Guide du 22 janvier 2020
Metropolitan FilmExport / Sony Pictures Releasing France / Les Bookmakers-The Jokers

Ce qu’il faut voir cette semaine.

L’ÉVENEMENT

SCANDALE ★★★★☆
De Jay Roach


L’essentiel
Le nouveau Jay Roach encapsule toute l’ère #MeToo en revenant sur les affaires de harcèlement sexuel dont a été accusé le patron de Fox News.

C’est une affaire largement méconnue de notre côté de l’Atlantique, mais qui a remué en profondeur les États-Unis. En juillet 2016, en pleine campagne présidentielle américaine, la toute-puissante et très conservatrice chaîne d’information en continu Fox News explose de l’intérieur : son PDG et fondateur, Roger Ailes (interprété par John Lithgow), est accusé de harcèlement sexuel et de licenciement abusif par la présentatrice Gretchen Carlson (Nicole Kidman). Si le vieux bonhomme, placé au sommet par le milliardaire Rupert Murdoch, nie en bloc, d’autres présentatrices très connues du public brisent également la loi du silence... 
François Léger

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PREMIÈRE A AIMÉ

LA LLORONA ★★★☆☆
De Jayro Bustamante


Après Ixcanul(les Indiens) et Tremblements(les homosexuels), Jayro Bustamante continue à explorer le traitement violent réservé aux minorités au Guatemala, à travers le massacre des opposants au régime militaire et l’impunité accordée aux généraux génocidaires. Il s’inspire pour l’occasion de l’ex-président Efraín Ríos Montt, dont la condamnation pour crimes contre l’humanité a été prestement annulée. Bustamante raconte le retour dans son antre d’un homme qui va se retrouver peu à peu hanté par son passé. Et sa belle idée est de convoquer les codes d’un cinéma fantastique dépouillé de tout effet spécial ainsi que la légende de la Llorona pour raconter cet isolement grandissant. Il fait monter l’angoisse en jouant sur les mouvements de caméra, la composition des cadres et un travail sur le son, et en faisant du hors-champ un personnage essentiel de cette intrigue. Implacable.
Thierry Cheze

K CONTRAIRE 
★★★☆☆
De Sarah Marx

C’est une course contre la montre quasiment perdue d’avance. Celle d’Ulysse qui, à 25 ans, doit, en sortant de prison, gérer sa réinsertion et la prise en charge de sa mère dépressive. Pour cela, il faut de l’argent et vite, et donc de nouveau flirter dangereusement avec la loi. Il a un plan improvisé avec son meilleur pote : acheter un food truck et écouler des boissons à la kétamine dans des rave parties. Pour son premier long, Sarah Marx s’aventure sur le terrain du réalisme mais sans jamais le faire rimer avec misérabilisme, car on vit ce récit dans la tête de son jeune héros, persuadé, lui, d’atteindre la lumière au bout du chemin escarpé. À mille lieues de toute noirceur complaisante, ce film sous tension révèle en outre un comédien dont le charisme, la justesse et le naturel puissant justifient à eux seuls sa découverte. On n’a pas fini d’entendre parler de Sandor Funtek.
Thierry Cheze

LUCIÉNARGAS 
★★★☆☆
De Bani Khoshnoudi

Jeune gay fuyant l’Iran, Ramin débarque à Veracruz, au Mexique. Sur place, il se lie avec la gérante de son hôtel et un autre travailleur immigré… La réalisatrice d’origine iranienne Bani Khoshnoudi nourrit ce film de sa propre expérience de globe-trotteuse : elle a immigré aux États-Unis avec ses parents en 1979, s’est ensuite installée à Paris et vit au Mexique depuis 2009. Elle sait donc de quoi elle parle quand elle évoque la blessure de l’exil et la difficulté de l’adaptation à d’autres langues et cultures. Elle orchestre surtout ici la rencontre de trois solitudes dans le cadre d’une ville portuaire, synonyme de départ et d’enfermement -à force d’espérer un bateau, on reste à quai. Si Luciérnagasn’évite pas toujours les clichés (l’homosexualité refoulée de l’ami de Ramin, forcément violente), il dresse un tableau délicat et poignant de la vie en exil.
Christophe Narbonne
 

LE RÉSEAU SHELBURN ★★★☆☆
De Nicolas Guillou

Pour son troisième long, Nicolas Guillou pose sa caméra à Plouha, une petite commune côtière de Bretagne marquée par l’Occupation. Le Réseau Shelburn, mis en place par la France Résistante et ses alliés entre 1943 et 1944, s’y déploie pour évacuer en Angleterre des aviateurs britanniques tombés sur le sol français. Un film sous forme d’hommage pour le moins audacieux, qui raconte la guerre à travers le portrait d’une femme qui a réellement existé : la résistante Marie-Thérèse Le Calvez, interprétée avec justesse par Alexandra Robert. Indépendamment des effets spéciaux bon marché et d’un usage excessif des ralentis qui plonge le récit dans le pathos, le film trouve sa force dans son casting, plutôt convaincant, sa mise en scène carrée et la beauté de ses plans étirés sur la campagne bretonne.  
Julia Mothu

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ


ADORATION ★★☆☆☆
De Laurent Heynemann

Un jeune garçon en pleine nature joue avec un oiseau tombé du nid. De ses douces mains, il caresse le volatile apaisé. Cette action inaugurale, on le sait, traduit tout ce qui va suivre. Cet oiseau devenu docile va bientôt s’incarner en une jeune fille, Gloria, qui ressemble comme une soeur à Paul, son protecteur. Fabrice du Welz, à l’instar d’un Malick, par exemple, pour peu que le bagage ne soit pas trop lourd à porter, filme cette rencontre comme une caresse.
Thomas Baurez

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JE VOUDRAIS QUE QUELQU’UN M’ATTENDE QUELQUE PART ★★☆☆☆
D’Arnaud Viard

Arnaud Viard (Clara et moi) a picoré dans le recueil de nouvelles du même nom d’Anna Gavalda pour en tirer un long métrage réunissant plusieurs des protagonistes imaginés par la romancière. Dans le film, il est question d’une fratrie réunie autour de la mère de famille. Il y a Jean-Pierre, l’aîné, qui tient un peu tout le monde à bout de bras, Juliette, enceinte à 40 ans, qui se rêve romancière, Mathieu, le timide incapable de se déclarer et Margaux, la photographe radicale mais sans-le-sou. Spécialité française, le film de famille ne surprend plus le spectateur assidu qui devinera assez facilement les coutures de celui-ci et qui s’intéressera avant tout aux performances des acteurs. Chacun d’entre eux apporte sa couleur avec subtilité.
Christophe Narbonne


QU’UN SANG IMPUR ★★☆☆☆
D’Abdel Raouf Dafri

À 55 ans, le créateur de La Communeet coscénariste du Prophètepasse à la réalisation. Et on n’est pas surpris de voir cet auteur engagé explorer les plaies du passé colonial français, à travers ce colonel ayant servi en Indochine, qui traverse une Algérie en guerre pour rejoindre son ancien officier supérieur. D’emblée, on retrouve aussi bien ce qui fait le sel de son écriture (son côté rugueux, son envie d’en découdre) que les défauts d’un néocinéaste avide de rattraper le temps perdu (un goût prononcé pour une mise en scène qui se voit). Jamais Dafri ne succombe au manichéisme. Mais en pointant les ambiguïtés et la sauvagerie des deux camps, son film se perd dans des échanges trop explicatifs, rendant leur interprétation délicate. À l’exception de Lyna Khoudri et Salim Kechiouche, impressionnants de nuances subtiles dans cette exacerbation constante des sentiments.
Thierry Cheze

L’AFFAIRE MARVIN 
★★☆☆☆
De Lewis Eizykman 

Marvin, un gros chat blanc star des réseaux sociaux, devient l’égérie du leader mondial de la nourriture pour chats. Lorsqu’il disparaît subitement, ses fans crient à la conspiration. Les choses tournent au vinaigre quand les médias s’emparent de l’affaire et décident de mener l’enquête. Un premier long sous forme de faux documentaire aussi loufoque qu’intrigant pour Lewis Eizykman. A mi-chemin entre “Envoyé Spécial” et une version soft de “Groland”, le film parvient à tenir le spectateur en haleine sur la durée, grâce à de nombreuses vidéos d’archives et apparitions inattendues de guest stars qui pimentent le récit. Mais c’est sans compter sur l’humour potache, voire carrément lourdingue par moment, qui ferait presque oublier l’objectif premier du film : raconter comment un simple tweet ou post Facebook peut changer le cours de l’Histoire.   
Julia Mothu

PYGMALIONNES 
★★☆☆☆
De Quentin Delcourt

Alors qu’on débat aujourd’hui, à juste titre, de la place des femmes dans le cinéma, du manque de réalisatrices et des discriminations, Quentin Delcourt a recueilli les propos de onze femmes. Actrices, exploitantes, scénaristes, elles parlent de la différence, témoignent de leur expérience. On mesure ainsi concrètement toutes les difficultés qu’il faut surmonter, les remarques qu’il faut supporter. C’est particulièrement édifiant quand Aïssa Maïga (photo) raconte ses débuts et le regard d’une profession blanche sur une actrice noire. On a honte. Cette libération de la parole est nécessaire, comme la symbolique montée des marches au Festival de Cannes 2018 des 82 femmes que montre le film. On regrette cependant que le documentaire de facture très classique n’explore jamais les pistes de solutions possibles.
Sophie Benamon

 

PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ

BAD BOYS FOR LIFE ★☆☆☆☆
D’Adil El Arbi et Bilall Fallah

Alors que le mogul Jerry Bruckheimer s’échine à remettre à flots la franchise Pirates des Caraïbes et s’apprête à relancer Top Gun dans quelques semaines, il réactive aujourd’hui la saga Bad Boys. Ce buddy movie avait en son temps (le premier volet date de 1995) eu le mérite de mettre deux héros à la peau noire tout en haut de l’affiche d’un blockbuster. Gros pari, gros succès. Au mitan des 90’s, Jerry pouvait encore compter sur son « buddy » à lui, Don Simpson, alter-ego borderline (drogue, lifting & rock’n’roll), avec qui il avait refaçonné Hollywood (Flashdanceles premiers Tony Scott dont Top Gun…). Simpson ne verra pas l’an 2000. Bruckheimer, si.
Thomas Baurez

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Et aussi
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Reprises
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