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À l’occasion de la diffusion ce soir, sur Arte, de Tigre et Dragon, nous avons sélectionné le meilleur du génial chorégraphe Yuen Woo Ping.

À l’exception du public asiatique et d’une poignée d’aficionados, personne en Occident ne connaissait Yuen Woo Ping avant Matrix. Le film matriciel des frères Wachowski, combinaison de références, de genres et d’effets, en a fait une superstar internationale en 1999 et mis en lumière un métier méconnu de par chez nous : chorégraphe de scènes d’action. Le cinéma de genre ne s’en remettra pas. Tigre et Dragon (2000), Kill Bill (2003-04) ou Danny the Dog (2005), indépendamment de leurs qualités propres, imposeront le styliste hongkongais comme un créateur à part, un soliste dans un monde de brutes.

Egalement réalisateur méritant, Yuen Woo Ping a travaillé sur quelques-uns des chefs d’œuvre du cinéma d’action. Voici 5 séquences parmi les plus mémorables qu’il ait imaginées.

Drunken Master (Yuen Woo Ping, 1978)

Le deuxième film de Yuen Woo Ping est aussi son deuxième consécutif avec le jeune Jackie Chan dont il fait la nouvelle vedette du kung fu à Hong Kong. Caractéristique du style Jackie Chan, Drunken Master mise sur la vista comique de l’acteur et sur son élasticité phénoménale. Dans cette scène où il combat en simulant l’ivresse, on observe que l’énergie provient essentiellement de sa pantomime dont la caméra se fait spectatrice. Le montage est encore sage, Woo Ping zoomant et dézoomant beaucoup comme c’était l’usage à l’époque. Le baroque, ce sera pour plus tard.

 


Il était une fois en Chine (Tsui Hark, 1991)

13 ans après Drunken Master, les exigences du cinéma d’action sont montées d’un cran avec, dans l’intervalle, l’émergence d’un génie, Tsui Hark. Cinéaste moins brillant, Yuen Woo Ping se plie à la vision de Hark en imaginant des scènes de plus en plus fantasques. Ici, Jet Li, un monstre physique, se retrouve confronté à un ennemi qu’il combat en équilibre sur un écheveau d’échelles branlantes. Woo Ping prouve à cette occasion que c’est de la contrainte que naissent les meilleures scènes d’action.

 


Fist of Legend (Gordon Chan, 1994)

Dans ce classique du genre, Gordon Chan met aux prises Jet Li et Chij Siu-Hou dans une scène d’anthologie où les deux stars confrontent leur kung fu, l’un traditionnel, l’autre plus moderne et intuitif. La fluidité des scènes « aériennes » (des harnais maintiennent les acteurs en apesanteur) alterne avec la brutalité extrême des coups dont on a l’impression (si on n’abuse pas des arrêts sur image) qu’ils sont portés. Avec le temps, Yuen Woo Ping a affiné ses chorégraphies au point de les rendre réalistes.

 


Matrix (Larry et Andy Wachowski, 1999)

Le combat entre Néo et l’agent Smith est la clef de voûte du cinéma d’action post-moderne dont les (alors) frères Wachowski sont les plus talentueux prophètes. Leur intuition d’aller chercher Yuen Woo Ping à Hong Kong fut lumineuse : elle permit non seulement d’asseoir leur univers hybride mais de prouver à l’industrie qu’elle n’était pas qu’une simple lubie. L’association des effets numériques et des combats à mains nues réalistes, du « bullet time » et du harnais, atteint ici une perfection à peu près inégalée.

de 34’' à 1’15

 


Tigre et Dragon (Ang Lee, 2000)

Le combat à l’arme blanche entre Zhang Ziyi et Michelle Yeoh a quelque chose d’un ballet sauvage et beau. On n’a jamais vu plus gracieux que ces sabres tournoyants, ces petits pas chassés, ces envolées lyriques… Sublimée par l’interprétation habitée des actrices, cette séquence montre combien Yuen Woo Ping est resté attaché à la précision et à l’élégance, sans rien sacrifier aux personnages et à la narration.

De 5'51 à 6'32