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"Je suis retombé amoureux de la pellicule", ou pourquoi le film n’est toujours pas mort

Dion Beebe, DP de Edge of tomorrow

"Il était clair que le choix du 35 mmm était pour nous la bonne approche. Notre film évoque un évènement qui ressemble un peu au débarquement en Normandie, et cette analogie a peut-être guidé notre choix, parce que toutes les images disponibles de cette période sont fixées sur de la pellicule, que ce soient des photos ou des films. Je crois que ça a résonné chez nous. De plus, nous ne voulions pas que ça paraisse trop brillant ou distant. Nous cherchions la texture de la pellicule, pour une expérience très viscérale, immédiate et subjective." (source)

Robert Yeoman DP de Grand Budapest Hotel

?Lorsqu?on tourne en numérique, on ne coupe pas la caméra, et l?attention a tendance à se disperser. Si je jette un coup d?oeil autour du plateau, tout le monde a le nez sur son téléphone portable. Il y a une dégradation du métier. Je crois que de tourner en pellicule incite les gens à se concentrer sur la prise. Lorsque la caméra tourne, chacun est conscient de l?importance du moment et fait attention. Cette énergie se transmet sur le film.?  (source) 

Pourquoi le film n'est pas mort

Grâce à l?obstination de quelques irréductibles menés par <strong>Quentin Tarantino</strong> et <strong>Christopher Nolan</strong>, Kodak fabrique encore de la pellicule pour les cinéastes qui le demandent et, contrairement à ce qu'on aurait pu prédire, 2014 ne sera pas l'année où le format aura été enterré. Mine de rien, la demande est encore forte. 10 témoignages le confirment.

Christopher Nolan

"Au cours de la décennie passée, j?ai subi des pressions de plus en plus fortes pour abandonner la pellicule et tourner en vidéo, mais je n?ai jamais compris pourquoi. C?est moins cher de tourner en argentique, c?est beaucoup plus beau, c?est une technologie que nous connaissons et comprenons depuis cent ans, et c?est extrêmement fiable. Je crois véritablement que l?enjeu se réduit aux intérêts des fabricants et d?une industrie qui profite davantage des changements que du statu quo." (source)

Martin Scorsese

?Dans l?histoire du cinéma, seul un minuscule pourcentage des ?uvres qui constituent notre art n?a pas été tourné sur pellicule. Tout ce que nous faisons en HD est une tentative de recréer l?aspect du film. La pellicule, même aujourd?hui, offre une palette visuelle plus riche que la HD. Et nous devons nous souvenir que la pellicule est toujours la meilleure et la seule façon prouvée de préserver les films. Rien ne garantit que les informations numériques sont durables, mais nous savons que la pellicule l?est, à condition qu?elle soit correctement stockée et entretenue.?  (source)

Quentin Tarantino

"Si nous acceptons la projection numérique, nous avons déjà cédé trop de terrain aux barbares. Le combat est perdu s?il ne reste que des présentations de DCP. Pour moi, ce n?est que de la télévision en public. La mort du 35mm signifie la mort du cinéma".  source

Sean Bobbit, DP de Secret d’état.

"Nous avons tourné en argentique pour obtenir une dimension et un poids qui peuvent manquer en numérique. La pellicule donne aussi à Secret d?Etat une texture qui paraissait bonne et crédible pour cette histoire relativement récente, située au XXème siècle, mais il y a moins de vingt ans." (source)

Side by side

A consulter, Side by side, le documentaire de 2012 présenté par <strong>Keanu Reeves</strong>. <strong><strong>James Cameron</strong></strong>, <strong><strong>David Lynch</strong></strong>, <strong><strong>David Fincher</strong></strong>, <strong><strong>Robert Rodriguez</strong></strong>, <strong><strong>Martin Scorsese</strong></strong>, Seven Soderbergh et d?autres discutent des avantages et des inconvénients de l?argentique et du numérique. 

JJ Abrams, réalisateur de Star Wars 7

"J?apprécie la façon dont la technologie numérique ouvre la porte à des cinéastes qui n?avaient jamais eu accès à ce niveau de qualité avant. Cependant, je crois que le film suffit à établir le standard de qualité. Sans parler de dynamique, de sensibilité, de résolution, il reste quelque chose avec la pellicule qui est indéniablement beau, organique, naturel et vrai. Je dirais que la pellicule établit un standard de qualité, et lorsqu?elle ne sera plus disponible, il n?y aura plus de référence. On obtiendra peut-être des images parfaitement bonnes, mais pas nécessairement les meilleures, les plus chaudes, les plus riches et les plus détaillées." (source)

Jess Hall DP de Transcendance

"Au cinéma, les formats numériques changent si souvent que vous êtes constamment en train de faire du rattrapage, ce qui est bien si vous obtenez le résultat que vous recherchez. Je ne suis en aucun cas anti-numérique, mais ce qui m?intéresse en fin de compte, c?est le contenu plutôt que la technique pour l?amour de la technique. Donc je ne suis pas particulièrement impressionné par une caméra qui prétend offrir tel degré de résolution. Par contre, je suis rassuré par la fiabilité d?une caméra argentique qui, en vous garantissant des résultats  absolument invariables, vous autorisent un degré incroyable de contrôle. Pour moi, l?essentiel est l?impact émotionnel de l?image quand on la regarde. Je trouve que la pellicule a une capacité incroyable à communiquer avec l?être humain. Il y a quelque chose de très organique - à défaut de trouver un autre mot - dans sa texture que je trouve très agréable". (source)

David Lynch

Revirement inattendu de la part de quelqu?un qui avait déclaré il y a dix ans que, pour lui, le film était mort. En restaurant les scènes manquantes pour le Blu Ray de Twin Peaks, David Lynch est retombé amoureux du celluloid : "J?ai été submergé par la profondeur et la beauté dispensées par la pellicule" dit-il. Du coup, pour tourner les épisodes à venir de la série, il adoptera la pellicule parce que "c?est ce qui apporte la meilleure qualité". 

Fabrice du Welz (Alleluia)

"Je continuerai de tourner en pellicule tant que je le pourrai. D'abord parce que l'argentique est supérieur au numérique, quoi qu'on en dise. En pellicule, les blancs et les noirs sont plus denses et plus stables. Ensuite, parce que je fais des films, et qu'il me parait normal de les tourner en film !" 

Grâce à l’obstination de quelques irréductibles menés par Quentin Tarantino et Christopher Nolan, Kodak fabrique encore de la pellicule pour les cinéastes qui le demandent et, contrairement à ce qu'on aurait pu prédire, 2014 ne sera pas l'année où le format aura été enterré. Mine de rien, la demande est encore forte. 10 témoignages le confirment.