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Il y a eu des guests sulfureuses comme la fantasque Arielle Dombasle, la sculpturale Dita Von Teese et la coquine Clotilde Courau, personnalités glamour et sexy venues apporter leur touche unique et leur savoir-faire scénique à l’univers en vase clos du Crazy Horse. Il y a eu la collaboration extérieure du chorégraphe Philippe Decouflé à l’origine du renouvellement de la revue classique. C’était en 2010, le spectacle traditionnel s’est enrichi de numéros tout frais tout neufs, d’audaces visuelles et esthétiques, pour former un spectacle dépoussiéré, plus contemporain, ouvrant à de nouvelles passerelles entre le cabaret, l’effeuillage et la danse contemporaine. Désirs, son titre, mot clairement suggestif au pluriel significatif, exprime sans équivoque la vocation des tableaux kaléidoscopiques qui composent le show revisité par le facétieux Decouflé : mettre en scène les corps comme objets de désir en explorant, à travers les différentes composantes du spectacle vivant (théâtralité, danse, chant, lumière, musique, vidéo, jeux d’optique…) la multiplicité des formes du fantasme érotique. Puis il y a eu le documentaire d’un maître en la matière, Frédérick Wiseman, déjà rôdé à filmer ballerines, tutus et corps de Ballet, dans son film sur l’Opéra National de Paris (La Danse), expert pour se fondre dans le décor d’institutions (qu’elles soient artistiques, sociales, administratives, juridiques…) et en extraire la réalité de la vie interne, les coulisses de ces ruches communautaires effervescentes. Le cinéaste s’est donc immiscé dans « la maison » pour en capter le quotidien, le fonctionnement et surtout les préparatifs de mise en place du show (auditions, répétitions, essayages de costumes…). Et voilà le « temple du nu chic » en grand format sur les écrans de cinéma dans un documentaire sobre (si ce n’est son sujet), sans voix off ajoutée, simplement intitulé Crazy Horse. C’était il y a un an à peine, en 2011. Mais le Crazy Horse n’a pas fini sa révolution artistique, son ascension médiatique et surtout, cette nouvelle démarche d’externaliser les rênes de sa revue. En mars 2012, ce fut au tour du célébrissime créateur de chaussures, Christian Louboutin, d’inventer de nouveaux tableaux pour le show habituel, renommé Feu pour l’occasion. Les fameuses semelles rouges revisitées sur des talons aiguilles conçus expressément pour les pieds des danseuses du Crazy ont mis le feu aux planches et aux joues des spectateurs. Cette dernière version de la revue est à la base d’un nouveau projet artistique au cœur des nouvelles technologies : sa captation filmique en 3D. C’est le réalisateur Bruno Hullin (un expert de la 3D) qui a mené cette expérience inédite, filmant la revue dans un studio de 1300 m² afin d’avoir le recul nécessaire pour des prises de vue alliant la magie du cinéma à la technique de la 3D. Plongées et contre-plongées, grands angles et gros plans, travellings et mouvements circulaires, la caméra permet ce que ne permet pas le spectacle en salle : tourner autour des corps, approcher les visages, révéler des détails inaccessibles à l’œil nu du public, la 3D venant amplifier ce processus de proximité. Agrémenté d’interventions de monsieur Louboutin en personne, le film met en perspective le show lui-même et ses sources d’inspiration, éclaire la collaboration du "chausseur" avec le Crazy Horse et revient sur ses vingt ans de carrière. Un va-et-vient passionnant entre l'œuvre et son créateur. Une nouvelle façon de vivre le spectacle et d’expérimenter le cinéma !Feu, version 3D, sera sur les écrans courant décembre.Par Marie Plantin