À la fois, auteur, dramaturge, producteur, metteur en scène, cinéaste, acteur, scripteur pour la télévision et traducteur adaptateur, Gratien Gélinas est une figure emblématique de la scène culturelle québécoise du XXe siècle.Il est né en Mauricie, plus précisément à Saint Tite, le 8 décembre 1909.Après avoir commencé par suivre des études commerciales à Montréal, qu’il interrompt suite à la crise économique de 1929, Gratien Gélinas découvre le théâtre amateur. Il forme une troupe avec d’anciens condisciples de l’époque du collège. C’est à partir des années 1936-1937 qu’il débute sa carrière de comédien. Il prend ainsi part à un feuilleton radiophonique de Robert Choquette, intitulé Le Curé du village.Et c’est aussi sur les ondes hertziennes qu’il crée le célèbre personnage Fridolin. Le comédien se sert de ce dernier pour aborder et mettre à nu les réalités de la société canadienne francophone. Ironiquement et avec humour, le concept devient rapidement un succès, un véritable phénomène national.Gelas Gratien monte sur scène avec sa création pour la revue annuelle du nom de Fridolinons, qui débute en 1938 pour s’achever en 1946. Les publications de ces revues porteront le titre des Fridolinades. Les représentations de Gélinas font état d’une légèreté bon enfant, rythmées par des chants, de la danse du mime…mais n’en demeurent pas moins engagées. Que ce soit la misère, la guerre ou l’argent et le pouvoir, l’artiste n’hésite pas à traiter de manière caustique des sujets et des fléaux qui minent son entourage national.En 1942, Gratien Gelas crée l’évènement, après avoir monté une compagnie de cinéma du nom de Excelsior, il réalise la première fiction parlée et en couleur du Canada, La Dame aux camélias. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le créateur toujours très inspiré se lance dans la création d’un autre personnage en mettant Fridolin au placard. Ainsi, en 1948, le public découvre Ti-Coq (nom du personnage) au théâtre du Monument National. La pièce présentée en trois actes rencontre un énorme succès. C’est l’histoire d’un orphelin amoureux d’une fille faisant partie de sa famille d’accueil, et qui doit par la suite partir en guerre en promettant à sa bien-aimée de revenir pour elle…mais celle-ci ne l’attendra pas.L’œuvre sera jouée à plus de 600 reprises, jusqu’aux États-Unis et sera adaptée au cinéma.En 1956, on peut le voir à l’écran dans le rôle du Dr Caius, pour le film The Merry Wives of Windsor ainsi que dans celui de Charles VI dans Henri V.La même année, il achète l’ancien local du Théâtre Gayety, pour en faire le siège de la Comédie Canadienne. Structure qu’il créé en vue de valoriser le théâtre et le cinéma canadien.Gratien Gélinas continue son parcours d’éclaireur. En 1959, il revient avec une nouvelle création, sa deuxième, Bousille et les justes. Histoire très émouvante d’un petit orphelin maltraité par une famille perverse d’entrepreneurs. Encore une fois, l’auteur frappe dans le mille, c’est un succès total, qui va être représenté plus de 700 fois de par le monde.Suivront par la suite Hier, les enfants dansaient en 1966, La passion de Narcisse Mondoux en 1987. Pièces qui restent collées à la réalité sociale canadienne.En 1969, il est nommé au sein du gouvernement fédéral en tant que président de la toute nouvelle Société de développement de l’industrie cinématographique canadienne. Il va rester à ce poste pendant neuf années. Marié à Huguette Oligny en 1973, il décède le 16 mars 1999 au Canada. Laissant derrière lui une œuvre aussi grande que diverse.