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Ce qu’il faut voir cette semaine.

L’ÉVENEMENT

120 BATTEMENTS PAR MINUTE ★★★★☆
De Robin Campillo

L’essentiel
Chronique des années Act-Up Paris :  la Palme du cœur de Cannes.

L’unanimisme prend toujours des airs de triomphe, c’est son défaut. Sa faculté à fédérer et à enivrer sur la base de l’entraînement, de l’unisson et de la conviction partagée fonctionne en trompe l’œil, sur le modèle du mouvement de foule qui emporte tout sur son passage, au risque d’écraser toute nuance. A Cannes en mai dernier, le film consensus, la fameuse « Palme du cœur », c’était lui, le troisième long-métrage d’un des plus grands « perdants » que le cinéma français ait connus, Robin Campillo.
Guillaume Bonnet

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PREMIÈRE A AIMÉ

NÉS EN CHINE ★★★★☆
De Lu Chuan

Imaginez un film sur des lamas réalisé par Steven Spielberg. Vous aurez une idée assez juste de Nés en Chine. A l’origine il s’agit d’un documentaire sur les animaux rares de l’Empire du Milieu commandé par Disney. La panthère des neiges, le panda, le singe doré et les grues du Japon. Les quatre animaux magiques du Kung Fu captés dans leur environnement, traqués par les caméras et les drones. C’est très beau, très cinégénique et la voix-off pédagogique (la marque des films Disney Nature) fait vaillamment son office.
Gaël Golhen

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PREMIERE A PLUTÔT AIMÉ

LES PROIES ★★★☆☆
De Sofia Coppola

Une gamine sautille dans les bois, un panier à la main, à la cueillette des champignons. Elle n’a ni capuche sur la tête, ni ciré rouge sur le dos. Dans ce film, il faut s’y faire, les fillettes sont habillées en blanc. Tapi auprès d’un arbre, le loup y perd toute once de férocité. D’emblée, il semble docile, dompté, inoffensif. Il a le sourcil fourni, la barbe drue et le verbe doux de Colin Farrell. Il a surtout une fracture ouverte à la jambe.
Guillaume Bonnet

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CIEL ROUGE ★★★☆☆
D’Olivier Lorelle

Propulsé par une musique synthétique lourde, Ciel rouge s'ouvre sur des panoramas surplombant une jungle dense, rappelant certaines des étendues sauvages de The Lost City of Z, le dernier James Gray. Mais derrière ce paysage exotique et menaçant, il n'y a pas de place ici pour l'exploration. Olivier Lorelle raconte un épisode de la guerre d'Indochine. Une guerre dure, sale et implacable. C'est l'histoire d'un soldat français, Philippe, qui préfère prendre la tangente avec sa prisonnière vietminh plutôt que de la torturer à mort. De cette échappée belle et impromptue, qui place instantanément le film dans l’orbite de l’Outrages de Brian De Palma, naît une relation ambiguë entre la victime et son ancien tortionnaire, d'abord ennemis au regard de leur idéaux et de leurs nations respectives, mais qui vont ensuite se serrer les coudes dans l'adversité d'un environnement naturel violent avant de devenir peu à peu amants. Le réalisateur arrive à instaurer avec les moyens du bord un climat de peur minimaliste et terrifiant, comme dans cette scène claustrophobe où le couple tente de s'abriter dans des galeries souterraines. Ciel rouge s'interroge également sur les ravages psychologiques de la guerre et les limites de l'engagement patriotique. Entre caméra à l'épaule et envolées de steady-cam façon Terrence Malick (l’ombre du génie texan plane assurément ici, du spectre de La Balade Sauvage à ceux de La Ligne Rouge et du Nouveau Monde), c’est un film de guerre atypique et une superbe romance érotique.
François Rieux

UPSTREAM COLOR ★★★☆☆
De Shane Carruth

Après Primer (révélé à Sundance en 2004), ce deuxième long-métrage de l'homme-orchestre Shane Carruth (il est aussi directeur de la photo, scénariste, monteur, acteur et compositeur) échappe à toute catégorisation, ce qui explique pourquoi il a mis aussi longtemps à arriver sur nos écrans (il date de 2013). Le début s'apparente à un thriller de science-fiction avec le kidnapping d'une femme qui subit un lavage de cerveau et se fait siphonner son compte en banque. L'énigme qui s'ensuit ne ressemble à rien de connu. Alors que l'héroïne tente de rassembler les morceaux de sa vie, elle rencontre un ex-trader également désorienté, avec lequel elle partage certains fragments de mémoire. Parallèlement, un éleveur de porcs démiurge et mélomane semble tirer les ficelles d'une affaire impliquant des asticots hallucinogènes, des échanges de cellules entre humains et gorets, des orchidées mutantes et des émissions de liquides colorés dans la rivière locale. Il est facile de se laisser fasciner par l'élégance du langage cinématographique fluide, elliptique et parfaitement maîtrisé, dont la logique fugitive (à défaut de narrative) repose sur des correspondances visuelles et sonores très assurées. On a l'impression d'écouter un conte raconté dans une langue magnifique sans comprendre sa signification. S'il fallait trouver un équivalent aussi radical, on pourrait citer Terrence Malick, un autre Texan dont les récents films s'affranchissent du rationnel au profit du sensoriel. A l'évidence, ça va diviser.
Gérard Delorme

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

HITMAN & BODYGUARD ★★☆☆☆

De Patrick Hughes

Le tueur à gages et le garde du corps. Samuel L. Jackson et Ryan Reynolds. Nick Fury et Deadpool. Tout est dans le titre, et sur l’affiche… Il ne faudra pas vous plaindre à la sortie si vous trouvez que Hitman & Bodyguard a un air de déjà vu : tous les voyants clignotent pour vous faire comprendre que vous vous apprêtez à voir le film le plus générique du monde. Entertainment Weekly a intitulé sa critique “Hitman & Bodyguard est un film d’avion correct (an OK airplane movie)”, ce qui est sans doute la façon la plus limpide de résumer l’affaire. Pourtant, bizarrement, malgré toutes les précautions prises par le marketing et le “concept” du film, celui-ci a besoin d’une énorme demi-heure d’exposition avant de réellement se mettre en jambes. Ryan Reynolds joue un ancien bodyguard déchu, toujours amoureux de son ex (Elodie Yung, l’Elektra de la maison Marvel/Netflix, parfaite, comme d’hab’), qui doit escorter un tueur à gages à travers l’Europe, jusqu’à La Haye, afin de confondre un affreux criminel de guerre (Gary Oldman, de passage).
Frederic Foubert

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Et aussi

Mort à Sarajevo de Danis Tanovic

Reprises

I magliari (Profession, Magliari) de Francesco Rosi