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Portrait effroyablement juste d'une jeunesse confrontée à la crise, D'amour et d'eau fraiche s'inscrit dans cette veine naturaliste du cinéma d'auteur français qui excelle à capter les états d'âme de ses protagonistes. Même si le scénario est parfois un peu lâche, on reste rivés à Anaïs Demoustier et Pio Marmaï, qui confirment un potentiel qui devraient les mener haut. Très haut.
Toutes les critiques de D'amour et d'eau fraiche
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Dommage que la réalisation soit plate, sans relief, à peine digne d'un téléfilm pour M6, car le scénario, lui, est bon et les comédiens se sont totalement investis.
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« D’amour et d’eau fraîche » est un portrait juste de la jeunesse de 2010 face au chômage, servi par de remarquables acteurs. Une mise en scène inspirée permet à Anaïs Demoustier, sans profession et incomprise de tous, y compris de sa famille, de confirmer qu’elle est bien l’un des plus beaux espoirs féminins du cinéma français.
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Tout à tour radical et pesant lorsqu'il devient trop démonstratif, glauque et poilant, ce scénario épate par son naturalisme et son sens de la petite réplique ordinaire bien envoyée. Avide d'amour et de liberté, le personnage volontaire d'Anaïs Demoustier mène la danse avec brio.
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On pense alors au beau film de Benoît Jacquot, A tout de suite, et à l'affaire Rey-Maupin, fait-divers tragique qui avait conduit en 1994 une fille de bonne famille à attaquer des policiers à main armée, en compagnie de son Clyde Barrow d'extrême gauche. Dans le film de Czajka, l'amour reste sauf : « quand on aime vraiment, on aime toujours. » Même si ce fut un fantasme, Julie Bataille aura eu, au prix fort, un semblant de jeunesse. En ce sens, D'amour et d'eau fraîche, film sobre et désenchanté, fait le portrait sans mélancolie d'une génération sacrifiée.
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Cette cinéaste sait ce qu’elle veut et elle le montre. Tout est ajusté au millimètre dans son film : il est crédible dans ses situations, vrai dans ses dialogues, percutant dans ses seconds rôles (ah! le repas de famille…) et tenu jusqu’à la dernière image par l’alchimie du duo Demoustiers-Marmaï. Inscrivons-les aux prochains César des révélations.
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Cette tentation de l'aventure n'est en rien contradictoire avec le propos du film mais, au lieu de l'ouvrir et de l'épanouir, le pose in extremis sur des rails paradoxalement plus confortables.
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Ils se rencontrent et Isabelle Czajka, la réalisatrice, suit leur périple amoureux avec, en toile de fond, la crise et, au bout du chemin, un embryon de film noir. C'est justement ce mélange des genres qui fonctionne moins - tout y est traité du bout des doigts - et qui laisse D'amour et d'eau fraîche lui aussi en bord de route. Le charme est là mais il est fugace.
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Remarquée en 2006 pour son premier long métrage, L'Année suivante, Léopard de la première œuvre de fiction au festival de Locarno, Isabelle Czajka joue la carte de la chronique sociale sans convaincre tout à fait. De scènes de comédie pointant le cynisme des relations professionnelles et l'incompréhension de la famille en fugue et apprentissage douloureux du jeu avec le feu, la réalisatrice semble plus préoccupée de divertir que de mettre le système social à vif (façon Dardenne) ou d'imposer un regard personnel (façon A bout de souffle).
D'où l'impression d'un téléfilm de qualité, accentuée par un accompagnement musical malencontreux. Confirmant que le cinéma français a trouvé en elle une comédienne en qui on peur compter, Anaïs Demoustier atténue cette déception.
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[Pio Marmaï] permet à cette deuxième partie plus romanesque de fonctionner, même si le ton plus fleur bleue est légèrement moins convaincant. On suit toutefois avec un plaisir constant les mésaventures de ce couple sauvage et libre, avant que ceux-ci ne soient obligés de se conformer à nouveau aux règles établies par une société normative. Mine de rien très engagé dans une révolte contre la société actuelle et ses dérives, D’amour et d’eau fraîche est donc une nouvelle réussite à mettre au crédit d’une réalisatrice qui confirme ici ses réels talents d’écriture. Il lui reste maintenant à affiner sa maîtrise technique, encore aléatoire, pour pleinement nous satisfaire.
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Le « coup » en question, ce n'est pas ce que la réalisatrice réussit le mieux. Elle n'est pas faite, visiblement, pour les scènes d'action, qu'elle expédie d'ailleurs, à la paresseuse. Ce qui l'intéresse, en revanche, c'est de saisir le monde du travail dans la France de maintenant : ces entreprises interchangeables qui prônent « la confiance et la convivialité », mais imposent constamment l'indifférence et l'absurdité. Ce que découvre la petite Julie, en fait, c'est la cruauté d'un monde qui ne veut pas d'elle.
Julie et Ben ne sont pas des héros. La réalisatrice ne les idéalise pas, au demeurant, pas plus qu'elle ne les juge. Mais la tendresse inébranlable de son regard les rend, peu à peu, émouvants. Fragiles dans leur inconscience même. Faits aux pattes avant même d'avoir pu exister.
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Son film, portrait d’une jeune femme en quête d’un emploi fixe, démarre par une peinture mordante du monde du travail, puis s’égare un peu dans le genre du road-movie. Anaïs Demoustier est magnifique d’opacité et de complexité.