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Sam Raimi, Peter Jackson, James Wan : les cinéastes revenus de l'horreur

Les cinéastes revenus de l'horreur

Avant même que ses deux films de fantômes Conjuring et Insidious 2 soient des cartons au box-office (à deux mois d'intervalle !), le réalisateur James Wan a été engagé par Universal pour mettre en boîte Fast and Furious 7, pré programmé pour être l'un des gros événements au box-office de 2014.Qui aurait pu croire que le réalisateur de Saw et Dead Silence se retrouve un jour à la tête d'un blockbuster rutilant ? Son cas n'est pas isolé.Retour sur les réalisateurs venus des films d'horreur saignants désormais définitivement passés du côté du mainstream.<strong><strong><strong>Elodie Bardinet</strong> et Sylvestre Picard</strong></strong>

James Wan

<strong>Avant</strong> : Passionné de cinéma depuis toujours, James Wan est révélé à seulement 27 ans grâce à son torture porn Saw, film d?horreur tordu, sanglant et fauché qui devient une juteuse saga. Quatre ans avant, il avait mis en scène <em>Stygian</em>, déjà un projet horrifique, inspiré des Enfers de la mythologie grecque mais passé inaperçu. En 2011, il surprend les amateurs d?horreur avec Insidious. A coup de portes qui claquent, d?apparitions furtives et de créatures flippantes, le réalisateur veut faire sursauter le public « à l?ancienne ».  Et c'est encore un carton. Alors que sort Conjuring dans la même veine peu de temps avant Insidious 2, le petit prodige de l'horreur déclare qu'il en avait fini avec le genre. Son prochain projet ? Fast and Furious 7.<strong>Ce qu'il en reste(ra)</strong> : Le goût du sang ? <em>Death Sentence</em>, sorti en 2007, s?éloignait de l?horreur pour filmer la vengeance d?un père de famille - mais une vengeance sanglante. Et l'efficacité : avec des pitchs simples et efficaces, il a su rapporté beaucoup d'argent.

Joel et Ethan Coen

<strong>Avant</strong> : En 1981, Sam Raimi embauche Joel Coen en tant qu'assistant monteur sur le très gore Evil Dead : la même année, Joel alors tout frais sorti de la fac de cinéma avait déjà monté le film satanique très bis <em>Fear No Evil</em>. Avec son frère Ethan, il réalise le polar sanglant Sang pour sang, puis ils signent le script de Mort sur le grill pour Raimi. Déjà les Coen sont loin du genre horrifique.<strong>Après</strong> : La comédie Arizona Junior (1987) et le film de gangsters luxueux Miller's Crossing (1990) les font définitivement passer du côté des réals de luxe. <strong>Ce qu'il en reste</strong> : L'humour noir. Les films des frères Coen sont souvent ponctuées de saillies violentes d'autant plus efficaces qu'elles sont rares et/ou traitées sur le mode humour noir (le doigt de pied dans The Big Lebowski, la fracture ouverte dans No Country for Old Men...).

Peter Jackson

<strong>Avant</strong> : Dingo de cinéma fou de Ray Harryhausen quasiment né avec une caméra 8mm familiale dans les mains, Jackson réalise sur quatre ans (1983-1987) Bad Taste avec ses potes, en prenant sur ses week-ends : une invasion d'aliens cannibales dans une ambiance trash. Le budget est tellement limité qu'à un moment Jackson (qui joue deux rôles dans le film) se combat lui-même. Le film est remarqué, projeté à Cannes... Après les <em>Feebles</em> (un Muppet Show version dégueu) en 1989, Jackson cartonne en 1992 avec Brain Dead, film de zombies hyper gore et bourré d'humour slapstick qui rappelle <em>Evil Dead 2</em> (tiens tiens !).<strong>Après</strong> : Son quatrième film est un changement radical de direction. Créatures célestes (1994) avec Kate Winslet raconte l'amour fou jusqu'au meurtre de deux jeunes filles. Jackson perd son image de maniaque trash et devient un Auteur. Passé à Hollywood avec la comédie fantastique Fantômes contre fantômes (1996), il connaît un gros échec commercial. Il reviendra cinq ans plus tard avec la trilogie du <em>Seigneur des Anneaux</em>...<strong>Ce qu'il en reste</strong> : un autre malentendu. Au fond, Jackson veut être comme Raimi un réalisateur de films épiques à très grande échelle. La preuve : lorsque l'énorme succès du <em>Seigneur des anneaux</em> lui laisse le choix de son prochain film, il n'hésite pas et signe un remake à très grand spectacle de <em>King Kong</em>. Revenant à une échelle plus intimiste avec The Lovely Bones, film de fantômes 70's, il essuie un échec au box-office. Et il repart pour la Terre du Milieu avec la nouvelle trilogie du <em>Hobbit</em>.

Zack Snyder

<strong>Avant</strong> : Formé à la prestigieuse école de design de Pasadena, Snyder commence par être directeur de la photo puis réalisateur de pubs. En 2004, il signe L'Armée des morts, remake de <em>L'Aube des morts-vivants</em> (1978) de George A. Romero. Et livre un film de zombies brutal et violent, se nourrissant principalement au cinéma d'action du genre des prods Simpson/Bruckheimer.<strong>Après</strong> : Le gros carton du film lui permet de signer 300, néo-péplum numérique qui remporte un énorme succès et instaure pour de bon le style Snyder : ralentis travaillés, sujets geeks et violence stylisée. Ses films suivants Watchmen (2009) et La Légende des gardiens (2010) sont des demi-succès. Warner n'oublie pas le carton de <em>300 :</em> Snyder remporte en octobre 2010 le fauteuil de réalisateur de Man of Steel, le reboot de la franchise Superman. Succès en juin dernier : le voilà reparti dans le mainstream avec la suite, Superman Vs Batman.<strong>Ce qu'il en reste</strong> : Le goût de la violence. Les fans américains n'ont toujours pas digéré (Attention, SPOILERS) le fait que Superman brise la nuque du général Zod à la fin de <em>Man of Steel</em>.

David Cronenberg

<strong>Avant</strong> : Toute la première partie de la carrière de Cronenberg crie son obsession pour le corps et ses déviances à travers le genre horrifique. Frissons (1975) et ses parasites qui rendent nympho, <em>Rage</em> (1977) et son héroïne doté d'un phallus tueur, Chromosome 3 (1979) et ses enfants mutants, Scanners (1981) et ses télépathes tueurs, la SF cybertrash de Videodrome (1983), le très gore remake de <em>La Mouche</em> (1986).<strong>Après</strong> : En 1988, Faux-semblants raconte l'obsession perverse de deux gynéco jumeaux (Jeremy Irons) pour la même femme, avec très peu de gore. A partir de là Cronenberg devient un auteur intello aux ambitions très fortes : il adapte l'inadaptable, avec Le Festin nu d'après Burroughs et Crash d'après JG Ballard. Il ne reviendra frontalement au genre que le temps d'eXistenZ (1998), conte cyberpunk dans la veine de <em>Videodrome</em>. Ses rencontres avec Viggo Mortensen donnent des drames glacés - A History of Violence, Les Promesses de l'ombre, A Dangerous Method.<strong>Ce qu'il en reste</strong> : Les obsessions. A chaque nouveau film de Cronenberg on traque sans relâche les derniers signaux gore / SF qu'il sème par-ci par-là, toujours autour du corps (la baston et les tatouages des Promesses de l'ombre, le cul obsédé de <em>A Dangerous Method</em>...). Avec le mal-aimé Cosmopolis (huis-clos écrasant dans la limousine d'un millionnaire), David a une nouvelle idole : Robert Pattinson. Il mettra de nouveau la star de <em>Twilight</em> à l'épreuve dans leur prochain film <em>Map to the Stars</em> qui explore les dysfonctionnements d'une famille de tarés.

Sam Raimi

<strong>Avant :</strong> A l'origine <strong>Sam Raimi</strong> est étranger au monde du film d'horreur. Ses courts-métrages de jeuness avec son grand pote <strong>Bruce Campbell</strong> embrassent tous les genres, de la comédie au polar. Après avoir découvert les films fantastiques, il signe le court d'horreur <em>Withih The Woods</em> en 1978 afin d'attirer l'attention de producteurs sur son nom et de réaliser des film plus ambitieux. Le succès de <em>Within the Woods</em> le pousse à réaliser la version longue du court : <strong>Evil Dead</strong>, film ultra gore encensé par <strong>Stephen King</strong> himself. <strong>Après :</strong> Raimi peut alors réaliser la comédie noire Mort sur le gril (1985), film de studio accouché dans la douleur et qui fit un bide au box-office. Il signa ensuite la suite/remake Evil Dead 2 (1987), puis son premier film de super-héros, Darkman (1990). Puis L'Armée des ténèbres (1992), troisième <em>Evil Dead</em>. Raimi a signé un western (Mort ou vif), un film fantastique (Intuitions), un film sur le base-ball (Pour l'amour du jeu), un polar à la Coen (Un plan simple), etc...<strong>Ce qu'il en reste :</strong> un malentendu. Dans toute la filmo de <strong>Sam Raimi</strong>, seulement 4 films d'horreur (la trilogie Evil Dead, plus Jusqu'en enfer) sur 14 longs-métrages... Pas terrible pour un réal classé "horrifique". En fait, Raimi rêvait depuis toujours de signer des grands divertissements de luxe. Ce qu'il finit par faire avec la trilogie Spider-Man, puis Le Monde fantastique d'Oz, produit par Disney  et très gros succès au box-office.

Avant même que ses deux films de fantômes Conjuring et Insidious 2 soient des cartons au box-office (à deux mois d'intervalle !), le réalisateur James Wan a été engagé par Universal pour mettre en boîte Fast and Furious 7, pré programmé pour être l'un des gros événements au box-office de 2014.Qui aurait pu croire que le réalisateur de Saw et Dead Silence se retrouve un jour à la tête d'un blockbuster rutilant ? Son cas n'est pas isolé.Retour sur les réalisateurs venus des films d'horreur saignants désormais définitivement passés du côté du mainstream.Elodie Bardinet et Sylvestre Picard