La dernière piste

Comme dans son précédent film, Wendy & Lucy, Kelly Reichardt utilise la forme classique du road-movie pour porter un regard âpre et personnel sur la mythologie américaine. (...) le film invite à remettre en question l'autorité, les dogmes, la nécessité de croire, ainsi que le rôle des femmes. Visuellement, le format carré de l’image, très inhabituel dans cette ambiance de western, renforce la sensation de malaise éprouvée par l'homme quand il est placé dans un cadre inhospitalier.

Il y a chez Kelly Reichardt un goût de la beauté et une élégance naturelle qui semblent parfois se suffire à eux-mêmes.

La réalisatrice d’Old Joy relit le mythe de la conquête de l’Ouest et substitue à l’épopée un réalisme dur et coupant.

Rescapé de Venise, La Dernière piste confirme la grandeur du cinéma de Kelly Reichardt. Avec ce western aux images folles qui réinvente le genre pour revenir à la source de son mythe, la cinéaste film une oeuvre fascinante sur l'espace américain et les hommes qui lui ont donné du sens.

Magnifique western contemplatif et bressonnien, "la Dernière Piste" pose la question de l’absurde et de la foi, se recentre sur une femme forte (Michelle Williams), opte pour un format carré qui rappelle la peinture, distille une certaine ironie (la première scène montre les personnages trempés traversant une rivière) et incite à une lecture contemporaine : des Etats-Unis vus comme un pays perdu.

(...) une oeuvre qui ressuscite le sentiment perdu des origines en même temps qu'elle renouvelle la lecture de l'Histoire.

Le film produit un violent contraste avec tous les westerns vus jusqu’à présent, même ceux que l’on a qualifié de contemplatifs (...) L’impression de véracité historique et le geste d’ultrastylisation minimaliste vont de pair, le film gardant l’équilibre entre naturalisme et allégorie.

Du cinéma-vérité fascinant.

Le film déroule sa beauté minérale, n'évite pas l'ennui et ne refuse pas non plus, partant du principe qu'il habite aussi les personnages.

Mise en scène épurée et acteurs d'une grande justesse.

Le film-là souffre d'un trop grand manichéisme (...) Cependant, au sortir de La Dernière Piste, on est encore envoûté par certaines scènes ...

En plongeant sa caméra au cœur du désert américain pour sonder le mythe fondateur de la conquête de l’Ouest, Kelly Reichardt s’est égarée en chemin et ne livre qu’un film ennuyeux et curieusement vide de sens.