DR

Le réalisateur s'explique longuement dans une interview.

"Depuis la semaine dernière, je suis stupéfait, et j’ai le cœur brisé par les révélations concernant Harvey Weinstein, mon ami depuis 25 ans. J’ai besoin de quelques jours pour digérer ma peine, mes émotions, ma colère, et ma mémoire. Je parlerai ensuite publiquement à ce propos", faisait dernièrement savoir Quentin Tarantino, quelques jours après les débuts de l'affaire Weinstein. Le réalisateur, très proche du puissant producteur, a finalement décidé de prendre la parole dans une interview d'une heure accordée au New York Times. Sans détour, Tarantino admet qu'il savait et qu'il n'a pas tenté de stopper Weinstein : "J'en savais assez pour réagir plus que je ne l'ai fait", assure-t-il, évoquant de nombreux incidents avec des actrices de premier plan. "C'était plus que des rumeurs, les commérages classiques. Il ne s'agissait pas de témoignages de seconde main. Je savais qu'il avait fait plusieurs de ces choses (…) J'aimerais avoir agi de manière responsable après ce que j'ai entendu. Pour faire ce que j'aurais dû faire à l'époque, il aurait fallu que je ne travaille pas avec lui".

Rose McGowan ne laisse plus de place au doute : "Harvey Weinstein m'a violée"

Quentin Tarantino et Harvey Weinstein collaboraient ensemble depuis 1992 et Reservoir Dogs. Ont suivi Pulp Fiction, Kill Bill, Inglourious Basterds et Les Huit Salopards. Le New York Times écrit que Quentin Tarantino savait pour Weinstein "bien avant les articles". Son ancienne petite amie, Mira Sorvino, lui aurait à l'époque parlé d'avances totalement déplacées : un massage non désiré, une course-poursuite dans une chambre d'hôtel et une visite chez elle au beau milieu de la nuit. "J'étais choqué et consterné. Je ne pouvais pas croire qu'il fasse ça si ouvertement (…) Mais j'ai pensé, à l'époque, qu'il était particulèrement accro à Mira", explique Tarantino. Une autre actrice se serait également confiée à lui des années plus tard et il savait que Rose McGowan avait signé un accord avec le producteur.

"J'ai marginalisé les incidents", se souvient-il. "Tout ce que je pourrais dire maintenant aurait l'air d'une excuse merdique (…) Ceux qui étaient proches d'Harvey avaient entendu parler d'au moins une de ces histoires" décrites dans les premiers articles sur le producteur. "C'était impossible qu'il ne sachent pas". Il appelle les "autres mecs" qui savaient à parler et à ne "pas avoir peur".

Quand nos confères lui demandent s'il pense que tout cela changera la vision que le public a de son propre travail de réalisateur, il fait une pause : "Je ne sais pas. J'espère que non".