KMBO / The Walt Disney Company France / Bac Films

Ce qu’il faut voir cette semaine.

L’ÉVENEMENT
 

STAR WARS : LES DERNIERS JEDI ★★★★☆ 
De Rian Johnson

L’essentiel
Spectaculaire et impressionnant par son sens du drame, l'Episode 8 de Star Wars tient toutes ses promesses.

Une fois les lumières rallumées, une fois qu'on reprend notre souffle, on réalise que siLes Derniers Jedi surprend, c'est par son ampleur impressionnante : long de plus de 2h30, il s'articule entre plusieurs gros actes, avec une telle succession de climax dans son dernier tiers que Les Derniers Jedi finit par ressembler à un film de James Cameron (cf. les triple climax d'Aliens ou Terminator 2). Pas à un film flashy de décorateur. Au fond, malgré un catalogue de bestioles très satisfaisant et qui utilise beaucoup les techniques d'animatroniques, Johnson vise l'épure. 
Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A ADORÉ

LES BIENHEUREUX ★★★★☆
De Sophie Djama

Ce remarquable premier long métrage autopsie avec un peu de distance (l’action se passe en 2008), la société algérienne en train de panser les plaies de la guerre civile. Comme dans les films de Robert Guédiguian, tout passe par des dialogues, assez politisés, entre plusieurs personnages de différentes générations : il y a Amal et Amir, couple qui fête ses 20 ans de mariage dans une atmosphère électrique ; leur fils insolent, Fahim, qui traîne un spleen inavoué entouré de ses amis, le “punk religieux” Reda et la joyeuse Feriel. Au cours de 24 heures mouvementées, ils vont appréhender la difficulté d’avancer dans un pays où règne une omerta généralisée sur les événements passés… C’est un film bavard sur la difficulté de communiquer, où les choses graves sont expectorées brutalement, sans prévenir. Sophie Djama procède par des ruptures de ton qui donnent sa couleur mélancolique aux Bienheureux, traversé de longues plages d’errance dans un Alger très peu vivant, comme figé dans le temps. Puissant.
Christophe Narbonne

 

PREMIÈRE A AIMÉ
 

LUCKY ★★★☆☆
De John Carroll Lynch

Tout au long de Lucky, il est question d’une tortue centenaire, propriété d’un gentleman excentrique interprété par David Lynch, qui, après plusieurs décennies paisibles passées aux côtés de son maître, a profité que la barrière du jardin soit ouverte pour foutre le camp. L’analogie est suffisamment appuyée pour qu’il n’échappe à personne que cet animal tenté de prendre la poudre d’escampette est une âme sœur de Harry Dean Stanton lui-même.
Frédéric Foubert

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MARIA BY CALLAS ★★★☆☆
De Tom Volf

Pour commémorer les 40 ans de la disparition de Maria Callas, le photographe Tom Volf a vu les choses en grand. En proposant tout à la fois une expo à la Seine Musicale (dont les portes vont se fermer ce 14 décembre) et ce documentaire passionnant qui porte parfaitement son titre. Puisque la diva s’y raconte à travers un montage des innombrables interviews qu’elle a accordées, de ses prestations sur scène et de lettres envoyées à ses amies pour raconter ses joies, ses blessures et ses souffrances. Ces dernières sont lues par Fanny Ardant qui fut l’interprète de la Callas sous la direction de Franco Zeffirelli en 2002. A la toute première, on pense à la fausse bonne idée type tant on entend bien plus la voix de la comédienne que les mots de la Callas. Et puis, plus le film avance, plus la comédienne disparaît derrière la prose sensible de cette femme au destin hors norme tant dans son art que dans ses amours tumultueuses. Celle où elle décrit comment elle apprend par la presse le mariage de Jackie Kennedy avec Aristote Onassis, l’armateur grec qui partageait alors sa vie, se révèle tout particulièrement bouleversante. Si les passionnés de la Callas n’apprendront rien de fondamental sur sa vie, ils devraient cependant partager avec les profanes un réel plaisir devant ce remarquable travail d’archives et la façon dont Volf et son équipe ont su les retravailler et les agencer pour signer cet hommage qui se savoure, yeux et oreilles grands ouverts.
Thierry Cheze

SOLEIL BATTANT ★★★☆☆
De Clara et Laura Laperrousaz

Une famille sous le soleil écrasant du Portugal. Jeux enfantins, corps sensuels… Tout semble aller pour le mieux sauf qu’un terrible secret va progressivement remonter à la surface et chambouler l’harmonie apparente. De ce secret (qu’on apprend assez vite, et brutalement) nous ne vous dévoilerons rien même si les sœurs Laperrousaz en font la raison d’être de leur premier long métrage, qui questionne le deuil et la résilience à travers, c’est son originalité, le prisme de l’enfance. Les véritables héroïnes du film sont en effet deux petites jumelles (comme les réalisatrices) qui vont devoir grandir à l’ombre d’un funeste tabou familial. Joliment elliptique, Soleil battant aligne ses vignettes impressionnistes avec presque trop d’évidence, la catharsis finale s’en trouvant quelque peu atténuée.
Christophe Narbonne

L’INTRUSA ★★★☆☆
De Leonardo di Costanzo

Banlieue de Naples. Une bicoque au milieu d’un centre pour enfants défavorisés. A l’intérieur, la femme d’un mafioso avec ses deux enfants. Giovanna (Raffaella Giordano impériale) qui s’occupe dudit centre, se demande bien quoi faire de ces locataires plutôt encombrants. L’intrusa sonde la violence indirecte engendrée par l’univers mafieux et ses victimes collatérales. Ici en l’occurrence, une mère et ses rejetons obligés de vivre cachés et silencieux en attendant que « leurs » bandits règlent leurs sales entreprises. Le va-et-vient des voitures aux vitres teintées et les fantasmes qu’elles suscitent, rend compte de cette impossible pesanteur dans un univers à priori préservé des menaces extérieures. La caméra de Leonardo di Costanzo reste à l’écart de ces « gens-là », les observent à distance pour mieux tisser ce lien invisible qui relie ceux qui sont tenus à l’écart d’un monde qui pourtant les fascine. En cela, L’intrusa est un faux film de mafia qui se joue des regards que l’on pose sur lui. Le crime hors champ, ne pouvant, on le sait, exister dans l’espace confiné de ce drame. Le film sépare si bien les choses que ce qu’il gagne en tension, il le perd un peu en rythme. On ne peut pas tout avoir.
Thomas Baurez

DROLES DE PETITES BETES ★★★☆☆
D’Antoon Krings et Arnaud Buron

Voilà un peu plus de 20 ans, le belge Antoon Krings créait Drôles de petites bêtes, devenu au fil des albums (plus de 60 à ce jour) une collection qui fait référence dans l’univers de la littérature enfantine. Déjà portée sur le petit écran à travers une série animée, elle connaît sa toute première vie au cinéma, sous la direction de son créateur. Une très jolie réussite par la qualité graphique de son animation. Mais aussi et surtout par son récit qui ne confond jamais simplicité et simplisme. Soit les aventures d’Apollon le grillon, artiste vagabond complice bien malgré lui d’un complot fomenté par la guêpe Huguette, assoiffée de pouvoir, pour écarter du trône sa cousine Marguerite, la Reine des abeilles. Krings et son complice Arnaud Buron savent donner du rythme à ce récit et y développer une double lecture sociale et écolo dans la description de cette ruche où le pollen se fait de plus en plus rare. Car Drôles de petites bêtes dénonce habilement travailleurs aliénés (les ouvrières dans la ruche) et surexploitation dangereuse de ressources naturelles dans un monde qui semble sourd à ces deux problématiques. Le tout sans jamais quitter la route joyeuse du divertissement. Il y a du La Fontaine chez Krings.
Thierry Cheze

MARIANA (LOS PERROS) ★★★☆☆
De Marcela Said

Après L’été des poissons volants, son formidable premier long métrage sur le sort injuste réservé aux indiens Mapuche, la chilienne Marcela Said continue son exploration des tabous nationaux. Elle brosse ici le portrait d’une quadragénaire malheureuse en mariage qui s’éprend de son prof d’équitation, un ex-colonel repentant. Et cette aventure de rejaillir sur la propre histoire familiale de l’héroïne… Avec un sens de l’ellipse bienvenu, Said dresse le constat effroyable de la reproduction du mal dans un environnement où tout est pourtant fait pour l’empêcher.
Christophe Narbonne

L’USINE DE RIEN ★★★☆☆
De Pedro Pinho

Ne vous laissez pas effrayer par sa durée : ses 2h57 qui, inévitablement, donnent ça et là quelques coups de mou dans le récit mais sans en endommager la puissance. Car L’usine de rien constitue vraiment un geste cinématographique à part. A l’image de Charlotte Pouch et son formidable et récent Des bobines et des hommes, le portugais Pedro Pinho raconte la réaction d’ouvriers à l’annonce brutale de leurs licenciements qui vont décider d’occuper leur usine puis d’en prendre les rênes et d’imaginer de nouvelles façons de travailler. Sauf que, contrairement aux premières apparences, L’usine de rien n’est pas un documentaire. Car si ses protagonistes ont bien vécu une grande partie de ce qu’on voit à l’écran, ils rejouent ces jours douloureux au cœur d’une fiction aux accents de vérité déchirants. Comme un exorcisme sous le regard d’un cinéaste qui fait corps avec eux. Qui ne cherche jamais, avec condescendance, à les caresser dans le sens du poil : L’usine de rien pointe les dilemmes de beaucoup, entre leur intérêt personnel et celui du collectif. Mais qui les emmène dans un voyage en cinéma où soudain surgissent à l’écran un moment de comédie musicale ou une échappée irréelle dans un marécage peuplé d’autruches. A l’écran, on ne sait donc jamais ou presque à quoi s’attendre. Pinho et ses complices nous embarquent dans un mix parfait entre réalisme et baroque. L’art de parler d’emploi en faisant fi de tout mode d’emploi.
Thierry Cheze

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

LA FIANCÉE DU DÉSERT ★★☆☆☆
De Cecilia Atan et Valeria Pivato

Rappelons-nous au bon souvenir d’Aurore de Blandine Lenoir qui faisait d’une quinqua (Agnès Jaoui en l’occurrence), une héroïne désirante et désirée, cassant un peu la routine d’un cinéma volontiers sexiste dès qu’il s’agit d’envisager une femme autrement que dans la fleur de l’âge. Cette Fiancée du désert de Cecilia Atan et Valeria Pivato, lui ressemble un peu. On suit une femme de 54 ans en plein désert affectif (la pimpante Paulina Garcia) qui va retrouver matière à s’épanouir après sa rencontre avec un homme tout aussi mûr (le faussement bourru Claudio Rissi) L’idylle qui avance sur des œufs (et du coup oublie de sortir de sa coquille !) est censée s’épanouir au grand air, le longs des interminables routes au milieu de la pampa argentine, cadre (sur)signifiant de cette romance. C’est mignon, à défaut d’être emballant. Aurore avait bien plus d’allure.
Thomas Baurez

PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ

LE CRIME DE L’ORIENT-EXPRESS ★☆☆☆☆
De Kenneth Branagh

Ils sont venus ils sont tous là : Johnny Depp, Penelope Cruz, Michelle Pfeiffer, Judi Dench, Willem Dafoe, Daisy Ridley… Comme 43 ans plus tôt, Lauren Bacall, Sean Connery, Jean-Pierre Cassel, Ingrid Bergman, Richard Widmark ou Anthony Perkins avaient répondu présent devant la caméra de Sidney Lumet. Réunir une pléiade de stars semble un passage obligé dès qu’on souhaite porter à l’écran ce célèbre roman publié en 1934 par Agatha Christie. Il faut que ça brille ! Et c’est hélas la même logique qui semble avoir prévalu dans la tête de Kenneth Branagh.
Thierry Cheze

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CLOSET MONSTER ★☆☆☆☆
De Stephen Dunn

Oscar, alors enfant, se voit prédire par une camarade de classe qu’il sera gay avant d’assister à une agression violente sur un homosexuel. Son destin est tracé comme celui du film qui déroule mécaniquement son récit initiatique à base de hamster qui parle (la conscience du héros, vieux truc) et de visions cronenbergiennes incongrues. Ratage.
Christophe Narbonne

 

Et aussi
Pour quelques barres de chocolat de Vanessa Gauthier
La deuxième étoile de Lucien Jean-Baptiste
Girls trip de Malcolm D. Lee
Enseignez à vivre ! Edgar Morin et l’éducation innovante d’Abraham Ségal

 

Reprises
Billy elliot de Stephen Daldry
Un Américain à Paris de Vincente Minnelli