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Les créateurs de la version cinéma de Resident Evil racontent l'histoire épique de la franchise au micro de Première.

Actualité du 28 novembre 2018 : nous apprenons la mort du producteur Samuel Hadida, que nous avions interviewé pour retracer la création des films Resident Evil

Actualité du 20 janvier 2017 : Resident Evil : Chapitre final, qui sort aujourd'hui en salles françaises, marque la fin de la franchise d'horreur/action adaptée des jeux vidéo éponymes, et menée par Milla Jovovich (avant un reboot et/ou une série télé). C'est l'occasion de raconter la seule et unique série d'action-avec-des-zombies-et-une-héroïne, par ceux et celle qui l'ont faite. Une version de cette oral story se trouve dans le dernier numéro de Première, actuellement en kiosques, avec une tonne d'images inédites de la saga.

Par François Léger et Sylvestre Picard

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Milla Jovovich, star flingueuse de la série.
Paul W.S. Anderson, mari de Milla, réalisateur de quatre films Resident Evil et scénariste de la franchise.
Samuel Hadida, producteur et président de Metropolitan Films.
Glen MacPherson, directeur de la photographie d'Afterlife, Retribution, et du Chapitre final.
Martin Moszkowicz, producteur et président de Constantin Films.
Alexander Witt, réalisateur de Resident Evil : Apocalypse.
Dennis Berardi, superviseur des effets visuels.
Jeremy Bolt, producteur et président d'Impact Films, meilleur ami de Paul.

Resident Evil (2002)

 


 

PAUL ANDERSON : Après Event Horizon, j’ai fait Soldier, un gros film de studio. C'était en 1998. Je n’ai pas vraiment aimé le manque de contrôle créatif : on tournait dans les studios de Warner Bros, je n’ai jamais vraiment connu le budget du film… Puis j’ai fait un petit téléfilm et je me suis mis à la recherche de mon prochain long-métrage. En parallèle, comme je suis fan de jeux vidéo, j’ai disparu dans mon appartement d’Hollywood pour me faire les deux premiers jeux Resident Evil à la suite. Mes amis étaient un peu inquiets. Je laissais le téléphone sonner, je ne rappelais personne. Au bout de deux semaines, j’ai émergé avec les yeux rouges à force de regarder l’écran. "C’est incroyable ! Il faut adapter ces jeux au cinéma !".

JEREMY BOLT : Paul et moi, on vient du Nord de l'Angleterre, de Newcastle. C'est là d'où il tient son goût pour le post-apo. Le wasteland du Nord industriel... Sa femme et sa sœur étaient des femmes fortes aussi, ça l'a inspiré pour ses personnages. On a grandi tous les deux sous Thatcher. Et Thatcher, c'est la plus badass de toutes. Voilà, la franchise Resident Evil vient de là : de l'Angleterre de Thatcher. Moi, mon premier boulot, c'était d'être assistant du producteur de Ken Russell sur le film d'horreur Le Repaire du ver blanc (1988). Je faisais le café et plein de photocopies. Le sens de la mise en scène de Russell était grandiose. Mais au fond il était surtout doué pour composer avec un budget minuscule.

PAUL ANDERSON : Mon premier film, Shopping (1994), avec Jude Law, s’est fait cartonner en Angleterre. J’ai par exemple lu que Jude Law est trop beau pour être acteur (rires). Il était inconnu à l’époque. Comment c’est possible d’écrire ça ? Je crois que film était trop stylisé. J’ai lu aussi que le film n’était qu’une orgie de destruction. Je me suis dit : "Wow, c’est pas mal avec un tout petit budget d’arriver à faire une orgie de destruction". On a fini par le mettre sur l’affiche ! Il y avait un autre critique qui avait détesté le film et qui disait que "Paul Anderson n’est rien d’autre que le Luc Besson britannique". Et il pensait que c’était une insulte ! J’adorerais être aimé de la critique. Mais est-ce que ça m’empêche de dormir la nuit ? Absolument pas. 

 


 

SAMUEL HADIDA : Je suis pas un fan de jeux vidéo. Mais mon fils Laurent passait ses nuits dessus, vers 2000, il m’a montré Resident Evil. Je suis un grand fan de Romero, j'ai produit Sam Raimi. Il me faisait découvrir un jeu inspiré de Romero... Ça a fait tilt. Ça avait le même effet sur les jeunes que les films de Romero, qu’ils ne connaissaient même pas. Il y avait un potentiel. Je me suis renseigné et j’ai vu que c'est Constantin qui avait les droits. Je les ai contacté : ils m’ont dit qu'ils les avaient depuis un an et qu'ils avaient demandé à Romero de faire un script qui ne les satisfaisait pas. Effectivement, il avait écrit un film de zombie à la Romero, pas une adaptation du jeu. Les droits expiraient dans trois mois. Constantin était prêt à lâcher l'affaire, trop cher pour eux. J’ai appelé Capcom pour récupérer les droits, ils n’étaient plus tellement motivés. J’ai rappelé Constantin et j'ai proposé de partager le budget entre nous pour limiter les risques : 50/50 sur les trente millions de dollars de budget. Quinze millions chacun. Ils étaient OK.

MARTIN MOSZKOWICZ : Les droits ont coûté très cher à acquérir. On était contents que Samuel nous rejoigne. On avait aimé Shopping de Paul Anderson. On avait un deal avec lui, on développait l'adaptation de Terminus les étoiles (The Stars My Destination), d'après le roman d'Alfred Bester (NDLR : une sorte de Comte de Monte-Cristo dans l'espace). Paul a proposé d'en faire un film d'action avec une héroïne forte. C'était avant Tomb Raider ou Underworld.

PAUL ANDERSON : Je n’ai pas lu le script de George Romero. Comme les producteurs n’en voulaient pas, à quoi bon ? J’avais ma vision.

SAMUEL HADIDA : On cherchait un nouveau scénariste à la place de Romero. J'étais en train de produire Le Pacte des loups. J’ai parlé avec Christophe Gans, qui était fan du jeu, et il m’a dit qu'il était d’accord pour le réaliser. Pendant ce temps, Constantin venait de signer un deal avec Impact, le studio de Jeremy Bolt et Paul Anderson. Paul avait déjà fait Mortal Kombat et commençait à développer un script sur Resident Evil. Je l’ai proposé à Christophe, qui avait la même idée de départ : faire un film d'action avec des zombies qui raconte l'origine du virus et d’Umbrella. Il ne restait plus que six mois avant la fin des droits, il fallait avancer vite. Mais Le Pacte des loups prenait trop de temps à finir, Christophe n'aurait pas pu le tourner assez vite. Alors Paul a pris la place de réalisateur.

PAUL ANDERSON : J’ai appris que les droits avaient été achetés par Samuel Hadida et Constantin Films, avec qui j’avais un contrat. Je leur ai pitché mon idée, ils ont adoré. 

SAMUEL HADIDA : Il fallait maintenant qu'on trouve une héroïne. Milla avait fait Le Cinquième élément, elle était parfaite. Une femme forte. Sur la liste on avait aussi Gwyneth Paltrow et Sarah Michelle Gellar à cause de Buffy contre les vampires. Mais Paul a eu une vision en voyant Milla.

MARTIN MOSZKOWICZ : Le truc cool avec les jeux Resident Evil, c'est leur aspect cinématographique. Normal, les créateurs du jeu sont fans de cinéma d'horreur. Super Mario n'est pas un jeu cinématographique. Mais ce n'était pas facile. Tous les studios nous disaient de mettre un personnage masculin. Mais Capcom avait fait Street Fighter avec Van Damme et ils n'étaient pas trop contents du résultat. On pouvait jouer la différence. Avec Alice, Paul apportait un truc différent, qui nous plaisait.

PAUL ANDERSON : Je voulais faire un prequel pour raconter l’histoire derrière le premier jeu, expliquer ce qui s’est passé dans cette maison et dans ce laboratoire. Mettre un personnage nouveau au coeur du film offrait non seulement une histoire inédite à ceux qui avaient aimé le jeu vidéo, mais évitait également d’exclure ceux qui ne le connaissaient pas. Je crois que c’est le problème avec la plupart des adaptations de jeux vidéo : ceux qui n’ont pas joué pensent que le film n’est pas fait pour eux. On a évité ça. Le personnage de Milla est devenu une porte d’entrée dans cet univers. C’était une idée controversée à l’époque, mais au final ça a incroyablement bien marché pour nous.

MILLA JOVOVICH : Sur les deux premiers films, j’ai beaucoup contribué au scénario et au développement d’Alice. J’étais le personnage principal et puis… j’étais une vraie pimbêche. Comme la plupart des jeunes actrices de 24 ans qui ont du succès, je pensais que tout tournait autour de ma petite personne, que j’avais le monde à mes pieds. J’avais fait Le Cinquième Élément et Jeanne d’Arc, j’avais tourné avec Michael Winterbottom… J’étais une - ouvrez les guillemets - "actrice qui compte" (rires). Je ne pouvais même pas imaginer ne pas avoir le rôle pour Resident Evil. Et je suis redescendue violemment sur Terre quand Michelle Rodriguez a été castée, parce qu’elle aussi était très demandée à ce moment-là. Paul avait pratiquement réécrit tout le script pour elle. J’ai découvert cette nouvelle version dans l’avion, et là j’ai pété un plomb. D’un coup, toutes mes super scènes d’action étaient pour Michelle, je devenais la fille au second plan. J’étais livide. Je suis arrivée à l’hôtel en Allemagne, le pauvre producteur avait des fleurs à la main. Je les ai jetées et j’ai dit : "Je veux voir Paul dans ma chambre dans une heure. Sinon je suis dans le premier avion demain matin". Tout le monde était terrifié (rires). Une heure plus tard, Paul se pointe. Je lui dis : "Je ne sais pas ce que tu es en train de faire, mais c’est pas pour ça que j’ai signé. Comparons les deux scripts et dis-moi si ça devrait m'aller". Donc on a revu le script et trois heures plus tard, on avait terminé. Il m’a promis qu’il ferait tous les changements nécessaires. C’était le début de notre histoire d’amour !

PAUL ANDERSON : Michelle Rodriguez était très demandée à l’époque. Mais je suis allé un peu trop loin ! Avec Milla, on a toujours eu une relation très ouverte sur les films : elle n’avait pas peur de me dire ce qu’elle pensait. Je peux toujours compter sur elle pour remettre en cause mes idées. La première chose que j’ai faite, littéralement après avoir signé mon contrat, c’est de prendre l’avion pour le Japon et rencontrer les gens de Capcom. Je leur ai parlé pendant deux jours de ma vision du jeu et ils m’ont donné leurs retours. Je voulais respecter leur travail. J’ai eu leur bénédiction et on a évidemment changé beaucoup de choses après leurs retours. Pour tous les films, ils lisaient les scripts, faisaient des commentaires, venaient sur les tournages… C’était une relation ouverte et honnête. Pour moi, les films et les jeux vidéo ont le même ADN, j’ai l’impression qu’il existent dans le même univers. Je ne veux pas contredire dans les films ce qui se passe dans le jeu vidéo. Je ne veux pas dire qu’un personnage est méchant alors que dans leur tête il est gentil. Ou bien tuer un personnage qui va continuer à vivre dans les jeux vidéo. Ils m’ont donné des infos sur les créatures qu’ils allaient utiliser dans les prochains jeux et celles que les fans préfèrent. Ça a beaucoup influencé nos choix créatifs dans les films.

MILLA JOVOVICH : On est très proche des gens de Capcom. De ce que j’en sais, ils ont adoré les films. Et puis pour être honnête, les films ont bien aidé les ventes des jeux vidéo.

PAUL ANDERSON : On avait fait un deal avec Sony : si à la première projection-test on n’atteignait pas un score défini à l’avance, ils pouvaient sortir le film directement en DVD. Il fallait que ce soit super. J’ai fait le meilleur film possible parce que je ne voulais pas d’une sortie direct-to-DVD.

Resident Evil : Apocalypse (2004) 

 


 

SAMUEL HADIDA : On a orienté le deuxième film vers l'action pure. Il fallait sortir de l'horreur absolue parce qu’on nous disait que ça ne passait pas à la télé. Paul est parti sur Alien vs. Predator, et on a cherché un autre réalisateur. J’étais en train de faire Domino avec Tony Scott et il m'a conseillé son réalisateur deuxième équipe, Alexander Witt, qui avait fait La Chute du faucon noir pour son frère Ridley.

ALEXANDER WITT : Mon agent m'a eu un entretien avec Paul et les producteurs, puis avec Milla, qui avait le dernier mot pour le choix du réalisateur de la suite.

MILLA JOVOVICH : On a rencontré plusieurs personnes et j’ai trouvé qu’Alexander Witt était un type vraiment sympa. Il avait l’air de bien connaître l’action. Et pour moi la sécurité sur un tournage est très importante, j’ai besoin qu’on me sécurise, je voulais quelqu’un avec de l’expérience.

PAUL ANDERSON : En tant que réalisateur, je me dit que je n’aurais pas fait exactement pareil mais c’est normal, chacun a son point de vue. Le titre devait être Resident Evil : Nemesis, parce que le Nemesis était dedans. Mais entre deux, Star Trek : Nemesis est sorti. Le film n’était pas très bon et n’a pas eu beaucoup de succès, donc on a changé le titre. Le script n'a pas bougé par contre.

MILLA JOVOVICH : Quand j’ai lu le script pour le deuxième film… Toutes les bonnes scènes d’action étaient pour Jill Valentine ! J’ai dit à Paul : "Tu te fiches de moi ? Quand est-ce que tu vas piger ? Jill est cool mais tu lui donnes les meilleurs scènes". Encore une fois, on a discuté et réparti les scènes d’action entre moi et Jill. Au moment d’écrire le troisième film, il avait compris (rires).

ALEXANDER WITT : Je n'ai pas parlé avec les gars de Capcom, mais j'ai essayé les jeux vidéo. C'était la première fois que je jouais à ce genre de jeux. Le but était de faire un bon film, sans prendre en compte ce qu'ils faisaient avec les jeux vidéo, de toutes façons. Je crois qu'Apocalypse a été bien reçu. Mais je crois qu'aujourd'hui je serais capable de faire un meilleur film, un truc plus excitant.

PAUL ANDERSON : C’est incroyable le nombre de gens qui aiment les jeux et les films et qui aimeraient en faire partie. Snoop Dogg devait jouer dedans ? Je pense qu’il a certainement dit à un moment qu’il voudrait faire partie du casting. 

Resident Evil : Extinction (2007) 

 


 

PAUL ANDERSON : J’aurais aimé réaliser tous les films. Mais je m’étais engagé sur Alien vs. Predator et Course à la mort pendant le deuxième et le troisième. C’était frustrant.

SAMUEL HADIDA : On ne pouvait pas attendre deux ans à chaque fois pour qu'il termine, sinon chaque film Resident Evil allait prendre cinq ans à faire. Par contrat avec Capcom, on devait faire un film tous les trois ans. On était tous fans d'Highlander. Une référence. Russell a fait un storyboard, il a bien bossé avec Paul. On s'est dit qu'il allait faire un film mythique comme Highlander

JEREMY BOLT : Le but d'Extinction était d'élargir le public de la franchise. Il y avait tellement de serpents à sonnette sur le plateau que j'ai dû engager toute une équipe avec des bâtons pour les chasser en permanence. On s'est bien marré, mais putain ce qu'il faisait chaud au Mexique. La chaleur a frappé Russell Mulcahy. Après, on s’est bien gelé le cul sur le plateau de Death Race à Toronto...

DENNIS BERARDI : Paul a pitché l’idée de hordes d’oiseaux zombies qui attaquent par centaines. Les Oiseaux d’Hitchcock sous stéroïdes, avec Milla qui les fait brûler grâce à ses pouvoirs… Je ne savais pas comment on allait réussir ça. Au final, c’est devenu une des meilleures séquences du film.

SAMUEL HADIDA : À la fin du tournage d'Extinction, Russell était malade, fatigué. Paul a fini le film en post-production et au montage. Il y a des films magiques comme Highlander, avec Queen, Christophe Lambert, qui arrivent à saisir quelque chose de leur époque. Extinction n'est pas de ceux-là, d'accord. Pas un Nolan ou un Sam Raimi. C'est un film d'action avec des zombies, avec un beau décor. Russell a rempli son contrat. Voilà.

Resident Evil : Afterlife (2010) 

 


 

PAUL ANDERSON : J’adorais l’idée de la 3D. Alors j’ai frappé à la porte de James Cameron, qui a été assez gentil pour me montrer 25 minutes d’Avatar alors que le film était encore en post-production. Ça m’a bluffé, je voulais m’approprier cette technologie. Et j’ai finalement utilisé ses caméras pour Afterlife. On était le deuxième film à tourner en 3D après Avatar. On a choisi des décors avec de la profondeur et de la perspective spécifiquement pour ça.

SAMUEL HADIDA : Avatar a créé une vraie demande pour la 3D. Et comme on voulait apporter un truc nouveau à chaque film, ça tombait sous le sens de le faire en relief. Mais à cause de ça, le film a coûté beaucoup plus cher. Il fallait donc le vendre immédiatement dans le monde entier, en Russie, au Brésil, au Japon, dans les nouveaux marchés des blockbusters. Faire une sortie simultanée partout.

GLEN MACPHERSON : Il y a mon plan préféré dans le film : le Axeman qui brandit sa hache sous des trombes d'eau... Ca été hyper dur à faire, pour éviter que la flotte ne tombe sur les miroirs de la caméra 3D. Tu ne peux pas utiliser des déflecteurs de gouttes comme sur une caméra 2D. Mais ce plan est vraiment dément.

SAMUEL HADIDA : C'est le film le plus couillu de la série grâce à la 3D. Résultat : plus gros carton. Mais le box-office US reste dans la même moyenne de la série, sans décoller, parce qu'on est toujours dans un film de genre. 

MARTIN MOSZKOWICZ : Faire un film en 3D sert surtout pour le marché chinois, ils en sont très friands. Aux Etats-Unis, ça ne fait pas grande différence.

PAUL ANDERSON : Afterlife est probablement le film le plus important de la franchise parce que c’est là qu’on a doublé notre box-office et qu’on est passé dans la cour des grands. Il fallait qu'on continue à être au top, après. Et énormément de scènes d’action marquantes des films sont nées grâce à Milla. Dans Afterlife, deux des plus grosses scènes d’action du film ont vu le jour suite à des conversations avec Milla. Celle où les deux clones d'Alice tirent en tombant dans cet atrium sous-terrain, et celle où elle saute du toit de la prison alors qu’elle est poursuivie par les zombies, et les morts-vivants tombent du bord comme des lemmings. Elle avait eu un cauchemar où elle tombait dans une cage d’ascenseur sans fin. Quand elle m’en a parlé - elle était terrifiée -, je me suis dit : "C’est vraiment cool, je pourrais m’en servir" (rires). 

Resident Evil : Retribution (2012) 

 


 

DENNIS : Pour la séquence de Moscou, on pu tourner en partie sur place Rouge. Normalement les Russes n’autorisent pas les tournages là-bas. Mais la franchise est très populaire en Russie et les origines de Milla Jovovich ont beaucoup aidé. Donc on a fait fermer la place Rouge pendant un jour et demi pour faire des plans, sans les acteurs. On a fait un double numérique de l’endroit et mixé ça avec des séquences tournées en studio. Et on a ajouté un raz-de-marée.

GLEN MACPHERSON : Paul n'est pas un intégriste du storyboard. On change des trucs au jour le jour par rapport à la préprod. C'est ça qui est excitant. Avec Resident Evil, je sais que je ne vais pas éclairer une salle de tribunal. Sauf si elle explose avec des zombies dedans.

SAMUEL HADIDA : Retribution est celui qui a le mieux marché au Japon.

MARTIN MOSZKOWICZ : En moyenne, on fait 70% de nos recettes hors des USA.

PAUL ANDERSON : Pendant qu’on tournait Les Trois Mousquetaires, on a parlé de tourner Resident Evil 5 et 6 en même temps. On ne l’a finalement pas fait pour des raisons créatives. Les scénarios sont en gros resté les mêmes, mais je ne voulais pas me lancer là-dedans parce que ça n’a pas vraiment réussi à ceux qui l’ont fait avant. Je ne crois pas que ce soit très osé de dire que Matrix 2 et 3 n’étaient pas à la hauteur du premier, ou que Pirates des Caraïbes 2 et 3 n’étaient pas aussi bons que le premier. Donc je ne voulais pas me retrouver à faire des compromis au niveau de la qualité des films pour gagner plus d’argent. Aucun de nous n’a fait ça pour se faire des ronds, au départ. On voulait juste faire de bons films et être à la hauteur des attentes de la fanbase. Et on sentait qu’on pouvait faire de meilleurs films en les tournant séparément. 

Resident Evil : Chapitre final (2016)

 


 

SAMUEL HADIDA : Paul voulait faire un dernier film avant un reboot ou une série télé. Il voulait clôturer la saga. On termine l'histoire d'Alice et après on fait un reboot. Cinéma, série, les deux ? On verra. Une série Resident Evil, ça peut cartonner grâce à la série The Walking Dead. Les zombies font partie de l'univers télévisuel. Le public est habitué aux films de zombie.

GLEN MACPHERSON : En résumé, dans Resident Evil 4-5, on fait de grands plans larges au ralenti avec Milla qui fait des coups de pied retournés. Dans Chapitre final Paul voulait qu'on plonge dans l'action. Etre plus cut. Donner un feeling frénétique à l'image. "Frénétique", c'est vraiment le mot parfait pour le film. Donc il fallait des caméras plus mobiles, plus légères. Le tournage a été fait en 2D, on a converti en 3D en postproduction.

PAUL ANDERSON : Tout était prêt, les lieux de tournages étaient choisis et on allait tourner quand Milla est tombée enceinte. Donc il a fallu décaler le tournage de neuf mois. Et finalement c’était super, parce que j’ai eu neuf mois de plus pour fignoler le script et revoir les scènes d’action. Ça n’arrive jamais dans le cinéma, et le film en bénéficie énormément. Le temps est un luxe à Hollywood, la plupart du temps les choses se font vite parce que vous avez une date de tournage à tenir. Là j’avais ce temps pour en faire le meilleur de la franchise, parce que c’était le dernier et qu’il fallait forcément qu'il soit mieux que les autres. Je suis fier que la série soit devenue aussi populaire, malgré certains fans hardcore qui veulent vous faire un deuxième trou du cul parce que le bleu de la jupe de Jill n’est pas exactement le même que celui du jeu. Je trouve qu’on a fait du super boulot avec les personnages Jill, Chris et Claire Redfield.. Mais pour certains fans, ce ne sera jamais assez bien. Vous pourrez toujours lire en ligne qu’on a carrément chié sur la franchise. Six fois en plus ! On s’est tellement planté qu’on a fait six films ! Mais les faits sont là : c’est l’adaptation de jeux vidéo la plus populaire de tous les temps. C’est parce qu’on a une vraie affection et une connaissance des jeux. Ces films ne sont pas des adaptations conformes, mais l’ADN des jeux vidéo a toujours été là.

SAMUEL HADIDA : Les contrats de Paul et Milla s'arrêtent avec ce film. On verra après. On peut toujours faire des clones d'Alice. (rires)

Remerciements à Pauline Pangon.