Toutes les critiques de L'un reste l'autre part

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Personnalité controversée, nabab du paysage cinématographique français, Claude Berri intrigue. Sa nomination à la présidence de la Cinémathèque Française, sa volonté de faire du premier étage de ce nouveau lieu un musée d'art contemporain où admirer sa collection personnelle, donne lieu à une levée de boucliers. En marge de ses responsabilités, il signe aujourd'hui un film honnête. C'est uniquement de ce film qu'il est ici question.
    Berri est un personnage. Tant dans le paysage du cinéma que dans celui, plus large, du monde de l'art. Grand collectionneur, il n'a jamais caché sa vie et les déboires qu'elle lui a offerts. Au titre de l'intérêt mondain, il signait il y a peu une autobiographie dans laquelle il parlait notamment de son nouvel, bel et grand amour, celui qu'il éprouve pour une femme plus jeune que lui : l'écrivain Nathalie Rheims. Dans le prolongement de cette relation passionnelle, elle participe à la production du dernier film du réalisateur et en écrit la chanson finale. A l'image de L'un reste, l'autre part, tout cela ne porte pas vraiment à conséquence. Pas de bouleversement ni de grande rencontre artistique, mais indéniablement un moment agréable pendant lequel on nous aura simplement raconté une histoire vraie.L'affiche a prévenu, le titre est explicite. Deux couples, installés depuis plus de quinze ans. Deux hommes qui rencontrent deux femmes et ont avec elles une relation extraconjugale. L'un reste, l'autre part, quitte sa première femme pour vivre un autre amour. Deux histoires pour un film manichéen. L'un est un salaud naïf et coureur, l'autre tient le beau rôle et tente d'assumer. Les femmes, elles, ne se posent pas de telles questions. L'amour et ses conséquences semblent pour elles tenir de l'évidence, il faut juste savoir comment le vivre. Tandis que les hommes prennent du temps, risquent de perdre ces femmes qu'ils aiment à force de se demander s'ils peuvent s'engager.Claude Berri ne cherche pas à donner de leçons. Il ne cache pas les grosses ficelles du conte de fées ici employées. C'est sans doute pour cela aussi que le film est attachant. Outre des acteurs en pleine forme, mis à part Pierre Arditi un peu trop cabot pour être vrai, tout est efficace. Le montage des deux histoires en parallèle donne du relief à chacune d'elles et on se dit que la mise en scène, invisible, passera très bien à la télévision. Cette réflexion tendrait à conclure que le cinéma n'est ici qu'un prétexte. C'est sans doute vrai, mais il s'agit d'un prétexte assumé dont la motivation première est des plus honorables. Nathalie était le titre d'une chanson populaire, Berri en a fait l'objet d'un film comme pour mieux crier son amour à tue-tête. Son amour d'une femme, certes, mais aussi son amour de l'art.En effet, nos deux héros sont marchands. Si le volage tient une galerie d'art premier, le second est spécialisé dans le meuble signé. Dans le champ : Sénoufo, Igbo, Yombé, des pièces d'art contemporain, une table de Prouvé, des masques, des reliquaires, des statuettes. Berri situe un de ses personnages chez Jean Leloup - l'un des plus importants galeriste de la place de Paris -, d'autres figures du marché de l'art font de la figuration. Des citations et des hommages, là aussi il s'agit d'amour. Tout cela pourrait être interprété de telle ou telle manière. L'art africain plus ou moins érotique qu'un autre ? Là n'est pas vraiment la question. Seul importe qu'il soit considéré, regardé, transmis, qu'on y prenne garde et attention, qu'on témoigne de son existence. Un peu comme les histoires d'amour. Simplement cela, mais c'est déjà beaucoup.L'un reste, l'autre part
    Réalisation : Claude Berri
    Avec : Nathalie Baye - Charlotte Gainsbourg - Daniel Auteuil - Pierre Arditi - Marion Vernoux
    Sortie le 12 janvier 2004
    France, 2004 - 1h49 min[Illustration : L'un reste, l'autre part. Daniel Auteuil et Charlotte Gainsbourg. Photo © Pathé Distribution]
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