Toutes les critiques de La Sagrada familia

Les critiques de Première

  1. Première
    par Isabelle Danel

    Lors du week-end de Pâques, l’arrivée de la compagne du fils dans une famille d’architectes menace de faire s’écrouler l’équilibre familial. Filmé en temps réel et façon Dogme (mais avec une image encore plus laide), ce premier long d’un jeune Chilien pétri de références pasoliniennes transpire le grand désir de cinéma de son auteur. Mais il ressemble trop à un essai brouillon.

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    En brassant des thèmes universels - sexualité, drogue, la religion et rapports générationnels - Sebastian Lelio concocte un surprenant mélodrame au réalisme troublant. Filmé caméra numérique au poing, La Sagrada Familia est une expérience cinématographique, extrême et imparfaite, dont la fraîcheur et l'intensité mérite l'attention.
    - Exprimez-vous sur le forum La Sagrada FamiliaPour son premier long-métrage, Sebastian Lelio a convaincu des acteurs professionnels de tenter une bien étrange expérience : tourner pendant trois jours en s'appuyant sur les minces indications d'un script de 12 pages. Ces 72 heures correspondent à la chronologie du week-end de Pâques, durant lequel Marco présente sa petite amie comédienne, Sofia, à ses parents. Le discours, les manières et la sensualité de cet esprit libre, affranchis du carcan de la religion, ne tardent pas à ébranler l'édifice familial.Un dispositif extrêmeLes acteurs sont invités, sans aucun dialogue écrit, à vivre les situations d'un scénario minimaliste en étant libres de choisir leurs propres mots. Ce choix émane donc d'un consensus permanent entre les minces caractéristiques des personnages et la personnalité des acteurs. Serrés de près par une caméra qui les accule dans leurs derniers retranchements, ce dispositif permet ainsi aux comédiens, excellents, d'exprimer une partie de l'inconscient du Chili, pays régit, organisé et structuré par l'Eglise. Il en résulte une tension constante, difficile à contenir, qui, à l'instar de la mer en arrière-plan, menace d'emporter les fondements de la structure familiale.Le choix d'un tel procédé est autant économique qu'idéologique. Tourner en DV coûte peu cher mais, surtout, les jeunes cinéastes chiliens (Bize, Lopez, Scherson...) ne veulent plus traiter les problèmes sociaux ou politiques sous l'angle des grandes catastrophes vécues à l'échelle nationale. A la différence de leurs aînés, ils privilégient une autre voie, plus modeste en apparence, mais non dénuée d'ambitions. Les nouvelles technologies offrent un mode d'expression radical à cette volonté de changement, dépourvue d'intention spectaculaire.Mélodrame aride, réaliste... et mouvantPeu d'action, beaucoup de paroles, ou de silences, confèrent une étrange beauté aride à cet essai qui nécessite un minimum de curiosité. Ainsi, dans les premiers instants, l'instabilité de la caméra inquiète. Mais ses mouvements, parfois inutiles, cherchent surtout à capter de petits gestes anodins qui trahissent la pensée, à capturer un sourire ou un regard, qui, fugacement, va dire le contraire d'un discours, hypocrite et stéréotypé, hérité d'une morale religieuse dépassée. C'est ce double langage, gangrène des rapports sociaux, que traque une caméra DV hyper-mouvante.Ce parti-pris, déstabilisant, ne cherche jamais à séduire le spectateur, mais contribue à mettre en place les conditions d'un mélodrame réaliste. De même, en étirant certaines scènes, ou en instaurant de trop longs silences, Sebastian Lelio prend le risque de perdre son public en route. C'est pourtant de cette manière qu'il parvient à saisir, dans une temporalité inhabituelle, une tension dont l'expérience nous semble familière, plus réelle que cinématographique, et donc proche de la vie. Il lorgne alors clairement du coté du dogme (Festen) ou de Cassavetes, références assumées et revendiquées.Soulignons cependant que le sentiment de liberté, qui éclate à chaque instant, est infirmé sur le long terme. En effet, s'il souhaite faire jaillir une matière inconnue, neuve et imprévisible de sa mise en situation, le réalisateur, également scénariste et monteur, n'est pas dépourvu d'intentions. Ses thèmes (religion, homosexualité, tuer le père...etc.) préexistent au film et l'encadrent immanquablement comme ils lui donnent son sens. Et si les acteurs bougent, c'est donc vainement, enfermés qu'ils sont dans un cadre assez lâche pour faire illusion, mais trop puissant pour espérer en sortir. Comme dans la vie ?La Sagrada Familia
    Réalisé par Sebastian Lelio
    Avec Nestor Cantillana, Sergio Hernandez, Macarena Teke
    Chili, 2006 - 1h39[Illustrations : © Epicentre Films]
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