Mado de Claude Sautet
Les Films de la Boétie, France 5

La quatrième et ultime collaboration Claude Sautet- Michel Piccoli a les honneurs ce soir de Place au cinéma, présenté par Dominique Besnehard sur France 5

Un film inspiré par Dino Buzzati

Mado marque la quatrième et ultime collaboration entre Claude Sautet et Michel Piccoli, après Les Choses de la vie, Max et les ferrailleurs et Vincent, François, Paul et les autres. Le comédien y incarne ici un promoteur immobilier tentant de se venger d’un concurrent véreux (Jacques Dutronc) qui l’a ruiné, avec l’aide d’une jeune prostituée (Ottavia Piccolo, couronnée six ans plus tôt d’un prix d’interprétation à Cannes pour Metello de Mauro Bolognini) dont il est tombé amoureux. Et l’idée de ce film naît chez Sautet de la lecture d’Un amour de Dino Buzzati, paru en 1964, qui raconte la relation tumultueuse entre un architecte fortuné d'âge mûr et une femme plus jeune qui se prostitue occasionnellement. Mais quand Sautet découvre que ce roman a déjà été porté à l’écran en 1966 par Gianni Vernuccio sous le titre Une garce inconsciente, il décide de recentrer son adaptation sur le thème de la vénalité et s'appuie à la place sur une nouvelle de Gilberte Chatton. Et il s’y attelle avec Claude Néron mais sans Jean- Loup Dabadie, suite à une brouille entre les deux scénaristes au sujet des crédits du générique de Vincent, François, Paul et les autres. L’absence de Dabadie et de sa plume enjouée entraîne Mado vers un côté sombre et en fait sans doute le film le plus noir de toute l’œuvre de Sautet.

Un tournage compliqué

Cette brouille préalable entre deux de ses complices a donné le la d’une aventure placée sous le sceau des avanies en tout genre. L’équipe s’embourbe sous la pluie pendant les repérages à 20 kilomètres de Paris et met tellement de temps à s’en sortir que ce moment inspirera une scène du film. Mais surtout, pendant le tournage, les techniciens se mettent en grève, alors que le producteur du film, Maurice Génovès (à qui l’on doit de nombreux sommets de Claude Chabrol, dont Que la bête meure et Le Boucher), qui travaille pour la première fois avec Claude Sautet, est aux abonnés absents. Cette ambiance tendue impactera le film et le réalisateur confiera plus tard qu’elle a provoqué certaines erreurs irrécupérables au montage.

Un long processus de montage

Le montage donnera d’ailleurs du fil à retordre à Claude Sautet. De toute sa carrière, Mado est le film qu’il a le plus remanié. Pour lutter contre le sentiment qu’au fil des versions, il lui paraissait toujours trop long et trop lent. Et parfois par accès de rage comme quand il décide de couper la scène finale entre Michel Piccoli et Romy Schneider, furieux d’avoir découvert que Génovès avait l’intention de vendre Mado sur leurs deux noms alors que la comédienne n’est présente à l’écran que 9 minutes, avant de se raviser.

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