Toutes les critiques de Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street

Les critiques de Première

  1. Première
    par Julien Welter

    Dans Sweeney Todd, l'ombre de ses débuts pèsent, mais le défi d'un genre différent, le gore et les retrouvailles avec Johnny Depp (parfait comme toujours) suffisent à tirer le cinéaste vers le haut. Sans égal, Burton organise un petit théâtre de la cruauté qui s'enfonce jusqu'au cou dans le sang, la violence et la tourte aux humains. Jubilatoire.

  2. Première
    par Jean-François Morisse

    Faut-il s’extasier systématiquement devant le génie de Tim Burton ? Pas sûr. Avec Sweeney Todd Burton s’essaie à un genre en désamour dans notre verte contrée : la comédie musicale. Bien sûr, la mise en scène témoigne d’une réelle maîtrise technique, la gestion de la lumière témoigne de la virtuosité du réalisateur, les décors et costumes sont magnifiques mais l’intrigue linéaire au possible et un Johnny Depp toujours brillant mais monolithique enlèvent à l’ensemble le peu de relief qu’on aurait pu espérer. Les chansons se suivent et se ressemblent au gré de cette histoire sanguinolente et très vite convenue. Malgré tout le talent de Burton, Sweeney Todd lasse. Enchaîner les berceuses pendant 1h30 n’était peut-être pas une si bonne idée.

Les critiques de la Presse

  1. Télérama
    par Louis Guichard

    Il n'empêche : troublant dans le détail (la fille de Sweeney est jouée par un clone adolescent de Vanessa Paradis), le film l'est aussi par ses définitions implicites du genre humain (tous des cannibales) et du couple (une association de malfaiteurs au mieux). Tim Burton ne transcende ce nihilisme que par l'outrance, la démesure, la surenchère, préférant notamment finir sur une image d'apocalypse plutôt que sur celle des rares survivants à l'infernale spirale de l'abjection et du malheur. Il a beau avoir retiré un peu d'hémoglobine à la demande de la Warner, sa « comédie » musicale est l'une des choses les plus ahurissantes qu'on ait vues sortir de Hollywood depuis longtemps. Au-delà du spectacle d'origine et du spectacle à l'écran, voilà bien un geste d'artiste, un geste libre et saisissant.

  2. Le Monde
    par Jean-Luc Douin

    Ce musical gore tire en partie sa splendeur visuelle de la variété des tons macabres, une dominante de noirs évocatrice du cinéma muet, où le rouge du sang qui gicle comme au grand guignol stylise les images d'horreur autant qu'il rappelle ce que Londres doit à la préférence chromatique des vampires (boîtes à lettres, cabines téléphoniques, figures de cire). En contrepoint, les flash-back et scènes fantasmatiques éclatent de couleurs vives, comme des chromos.

  3. Le JDD
    par Stéphanie Belpêche

    Tim Burton signe une oeuvre intense, complexe, avec ce soin du cadre et cet esthétisme qui le caractérisent. Johnny Depp, qui arbore un look victorien gothique, fait preuve d'une incroyable aisance. La narration captivante évoque celle des grandes tragédies.

  4. Back in black pour Tim Burton qui s’est déchaîné sur les costumes et les décors gothiques. Morbide à souhait Sweeney Todd réunit la dream team : Burton, Depp et Bonham Carter. Ne manque que Danny Elfman. Car si le film rend bien justice au musical de Steven Sondheim, la musique parfois un peu trop typée « Broadway » n’est pas toujours à la hauteur du génie visuel de Burton. On retrouve avec une joie sadique l’univers des crapules des bas-fonds cher au grand Tim. Avec ses couleurs désaturées et ses feux d’artifices d’hémoglobine, Sweeney Todd est assurément une nouvelle réussite à ajouter au palmarès de Burton.

  5. Pariscope
    par Virginie Gaucher

    Dans un Londres aux pavés luisants, suintant la crasse et la misère, Tim Burton adapte une comédie musicale, rend hommage à Dickens et donne un conte gothique de la plus belle eau. Noir très noir et encore plus que cela, si possible. Exceptées quelques chansons qui apportent une très mince dose d’humour, on est loin des récits macabres mais charmants ou chocolatés d’hier (« Charlie et la chocolaterie » ou « Les noces funèbres de Tim Burton ») et même de l’effrayant « Sleepy Hollow ». Après un très beau générique qui suit le chemin d’une coulée de sang vermillon, place à Sweeney le raseur, avatar de Jack l’éventreur , face obscure d’un « Edward aux mains d’argent » désespéré avec lequel Johnny Depp émeut, effraie. La photographie glacée de Dariusz Wolski, les magnifiques décors de Dante Ferreti sont l’écrin des horreurs et des malheurs d’une condition humaine où personne n’est innocent.

  6. Fluctuat

    Après quinze ans dans une prison australienne, Benjamin Barker regagne Londres avec une seule idée en tête : se venger de l'infâme Juge Turpin qui le condamna pour lui ravir sa femme et son bébé. Sous le nom de Sweeney Todd et avec l'aide de Mrs Lovett, il met alors sa vengeance à exécution. Un retour de tim burton inégal mais à la noirceur flamboyante.- Voir l'entretien vidéo avec Tim Burton et Johnny Depp - Exprimez-vous sur le forum cinémaLe retour de Tim Burton à un univers qui a fait son succès et sa réputation a de quoi susciter autant d'angoisse que d'excitation. L'adaptation de Sweeney Todd, musical de Broadway, force en effet l'enthousiasme rien qu'à l'idée d'imaginer Burton se confronter enfin, après ses essais par l'animation (L'Etrange Noël de Mr Jack), à un projet en musique là où toute son oeuvre baignait déjà dans une atmosphère non dénuée de lyrisme. Il faut reconnaître que le pari est audacieux et que le film, malgré trop d'inégalités, finit par séduire. La faiblesse tient ici à un malaise, au fait que Burton n'arrive pas toujours à souligner avec la mesure nécessaire les inflexions de son récit. Faiblesse de mise en scène donc, qui aplatit l'intensité émotionnelle de certaines séquences, crée une forme de rétention sur la musique, et ne donne pas aux comédiens l'enveloppe qu'ils méritent et vers laquelle tend pourtant un scénario remarquable.Mais la déception propre à cette absence de virtuosité qui fait que Sweeney Todd s'avère du point de vue du genre un médiocre musical est largement compensée par les entrelacs lugubres de son atmosphère et la vision qu'il propose. Car jamais le monde de Burton n'a été si sombre, jamais ses obsessions n'ont été à la fois si nettes et si contrastées. Débutant comme un drame lyrique, Sweeney Todd passe soudainement au mélodrame, continue en conte macabre, pour finir en tragédie romantique. Au fil d'une déchéance psychologique et à travers un monde déliquescent, Burton filme la longue dérive contrariée des sentiments et du désir, des personnages aux motivations ambiguës, sur lesquelles l'auteur ne tranche jamais. Au final, Sweeney Todd raconte l'histoire d'un conflit entre les ténèbres et la lumière, le moment où la colère devient une folie entropique, là où l'homme noie le monde dans son désespoir. C'est ici que Burton retrouve les inflexions musicales voulues par son récit, dans cette évolution tonale des genres qui s'enchaînent dans un précipice obscur où s'égarent ses personnages. Le pari du film n'est alors pas complètement tenu dans son esthétique, mais la puissance affective l'emporte, et c'est bien l'essentiel. Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street De Tim Burton Avec Johnny Depp, Helena Bonham Carter, Alan Rickman, Sacha Baron Cohen Sortie en salles le 23 janvier 2008Illus. © Warner Bros. France- Exprimez-vous sur le forum cinéma - Voir l'entretien vidéo avec Tim Burton et Johnny Depp - Lire les fils réalisateur, acteur, musique au cinéma sur le blog cinéma - Tim Burton sur Flu : lire les critiques de Sleepy Hollow, La Planète des Singes, Big Fish, Charlie et la Chocolaterie, Les Noces funèbres

  7. Elle
    par Anne Diatkine

    Hélas, trois fois hélas, notre coeur est resté sec et nos yeux aussi ! De fait, si le film a un intérêt, c'est de se situer au 20e degré de ce qu'il narre - ce qui est beaucoup trop élevé pour nous. Comme toujours chez Tim Burton, tout est minutieusement écrit. Si bien préparé que ce film morbide a l'attrait d'une visite au musée Grévin.

  8. Paris Match
    par Alain Spira

    Avec ce Sweeney Todd, plus le film se déballe, moins on est emballé. Bien sûr, ce magicien de l'image impose son ton visuel à l'ambiance très Dickens du récit, mais le parti pris d'un drame musical où les acteurs, Depp en tête, entonnent la chansonnette ne convainc pas.