Pedro Almodovar et Zendaya aux Oscars 2022
Pedro Almodovar et Zendaya aux Oscars 2022 / Twitter Agustín Almodóvar

Le réalisateur espagnol a raconté son week-end des Oscars façon journal de bord.

Venu défendre Madres Paralelas, qui était nommé à l’Oscar du meilleur film étranger, Pedro Almodovar est reparti bredouille. Mais, visiblement, il a apprécié son séjour, multipliant les photos et selfies avec Guillermo del Toro, Bradley Cooper, Paul Thomas Anderson, Denis Villeneuve, Al Pacino et même Zendaya. Avec un point noir, évidemment : la tristement célèbre gifle de Will Smith. 

Dans son récit, le cinéaste explique donc qu’il était venu soutenir Penélope Cruz, qui était nommée dans la catégorie meilleure actrice, mais aussi rencontrer des acteurs qu’il convoite pour son prochain film, dont le premier rôle sera tenu par Cate Blanchett et qui est adapté des livres de Lucia Berlin, Manuel à l'usage des femmes de ménage. "C’est un secret de polichinelle, mais je ne peux pas en parler, sur ordre de ma société de production, El Deseo. On ne doit pas parler de choses tant qu’elles ne sont pas signées". Anya Taylor-Joy en fait-elle partie ?

Almodovar poursuit ainsi son journal de bord, racontant par le menu son séjour à Los Angeles, entre commentaires sur les mystères de la course aux Oscars, visite du Musée de l’Académie (où une pièce était consacrée à ses films), et rencontres avec des "fans", comme le réalisateur Joachim Trier (Julie en 12 chapitres). "Je ne me lasse pas qu’on me dise : ‘j’ai grandi avec vos films’". 

Le réalisateur de Volver a aussi recroisé Paul Thomas Anderson, avec qui il avait passé une soirée mémorable à Cannes en 2002, et fait la connaissance des deux acteurs de Licorice Pizza, Alana Haim et Cooper Hoffman : "Je suis tombé amoureux d’eux, comme la caméra qui les suit dans le film". Il raconte aussi les coulisses de son cliché avec Zendaya, qui a circulé sur internet. "Je me suis comporté comme un fan. Je lui ai demandé si on pouvait prendre une photo et j’étais surpris de sa grande taille". 

Il raconte ensuite ses retrouvailles avec Robert de Niro (ils avaient reçu ensemble la Légion d’honneur à Cannes en 1992), s’amuse du comportement de groupie de Javier Bardem avec Al Pacino, décrit son émotion devant l’hommage au Parrain et les retrouvailles du trio de Pulp Fiction (Uma Thurman, Samuel L. Jackson et John Travolta), jusqu’à la fête post-cérémonie où il continue à scruter les actrices qu’il convoite. La soirée était trop longue, mais Pedro ne refuserait jamais une invitation des Oscars : "C’est ma faiblesse".

En conclusion, Almodovar se résout finalement à commenter l’affaire Will Smith, à contre coeur, car il reproche à son coup de sang d’avoir éclipsé le reste : 

"J’étais à peine à quatre mètres quand ça c’est passé. Sur les photos prises d’en haut, c’est moi la petite tête blanche que vous voyez. 

Je refuse de laisser cet épisode prendre la place dans une cérémonie où bien d’autres choses bien plus importantes se sont déroulées. Par exemple, Drive my Car, de loin mon film favori de l’année, a remporté le meilleur film étranger. Et aussi Summer of Soul, mon documentaire préféré. 

Ce que j’ai vu a généré chez moi un sentiment de réjection absolu. Pendant l’épisode, mais aussi après, lors du discours de remerciement qui m’a fait penser à celui d’un chef de secte. On ne défend pas ni ne protège sa famille avec ses poings, et non, le diable ne profite pas des moments clés pour faire son travail. 

En réalité, le diable n’existe pas. C’était un discours fondamentaliste qu’on ne devrait ni écouter ni voir. Certains affirment que c’était le seul moment vrai de la cérémonie, mais ils parlent du monstre sans visage que sont les réseaux sociaux. Pour eux, avides de charognes, c’était sans aucun doute le plus grand évènement de la soirée. 

Je raconte ces moments avant que la voiture ne vienne nous chercher pour qu’on rentre à Madrid. Au revoir. Au fait, retournez au cinéma !"

Vous pouvez lire l’intégralité du journal de bord sur le site d’Indiewire (en anglais) et de El Diaro (en espagnol).