Toutes les critiques de Happy Birthdead

Les critiques de Première

  1. Première
    par Sylvestre Picard

    La Terre entière -bon, n'exagérons rien, l'ensemble de la critique cinéma- va vous résumer Happy Birthdead comme le mélange de Scream et Un jour sans fin. C'est sans doute comme ça que son scénariste Scott Lobdell (remarqué dans les années 90 pour avoir eu la lourde tâche de succéder au grand Chris Claremont sur les comics X-Men) a vendu son script au producteur Jason Blum, artisan derrière les cartons Get Out et Split, ou encore American Nightmare et Paranormal Activity. Quelque part, Happy Birthdead pourrait symboliser la synthèse entre les deux tendances de la filmo de Blum, le film de genre ambitieux et le moins glorieux. Nous avons donc Tree, une étudiante bitchy, qui se réveille avec une sacrée gueule de bois dans le lit d'un garçon. Le soir même, elle se fait égorger par un tueur affublé d'un masque de bébé. Et elle se réveille le matin de la même journée, condamnée à revivre encore et encore sa mort. Et caetera. Précisons évidemment qu'il s'agit de l'anniversaire de notre héroïne. Voilà : ce pitch convoque donc tous les clichés du serial killer de campus plus la structure du classique d'Harold Ramis, ce qui est une idée de cinéma suffisante, à défaut d'être originale (Triangle de Christopher Smith ou Timecrimes de Nacho Vigalondo l'ont aussi employée intelligemment), pour maintenir un intérêt constant, utilisant avec une parcimonie intelligente ses effets gore.

    Mais à la différence des opus tordus de Smith et Vigalondo, Happy Birthdead ne joue pas le mindfuck : son twist final ne sera pas à la hauteur des explications tortueuses que vous allez inévitablement gamberger tout au long du film. C'est là le plaisir d'Happy Birthdead, beaucoup plus Urban Legend que Scream ; plus série B rigolote façon Hollywood Night que grand slasher chrono-méta. Heureusement, peut-être ? Oui, heureusement : le film ne se sabote pas par excès d'ambition (son réalisateur Christopher Landon a shooté Guide de survie à l'apocalypse zombie avec Tye Sheridan) ni de cool à outrance. Il est mené par une actrice formidable, la jeune Jessica Rothe(surtout vue à la télé, elle faisait une des copines d'Emma Stone dans la séquence "Someone in the Crowd" de La La Land) qu'on ne se lasse pas de voir affronter sa propre mort pour mieux survivre et in fine incarner une véritable transformation physique et mentale. Ce qui est, au fond, l'enjeu réel de ce slasher à l'ancienne et bien troussé : le chemin quoique douloureux est meilleur que la destination. "You can tell me when it's over if the high was worth the pain", chante Taylor Swift dans "Blank Space" : on peut vous dire que dans Happy Birthdead le high (aïe ?) vaut bien la peine.