Le Créateur

Après son premier film, Bernie, Albert Dupontel récidive avec Le Créateur. Mais peut-il faudrait dire le destructeur ?
Darius a peur. Après le succès phénoménal de sa première pièce, il a pété les plombs et a carrément oublié d'écrire son nouvel opus. La production est déjà bien avancée, et il ne peut plus se défiler : Il doit à tout prix trouver de nouvelles idées, mais l'angoisse de la page blanche le guète. La parade que trouve le créateur est aussi horrible qu'efficace : le meurtre, qui à chaque nouveau forfait réveille son inspiration et lui permet d'écrire un acte de sa pièce.Le premier film d'Albert Dupontel, Bernie, jouait déjà de cet humour noir qui transgressait avec joie et sans vergogne les tabous les plus profonds. Ici, il réfrène quelque peu ses ardeurs d'adolescent rebelle, et c'est plutôt une bonne nouvelle (il se permet quand même une avalanche de meurtres, une représentation hard-core de Jésus, et un carnage dans une crêperie bretonne). Alors que dans Bernie il finissait par trouver un style, certes maladroit, mais troublant et touchant, il se contente ici d'une mise en scène fonctionnelle et bâclée; il s'évertue à cacher son manque d'idées et le défaut de rythme par des effets chocs gratuits et ridicules. C'est dommage, car le sujet, bien que convenu, méritait une démesure à la Monthy Python, et non ce traitement désinvolte et paresseux. Le spectateur ne retrouve le sourire que lorsque le cinéaste reproduit l'humour typique de ses anciens sketchs (quand le dramaturge expose à un auditoire médusé les grandes lignes d'une pièce à laquelle il n'a pas encore pensé, il devient irrésistible).Pour Dupontel, le one-man-show n'était qu'un moyen facile et efficace de parvenir à sa principale ambition, le cinéma. Mais, là où Lemercier ou Timsit ont réussi honorablement leur passage à la caméra, Dupontel s'est lamentablement planté. Peut être, un jour, laissera-t-il éclater la poésie et la rage qui bouillonnent en lui; l'inspiration divine jaillira alors...Le créateur
Réalisation : Albert Dupontel
Avec Albert Dupontel, Philippe Uchan, Michel Vuillermoz
France, 1998, 1h 32min.