Affiches Films à l'affiche mercredi 22 février 2023
Universal Pictures International/ Haut et Court/ KMBO

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
THE FABELMANS ★★★★★

De Steven Spielberg

L’essentiel

Le vieux Steven, se souvient du jeune Spielberg tiraillé entre la rigueur de son papa, l’audace de sa maman et le bruit de sa petite caméra. Un récit d’apprentissage qui se regarde comme un grand autoportrait psy d’une violence troublante.

The Fabelmans commence précisément là où s’arrête Babylon : en 1952, dans une salle de cinéma. On n’y joue pas Chantons sous la pluie, mais Sous le plus grand chapiteau du monde. Le gamin qu’on observe dans le noir s’appelle Sammy, cinq ans, et juste avant que la projection ne débute, ses parents lui ont promis qu’il aurait en sortant un grand sourire niais sur le visage. Or face à ce train qui déraille dans la nuit, et qui laisse échapper une partie de la ménagerie, Sammy se retrouve glacé, mutique, comme une victime qui aurait inexplicablement survécu à un accident. Ce choc, ce déraillement initial, il va ensuite passer une grande partie de sa vie à le rejouer, le réinterpréter et le capturer. On le sait très bien, car Sammy Fabelman, cet enfant traumatisé, s’appelle en réalité Steven Spielberg.

Récit mosaïque d’une enfance cabossée, The Fabelmans évoque avant tout la quête d’un d’équilibre. Trouver une sorte d’harmonie, entre papa et maman, le réel et la fiction, ce qui brise et ce qui console. Et pour raccrocher enfin les wagons de ce train qui n’en finit plus de dérailler, il faudra alors accepter de lâcher prise. Voir ses parents se quitter, tomber amoureux, se faire larguer lors du bal fin d’année, s’en prendre quelques bonnes par le bully raciste du lycée et pourquoi pas finir par le comprendre. Et puis surtout, comme souvent dans la vie, il faudra s’en remettre à l’expertise de John Ford. Guest-star de l’épilogue et auteur ici d’un cours magistral, il révélera au gamin que le cinéma est avant tout un art du déséquilibre et qu’il n’y a bien que les idiots pour placer la ligne d’horizon au milieu du cadre. Et s’il fallait vraiment trouver une morale The Fabelmans ça serait probablement celle-là.

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PREMIÈRE A AIME

PETITES ★★★☆☆

De Julie Lera- Gersant

Camille a 16 ans quand elle tombe enceinte et se voit contrainte de garder l’enfant, ne s’en étant aperçue qu’après le délai légal. Avant que la décision d’une juge pour enfants de la placer dans un centre pour filles- mères, considérant sa mère à elle inadaptée à s’occuper d’elle, ne rajoute à sa situation chaotique. Ce premier long avance solidement sur ces deux jambes. D’un côté le portrait d’une adolescente en rébellion contre le monde entier, sevré d’un amour maternel que sa mère se montre incapable de lui transmettre. De l’autre le récit du quotidien d’une institution publique tentant d’agir au mieux malgré le manque de moyens. Et bien que cherchant à comprendre ce que signifie au fond être mère, Petites n’a rien d’un film à sujet. Car ce qui passionne la réalisatrice ici, ce sont les personnages, à commencer par cette Camille (Pili Groyne, impressionnante) que sa caméra ne lâche pas d’une semelle. Petites parle de résilience en faisant fi tout manichéisme et misérabilisme. C’est ce qui le rend aussi attachant.

Thierry Cheze

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CHEVALIER NOIR ★★★☆☆

De Emad Aleebrahim Dekhordi

Après Juste une nuit et Aucun ours, une nouvelle pépite iranienne arrive sur nos écrans, auréolée de ses prix aux festivals de Marrakech et d’Angers. Un premier long mettant en scène deux frères aux antipodes – l’un fêtard profitant de ses relations dans la jeunesse dorée de Téhéran pour se lancer dans un petit trafic juteux, l’autre concentré sur sa carrière de boxeur – venant de perdre leur mère et tentant de vivre au mieux leurs vies, de rester fidèles à leur valeur, en dépit des obstacles mis sur leur route. Dans une atmosphère de film noir finement nappée de fantastique, Emad Aleebrahim Dehkordi raconte dans le même geste fluide et précis la spirale infernale conduisant ces deux frères au bord de l’abime que (grâce à la qualité d’écriture de leurs personnages secondaires) la réalité concrète de cette société iranienne où la violence arbitraire peut surgir à tout moment. Un cinéaste à suivre.

Thierry Cheze

JET LAG ★★★☆☆

De Zheng Lu Xinuyan

Enfermée dans sa chambre d’hôtel en Autriche avec sa petite amie, la chinoise Zheng Lu Xinuyan se souvient d’un voyage fait avec sa grand-mère en Birmanie où son arrière grand- père a disparu dans les années 40. Entre documentaire et essai vidéo, Jet Lag mêle images tournées par la réalisatrice et d’autres piochées sur Internet dans un geste d’abord déstabilisant voire abscons mais sur la longueur totalement envoûtant où l’enfermement conduit à la quête de ses racines.

Thierry Cheze

LAST DANCE ★★★☆☆

De Coline Abert

Au centre de toutes les images, une Drag Queen, broussaille dorée sur le crâne, diamants aux oreilles, joues rosies et yeux exubérants. Elle, c’est Lady Vinsantos, un personnage ultra emblématique de La Nouvelle-Orléans. Hors-scène, c’est Vince, un homme d’une cinquantaine d’années qui a fondé sa propre école de drag dans la province, mais qui s’apprête à raccrocher après un ultime show à Paris. Passionnant, parfaitement politique et libérateur.

Estelle Aubin

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

LES GARDIENNES DE LA PLANETE ★★☆☆☆

De Jean- Albert Lièvre

Cette fois- ci, il est question de baleine. Mais ce docu- nature ressemble à la majorité de ceux qui ont célébré avant lui animaux à poil, à plumes ou à écailles en tout genre. Les images sont aussi sublimes que spectaculaires mais chaque réalisateur ressent le besoin d’y plaquer à marche forcée un texte en off pour faire montre de pédagogie ou prévenir un éventuel ennui. Et même quand les mots sont inspirés par un poème de Heatchote Williams et dits par Jean Dujardin, on s’en serait volontiers passé.

Thierry Cheze

L’HOMME LE PLUS HEUREUX DU MONDE ★★☆☆☆

De Teona Strugar Mitevska

Quatre ans après Dieu existe, son nom est Petrunya, fable contre le patriarcat dont le côté enlevé de l’entame se délitait au fil du récit, la même remarque s’applique au nouveau Teona Strugar Mitevska. Car de nouveau, son récit démarre fort par une scène étonnante et parfaitement orchestrée de speed dating où son héroïne, quadra célibataire, fait la rencontre d’un banquier. On voit vite que si elle cherche l’amour, lui a un autre agenda en tête. Tant que le mystère plane sr ses intentions, le film étonne, captive. Mais dès qu’on comprend ce qui l’anime – un traumatisme à laver avec cette femme qu’il connaît –, ce film qui raconte les dommages collatéraux humains sans fin de la dislocation de l’ex- Yougoslavie, a tendance à se faire un peu trop didactique. Soit l’inverse donc du prisme choisi pour le traiter ! Décidément, la cinéaste se révèle meilleure sprinteuse que marathonienne.

Thierry Cheze

PULSE ★★☆☆☆

De Aino Suni

Sombre et underground. Pulse raconte l’amitié amoureuse et toxique entre deux Vénus modernes. L’une, Elina, 17 ans, cheveux vert fluo et rap à la bouche, vient de quitter sa Finlande natale pour s’installer avec sa mère sur la Côte d’Azur. L’autre, Sofia est une ballerine suborneuse, souvent camée. Le film oscille entre Grave  de Julia Ducournau et Respire de Mélanie Laurent, sans jamais atteindre leur intensité. À trop se revendiquer électro, Pulse finit bateau.

Estelle Aubin

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

ARRÊTE AVEC TES MENSONGES ★☆☆☆☆

De Olivier Peyon

Stéphane Belcourt (Guillaume de Tonquédec), un écrivain à succès homo, revient pour la première fois dans sa province natale pour parrainer le bicentenaire d’une marque de cognac. L’homme a quitté sa ville il y a bien des années après le lycée et un amour déchu, ou déçu. À son retour, il croise par hasard Lucas (Victor Belmondo), le fils de son premier Apollon, puis s’engouffre dans les souvenirs fleur bleu. Impression de déjà-vu. Arrête avec tes mensonges, adaptation d’un roman autobiographique de Philippe Besson, cherche son souffle. Intrigue entre un homosexuel refoulé et un autre assumé (qui plus est écrivain englué dans le passé) mille fois rebattue, fils narratifs poussifs, flashbacks scolairement orchestrés, la tension sourde qui sous- tendait dans le livre peine ici à exister. Le réalisateur des bien plus emballants Une vie meilleure ou Tokyo shaking déçoit.

Estelle Aubin

A LA BELLE ETOILE ★☆☆☆☆

De Sébastien Tulard

« Inspiré de histoire vraie » de Yazid Ichemrahen (joué par le vidéaste et humoriste Riadh), À la belle étoile retrace le parcours d’un gamin d’Épernay passionné par la pâtisserie, qui finira champion du monde de sa discipline. Un film en ligne droite et sans aspérités, qui tente de trouver dans le pathos (la relation à la mère) une raison d’exister. Une pub Lindt Excellence de près de deux heures.

François Léger

 

Et aussi

Les Choses simples, de Eric Besnard

Des cailloux dans la chaussure, de Mickaël Damperon

Missing : disparition inquiétante, de Nick D. Johnson et Will Merrick

N’effacez pas nos traces ! Dominique Grange, une chanteuse engagée, de Pedro Fidalgo

Selfiee, de Raj Mehta

Slava Ukraini, de Bernard- Henry Levy et Marc Roussel

Les reprises

La Nuit des morts- vivants, de George A. Romero