Toutes les critiques de Tout sur ma mère

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Que reste-t-il dans une vie quand l'enfant unique, cristallisation d'une vie, meurt accidentellement, au seuil du passage à l'âge adulte ?
    Pour le savoir, l'héroïne du dernier Almodovar, transporte son chagrin de Madrid à Barcelone afin de retrouver les fantômes du passé, amis et mari d'une vie antérieure. Esteban, le fils, voulait avoir un père et devenir écrivain. Sa mère, Manuela, s'engage dans cette double quête, généalogique et esthétique, dans un monde démasculinisé, où les hommes ne peuvent être que des travestis, des vieux précoces atteints d'alzheimer ou des psychopathes consommateurs de plaisirs prostitués. Le film s'appuie sur des références récurrentes à la pièce de Tennessee Williams Un tramway nommé désir. Pas de doutes : à moins de mourir jeunes ou de changer de nature (devenir femme, redevenir un enfant), tous les hommes sont des salauds.Dans un Barcelone ambiguë, tantôt petit-bourgeois, tantôt bidonville underground pour camés destroy, le scénario du film restitue les enchaînements implacables, toujours logiques et parfaitement chronométrés de nos vies. Contre cet engrenage qu'il faut bien faire mine d'oublier, la richesse et l'impact comique des dialogues offrent un contraste saisissant, à l'image de notre schizophrénie quotidienne. Manuela l'infirmière se réfugie dans le divertissement existentiel et se met au service d'autres femmes pour occulter sa blessure. Elle accède ainsi à une nouvelle vie pour devenir cette " mère universelle " que Brassens célèbre dans la Jeanne.Révélation cannoise, Tout sur ma mère est une réussite émouvante et drôle. Cecilia Roth (Manuela), Marisa Paredes (Huma Rojo), Pénelope Cruz (Rosa) et Antonia San Juan (Agrado) forment un quatuor étonnant et très attachant. Quatre figures de femme pour quatre destins hors du commun. En mettant en commun leurs malheurs, elles recomposent une humanité généreuse et responsable.Tout sur ma mère
    De Pedro Almodovar
    Avec Cecilia Roth, Marisa Paredes, Candela Pena
    Espagne, 1998, 1h40.
    Sur Flu :
    - La chronique de l'expo Almodovar (2006)
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    - Tags : Pedro Almodovar, Cinémathèque française