Damien Chazelle : "On ne peut pas raconter l’histoire du cinéma sans James Cameron"

L’hommage du réalisateur de Babylon à celui de Titanic et Avatar.

Quel rapport entre Babylon et Avatar : La voie de l’eau ? La durée des deux films, pour commencer. 3h10 chacun – un minutage fleuve qui les place d’emblée dans la catégorie poids lourds. Mais ceux qui ont déjà vu la fresque de Damien Chazelle sur les premiers temps du cinéma hollywoodien savent qu’il y a plus que ça (attention spoiler !) : Babylon inclut dans ses derniers instants un montage d’extraits de films retraçant toute l’histoire du cinéma, à travers quelques-uns de ses chefs-d’œuvre les plus emblématiques, de Méliès à Godard en passant par Buñuel et Dreyer… Et par Avatar, donc, dont on ne s’attendait pas a priori à voir un extrait, même furtif, dans un film se déroulant dans les années 1920. Le hasard du calendrier a fait que le film de Chazelle se retrouve à l’affiche en même temps qu'Avatar 2. Quel rapport entre Babylon et La Voie de l’eau ? Leur durée, oui. Mais aussi leur appétit de cinéma démesuré.

"On ne peut pas raconter l’histoire du cinéma sans James Cameron", commente Damien Chazelle dans le dernier numéro de Première, comparant l’ambition titanesque du cinéaste à celle des pionniers du septième art comme D. W. Griffith, qu’il évoque dans son film. En signant des œuvres de trois heures, les deux réalisateurs ont choisi de s’inscrire dans une tradition de cinéma épique, totale.

"La durée fleuve était partie intégrante du projet, détaille Chazelle. J’aime cette tradition, qui n’existe plus tellement aujourd’hui, des films de trois heures, vraiment épiques, ou on sent la structure en trois actes, très satisfaisante dans son classicisme, et dont la longueur nous aide à rentrer totalement dans le film. Quand la projection s’achève et qu’on sort de la salle, on se sent un peu étourdi, transformé : quelque chose s’est passé qui ne peut pas toujours se passer en une heure et demie, ou en deux heures. Je voulais que Babylon soit une aventure, comme Les Enfants du Paradis, ou Le Parrain, ou La Dolce Vita, ou un film de David Lean, ou Intolérance de Griffith, ou le Napoléon d’Abel Gance… . Titanic aussi fait partie de cette tradition. Ce qui se passe devant ces films est presque chimique, c’est une expérience, qui n’est pas non plus celle de la série télé, parce qu’elle n’est pas interrompue. On oublie le monde en-dehors du cinéma pour entrer dans le film de manière tridimensionnelle, immersive."

Tridimensionnelle ? Immersive ? Des mots chers au cœur de James Cameron, en effet.

Babylon, de Damien Chazelle, avec Margot Robbie, Diego Calva, Brad Pitt… Actuellement au cinéma.