Eva Longoria : "Un homme blanc peut réaliser un flop à 200 millions et recommencer, pas moi"
Abaca

La réalisatrice de Flamin' Hot raconte ses difficultés à mener à bien ce projet sur la fabrication d'une célèbre marque de chips.

Eva Longoria était à Cannes cette semaine pour participer à une discussion sur la place des femmes dans le cinéma, la Women in Motion. Accompagnée par la professeur Stacy L. Smith, elle a raconté avoir connu certaines difficultés en voulant mettre en scène Flamin' Hot, un film consacré à la fabrication de chips épicée qui sont très populaires aux Etats-Unis. Présenté en avant-première au festival SXSW cette année, il a reçu un prix du public.

Avec ce projet, la star de Desperate Housewives réalise son premier long métrage, et elle dit avoir "ressenti le poids" de sa communauté lors de sa création. A savoir les latino-américains. Ainsi que "le poids d'être une femme réalisatrice". Expliquant avoir dû batailler pour obtenir une paye correcte, plus un budget conséquent, elle s'exprime ensuite longuement sur cette expérience.

Eva Longoria : "Un homme blanc peut réaliser un flop à 200 millions et recommencer, pas moi"
Abaca

"On n'a pas vraiment le droit à une part du gâteau en tant que femme. Finalement, mon film n'a pas été conçu avec un petit budget : on était loin des 100 millions de dollars, mais ce n'était pas non plus un film à 2 millions. Mais à quand remonte le dernier blockbuster réalisé par une personne d'origine sud-américaine ? C'était il y a 20 ans. On ne peut pas avoir seulement un film tous les 20 ans.

(…)

Le problème, c'est que si mon film se plante, à Hollywood ils se diront : 'Oh, les histoires de latinos, ça ne marche pas... et les réalisatrices ne savent pas y faire.' Alors qu'on n'a pas vraiment le droit à une seconde chance. Un homme blanc peut réaliser un flop à 200 millions et recommencer, pas moi. C'est ça le problème. J'aurai une seule chance d'y arriver, et donc je devrais travailler deux fois plus, deux fois plus vite, et pour deux fois moins cher.

(…) Vous savez, on porte les traumas de notre génération quand on fait un film. Pour moi en tout cas, c'était déterminant, cela m'a nourri.

(…) La manière dont on mesure un succès est aussi importante. On entend dire : 'On a doublé le nombre de femmes derrière la caméra.' D'accord, si on est passé de une à deux réalisatrices, techniquement on l'a fait, mais vous avez au final seulement embauché deux femmes ! Alors la manière de mesurer un succès est cruciale (pour que ça change). La clause d'inclusion (qu'elle a respecté pour son film, et qui lui a imposé une certaine représentation de la société américaine devant et derrière la caméra, en embauchant des artistes de tout sexe, de différentes origines ou porteurs de handicaps, ndlr), c'est en train de devenir une manière de mesurer si un film va dans le bon sens. C'est super, ça permet d'applaudir ceux qui font en sorte de faire mieux.

(…)

28% des tickets de cinéma américains sont achetés par des spectateurs latinos (aux USA, les exploitants de salles peuvent établir des statistiques ethniques pour savoir auprès de quel public les films marchent le mieux, ndlr). Votre film ne marchera pas si vous n'arrivez pas à convaincre les spectateurs latinos. Vous savez combien de gens de notre communauté ont vu Crazy Rich Asians ? Et combien se ruent dans les salles pour Fast and Furious ? On va beaucoup au cinéma, donc pourquoi n'y aurait-il pas des films qui s'adressent à nous directement ? En tant que spectateurs, qui payent leur ticket de cinéma ? Pour moi, c'est un honneur d'avoir un certain pouvoir en tant que spectatrice. On peut dire : 'Si vous ne vous adressez pas à nous, on n'achètera plus de billets pour vos films.'"

Eva Longoria a vécu un cauchemar sur le tournage de Desperate Housewives