ils laissent éclore comme une fleur du mal.Un couple et ses deux enfants s'installent à la campagne dans la vieille maison du défunt patriarche. De retour après être « parti gagner de l'argent », le père apprend par sa femme qu'elle est enceinte d'un autre. L'environnement est idyllique mais le ver est dans le fruit… Cette famille voudrait s'approprier un espace et un temps nouveaux : celui d'un paradis originel auquel elle aspire mais qu'elle ne mérite peut-être pas. Inéluctablement, et de plus en plus vite, les ténèbres menacent son immuable structure et risquent de l'engloutir. En gommant toute possibilité d'identification de lieux, ou d'époque, et en dispersant de nombreux indices bibliques, Zvyangintsev assume totalement son ambition de hisser ce récit au niveau du mythe universel et intemporel.Malgré ses parti-pris radicaux, Le Bannissement n'est, bizarrement, jamais ennuyeux. Justement parce que l'oeil reste prisonnier de ces cadres somptueux, de ces lents mouvements de caméra dans lesquels il y a toujours quelque chose qui vit, bouge, avance. Ce mouvement, symbole d'une vie minuscule, cherche à s'inscrire dans le Temps et l'Histoire comme une vision tragique de l'Eternel Retour. Même si ce n'est pas très modeste et que ça tend parfois à l'exercice de style, le pari est bel et bien gagné car l'ensemble reste cohérent sans jamais céder à la facilité. Ambitieux, un peu pompeux mais somptueux. Le Bannissement
    De Andrey Zvyagintsev
    Avec Konstantin Lavronenko et Maria Bonnevie
    Sortie en salles le 6 février 2008Illus. © Pyramide Distribution
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  2. Le Monde
    par Jean-Luc Douin

    Présenté au Festival de Cannes (où l'acteur Konstantin Lavronenko s'est vu décerné le Prix d'interprétation masculine), Le Bannissement recoupe des thèmes évoqués dans d'autres films, symptômes de société. Le retour dans la maison du père défunt était le point de départ de Secret Sunshine du coréen Lee Chang-dong, l'apparition d'une grossesse non désirée celui de 4 mois, 3 semaines et 2 jours du roumain Cristian Mungiu, le deuil douloureux et injuste d'un couple égaré se retrouvait dans Lumière silencieuse de Carlos Reygadas. Conjonctions qui révèlent l'air du temps.

  3. Paris Match
    par Christine Haas

    Entre les non-dits à la Bergman et les symboles religieux à la Tarkovsky, la gravité de la narration laisse peser une angoisse prémonitoire sur ce drame domestique. Mais le scénario âpre sur la violence insatiable des hommes se complique de retournements lugubres, dépouillant les personnages de leur humanité.

  4. Télérama
    par Jacques Morice

    De la messe musicale aux silences très bavards, tout ici suinte une solennité empesée. Les acteurs - surtout Konstantin Lavronenko, Prix pour le moins intempestif d'interprétation masculine à Cannes - ne desserrent pas les dents, font une gueule d'enterrement. Peu de regards et de respirations qui ne soient synonymes d'absolu. Epure rime ici avec enflure - même l'intérieur de la similidatcha rappelle les photos d'un magazine de déco.