Affiches sorties de film mercredi 5 octobre 2022
StudioCanal/ Sony Pictures Entertainment/ Universal

Ce qu’il faut voir en salles.

L’ÉVÉNEMENT
NOVEMBRE ★★★☆☆

De Cédric Jimenez

L’essentiel

Le « film sur le 13 novembre » de Cédric Jimenez veut être un pur film d’action et rien d’autre. Et c'est réussi.

Après la polémique Bac Nord, Cédric Jimenez l'avait affirmé : « un film reste une œuvre cinématographique et il ne peut pas devenir un objet politique ». Et en voyant Novembre, la logique semble rester la même : le film a beau raconter la traque des terroristes du Bataclan dans les trois jours qui suivent les attentats de 2015, il n'y a décidément pas de place pour une quelconque démarche politique dans l'espace de cinéma de Jimenez. Novembre n’est effectivement conçu de son point de vue de réalisateur que comme un film d'action pure, fonctionnant sur l'enchaînement des évènements (vus uniquement du côté policier) le plus brut possible. Les attentats -complètement laissés hors champ- déclenchent donc une machine de guerre et de cinéma. Et le résultat se révèle d'une efficacité redoutable, comme un Zero Dark Thirty dépouillé de sa dimension tragique, jusqu’à l’explosion finale cathartique, et donc politique, quoi que le réalisateur en dise. Face au chaos du monde, Jimenez cherche peut-être à rétablir l’ordre et la morale.

Sylvestre Picard

Lire la critique en intégralité

PREMIÈRE A AIME

DRAGON BALL SUPER : SUPER HERO ★★★☆☆

De Tetsuro Kodama

En 2018, débarquait dans les salles Dragon Ball Super : Broly , adaptée du reboot du manga d'Akira Toriyama, un film de superhéros tout à fait satisfaisant, parfois même très excitant en termes d'ampleur. Mais rien de commun avec ce Dragon Ball Super : Super Hero. Car là où Broly suivait une structure plutôt banale, Super Hero désarçonne : un très long prologue met en place le plan de l'Armée du Ruban Rouge, fameux adversaire de Son Goku. Une intro réjouissante, dont le tempo lent permet d'apprécier au mieux les hilarantes trouvailles de design conçues par Toriyama et son équipe et de mieux découvrir les personnages secondaires -Piccolo, Gohan- qui vont affronter les "superhéros" du titre. Ce décentrage de l'intrigue est une vraie bonne idée : Vegeta et Goku sont complètement mis à part du film et ne sont là que pour une scène, laissant donc toute la place aux autres… et aux ruptures de rythme, aux vannes, à la fraîcheur de Docteur Slump que Toriyama avait laissé tomber au milieu des années 90. Dragon Ball Super : Super Hero montre que la nostalgie et le fan service ne sont pas des fatalités si horribles que ça. A condition d'être entre de bonnes mains, et de refuser certaines dynamiques qu'on pourrait croire inévitables.

Sylvestre Picard

Lire la critique en intégralité

TORI ET LOKITA ★★★☆☆

De Luc et Jean- Pierre Dardenne

Tori et Lokita raconte le parcours de deux jeunes héros modernes, un garçon et une fille qui s’aiment comme frère et sœur, exilés en Belgique, loin de leur Afrique natale. Leur quotidien est fait de petits boulots, de lenteurs administratives, de pressions constantes… Les Dardenne ont l’habitude de ne jamais laisser souffler des personnages obligés d’évoluer dans des espaces de plus en plus réduits et encombrés. Cette inéluctable claustration rend compte d’un monde sauvage à priori invisible que leur caméra superpuissante, révèle en extra-large. Plus que la réalité représentée dont la part documentaire saute au visage, c’est une forme de transfiguration par le récit qui sidère à chaque fois. Tori et Lokita est ainsi un pur thriller électrisé par un suspense permanent, où les deux protagonistes accrochés l’un à l’autre, se muent en super-héros. Les Dardenne croient aux vertus d’un art capable de sublimer sans les dénaturer, des êtres disqualifiés par une société qui préfèrent oublier qu’ils existent.

Thomas Baurez

Lire la critique en intégralité

LA COMBATTANTE ★★★☆☆

De Camille Ponsin

Le titre de ce premier long documentaire ne ment pas. Âgée de 90 ans, Marie- Josée Tubiana, est une combattante. Ethnologue à la retraire, spécialiste du Darfour, elle met chaque jour ses compétences au service de réfugiés fuyant la crise humanitaire en cours depuis 20 ans dans ce coin du monde pour authentifier leur récit auprès des autorités compétentes afin que leur demande d’asile soit acceptée. Camille Ponsin filme ces échanges et les mêle à des images d’actualité et à des extraits des films réalisés par cette élève de Jean Rouch lors de ses voyages passés dans une région alors en paix. Ce parti pris apporte un regard original sur les rescapés du génocide du Darfour, permettant de creuser par son expertise généreuse un sujet souvent survolé. Et le film est à son image : bienveillant, attachant, passionnant, émouvant. Jamais mièvre et toujours vif.

Thierry Cheze

UN BEAU MATIN ★★★☆☆

De Mia Hansen- Love 

Le précédent Mia Hansen- Love, le si majestueusement mélancolique Bergman Island, semblait la conclusion d’un cycle pour elle, symbolisé par sa première sélection en compétition à Cannes. Comment rebondir après une forme d’aboutissement, en plus, accueillie avec une certaine tiédeur ? La cinéaste choisit pertinemment de la jouer mezzo voce à travers un portrait de jeune femme (Léa Seydoux, lumineuse) élevant seule sa fille, confrontée à la grave maladie de son père et au retour impromptu dans sa vie d’un ami perdu de vue. Un beau matin évolue donc en permanence entre l’angoisse de la fin de la vie et la possibilité joyeuse d’un nouvel amour au chemin cependant tortueux. Sa délicatesse d’écriture y fait une fois encore merveille dans un récit souvent poignant mais non dépourvu d’humour (notamment grâce à Nicole Garcia, une fois encore savoureuse dans le rôle de la mère de l’héroïne).  

Thierry Cheze

LICU, UNE HISTOIRE ROUMAINE ★★★☆☆

De Ana Dumitrescu

Il était une fois, un vieux Roumain de 92 ans assis sur le lit de sa chambre. Autour, des bibelots amassés aux quatre coins de la pièce, vestiges du passé, et des photos d’époque par centaines. Dans ce décor, l’homme raconte sa vie, l’époque communiste aride et autoritaire sous Ceaucescu, « l’épée de Damoclès permanente », le régime de surveillance, la Seconde Guerre mondiale, les vacances libres à la mer, la paix, la guerre, la révolution. La Roumanie moderne, « nouvelle colonie de l’UE ». La caméra reste braquée sur le vieillard, devenu conteur d’une vie, d’une époque. On observe l’homme fouiller dans sa mémoire, extraire quelques souvenirs plus ou moins heureux, remplir des Sudoku... La mise en scène audacieuse, toute en noir et blanc, flirte, sans la craindre, avec l’austérité, et participe au caractère assez fascinant de ce documentaire. 

Estelle Aubin

ANIMA BELLA ★★★☆☆

De Dario Albertini

On s’aventure dans ce film guidé par Gioia, 18 ans, au milieu de territoires en friches. Gioia avance un peu comme jadis la Rosetta du film des Dardenne, toujours un peu encombrée et empêchée mais solide dans sa progression. Le cadre et le territoire se dessinent par petites touches impressionnistes. C’est une Italie secrète, figée dans le temps, une Italie pauvre où tout se monnaye au jour le jour. Soudain Gioia s’arrête et bifurque. Son père, accroc aux jeux d’argent, est acculé de dettes. L’adolescente, orpheline de mère, prend en charge ce fardeau, inquiète mais combattante. Il y a quelque chose d’intrigant dans ce mélange de pureté et de brutalité. La grâce de l’héroïne l’érige en sainte. Discrète, elle ne cherche pas pour autant une lumière divine. La mise en scène se met au diapason. Tout ça tient du miracle.

Thomas Baurez

Retrouvez ces films près de chez vous grâce à Première Go

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

TICKET TO PARADISE ★★☆☆☆

De Ol Parker

Deux insupportables cabots qui ne peuvent pas se supporter depuis leur divorce doivent oublier leurs rancoeurs pour assister au mariage de leur fille à Bali, et espérer peut-être le saboter... Même si l'on ne croit pas un seul instant à leur haine mutuelle, Julia Roberts et George Clooney sont toujours formidables quand ils se chiffonnent pour un oui ou pour un non, et on pourrait mater ça en boucle. Le problème est que le film, bien trop long, esquive en fin de compte son sujet de comédie réjouissant pour passer en mode romance sérieuse sur les choix de vie et leurs lourdes conséquences. En gros : trop de rom et pas assez de com pour notre goût. Heureusement, le générique de fin comporte un bêtisier inattendu, avec une bonne vanne sur Brad Pitt... et un petit truc à la fois marrant et gênant (pour George) sur Batman, qui serait presque une vraie raison de voir le film à lui tout seul.

Sylvestre Picard

Lire la critique en intégralité

ÊTRE PROF ★★☆☆☆

De Emilie Therond 

Il est de ces documentaires qu’on sait important. Dès les premières images, on est saisi. Par les plans d’ensemble, les géniales protagonistes, le sujet. Trois maîtresses font la classe dans des contrées reculées de leur pays – sur une école-bateau des terres inondées du Bengladesh, dans les broussailles fétides du Burkina Faso et dans un campement enneigé en Sibérie-, là où le taux de scolarisation et d’alphabétisation sont très faibles. Mais passées les premières séquences, aussi poignantes soient-elles, le documentaire s’engouffre dans un trop-plein de bons sentiments et devient superficiel, répétitif, presque trop scolaire. La voix off, interprétée par Karin Viard, se fait surplombante et les longues scènes, intimes et introspectives, entre l’institutrice et les élèves, finissent par manquer. 

Estelle Aubin

PREMIÈRE N’A PAS AIME

UNE FEMME DE NOTRE TEMPS ★☆☆☆☆

De Jean- Paul Civeyrac

On attendait avec curiosité le nouveau Civeyrac. D’abord parce qu’il succède au sommet de sa carrière, le magistral Mes provinciales, loin d’avoir eu l’écho qu’il méritait. Ensuite car il s’y confronte pour la première fois à une actrice star, en l’occurrence Sophie Marceau en commissaire de police confrontée à la révélation de la double vie de son mari. Et la déception se révèle à la hauteur de cette double attente. Car Civeyrac ne trouve jamais le bon ton pour raconter la descente aux enfers de cette femme intègre métamorphosée en meurtrière vengeresse. On voit le malaise qu’il cherche à créer tout apparaît ici à la fois trop salacement gratuit – notamment sa mise en scène des ébats sexuels - et pas assez empreint de cette dinguerie bizarre dont il semble rêver. Et si on finit par sourire voire rire devant le grotesque des situations, c'est toujours contre le film et jamais avec lui.

Thierry Cheze

L’ORIGINE DU MAL ★☆☆☆☆

De Sébastien Marnier

Une femme travaillant dans une conserverie (Laure Calamy) rencontre pour la première fois son père (Jacques Weber), un riche industriel. Il l’invite dans sa villa de la Côte d’Azur, où elle est accueillie fraîchement par les autres membres de la famille, un peu perchés, qui semblent avoir des comptes à régler avec le patriarche… Voilà pour le point de départ de L’Origine du mal, qui pourrait être celui d’une saga de l’été du service public, mais que Sébastien Marnier (Irréprochable) entend repeindre aux couleurs d’une satire chabrolienne. De Palma semble être une autre de ses références (split-screen faisant foi), mais justement : il aurait fallu injecter plus de folie baroque à la mise en scène, pour définitivement larguer les amarres de la raison, et qu’on ferme les yeux sur les invraisemblances du script et sa théâtralité surannée. En l’état, malheureusement, on ne voit que ça.

Frédéric Foubert

 

Et aussi

Eiger face Nord de Gerhard Baur

40 jours, 4 criollos et du silence de Jean- François Pignon

Les reprises

Anna, de Alberto Grifi et Massimo Sarchielli

The Party, de Blake Edwards