Délivrance
Warner Bros. Entertainment

Le classique bien flippant de John Boorman est à l’honneur ce soir de « Place au cinéma » sur France 5, présenté par Dominique Besnehard

Sam Peckinpah en rêvait

Sorti en 1972, Délivrance met en scène le périple agité de quatre Américains de classe moyenne qui, au cœur de la Géorgie, vont vite s’apercevoir que la sauvagerie n’est pas l’apanage de la seule nature. Il s’agit d’une adaptation par son auteur James Dickey lui- même de son roman paru en 1970. Séduit par le sujet, Sam Peckinpah fut le premier à exprimer son désir de le porter à l’écran. Mais c’est John Boorman, tout juste sorti de Leo the last (primé pour sa mise en scène à Cannes) et alors en train de travailler sur une adaptation du Seigneur des anneaux (qui ne vit jamais le jour), qui en obtint finalement les droits. Peckinpah a fait mieux que se consoler en s’attelant à la place aux Chiens de paille.

Une longue liste de stars éconduites

Délivrance va se révéler un « game changer » dans la carrière de Burt Reynolds, passant d’un coup d’un seul du statut de comédien sympathique série B à superstar avec le rôle de Lewis pour lequel de nombreux acteurs et non des moindres furent envisagés. Gene Hackman le voulait mais fut éconduit. Charlton Heston expliqua devoir y renoncer à cause de son engagement dans Antoine et Cléopâtre. Henry Fonda, James Stewart, Donald Sutherland et Steve McQueen (le rêve de la Warner) l’ont décliné. Boorman, lui, avait en tête, un certain Marlon Brando. Mais c’est Lee Marvin – qu’il avait contacté pour un autre personnage – qui sut trouver les mots pour le convaincre que Brando comme lui étaient bien trop âgés pour ces deux rôles. Et Boorman se reporta donc sur Reynolds et un débutant nommé Ned Beatty, le futur Otis du Superman de Richard Donner.

Une scène insoutenable passée à la postérité

C’est une scène qui a marqué profondément les spectateurs de l’époque et par- delà, l’histoire du cinéma : le viol subi par un de ces quatre potes en ballade par un homme des bois. Une scène qui éparpille façon puzzle le mythe de la nature idyllique où il fait si bon se ressourcer. Et un moment quasi inédit sur grand écran où jusque là les films ne montraient que des agressions sexuelles ciblant des femmes.

Un air devenu culte

L’air de banjo entêtant qui accompagne Délivrance a donné lieu à une véritable bataille judiciaire. Cette musique a en effet été créée en 1955 par Arthur Smith, en reprenant des riffs du chant patriotique américain Yankee Doodle. Eric Weissberg et Steve Mandell l’ont fait passer à la postérité en la réarrangeant : leur 45 Tours a longtemps squatté le haut des Top des meilleures ventes de l’époque. Ils avaient juste oublié un petit détail : demander son autorisation à Arthur Smith qui leur fit un procès qu’il gagna. John Boorman reçut, lui, en cadeau un disque d’Or… qui lui sera volé à son domicile par le gangster irlandais Martin Cahill. Un épisode qu’il racontera dans The General, le biopic qu’il lui consacrera en 1998.

Budget riquiqui, carton maxi

Sans star à l’horizon et avec une histoire flirtant plus qu’allègrement avec la violence, Délivrance n’a évidemment pas bénéficié d’un immense budget. Avec deux millions de dollars en tout et pour tout, il a fallu rogner sur chacun des postes. A commencer par le budget assurances réduit à zéro… ce qui généra son lot de sueurs froides, notamment à cause d’une blessure aux côtés de Burt Reynolds dans les rapides. Mais au final, tous passèrent entre les gouttes. Et le film rapporta plus de 46 millions de dollars sur le seul continent américain. Un investissement plus que rentable.


A lire aussi sur Première

Trois choses à savoir sur… Hope and Glory

Cette plongée dans la seconde guerre mondiale à hauteur d'enfant signée John Boorman fête ses 35 ans ce soir dans Place au cinéma, présenté par Dominique Besnehard sur France 5