weird city
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Une anthologie futuriste comique, jamais vraiment drôle, jamais vraiment pertinente.

Le résultat n'est tout simplement pas à la hauteur de nos (trop) grandes espérances. Jordan Peele, le génial réalisateur de Get Out et trublion délirant de Key and Peele, se lance dans la comédie SF futuriste. Malheureusement, Weird City, dévoilée ce week-end sur la plateforme YouTube Premium, reste coincée au stade d'idée amusante mal exécutée.

Pensé manifestement comme une parodie de Black Mirror, le concept se décline en six épisodes indépendants de 20 minutes. Six histoires courtes, très inégales, qui se déroulent toutes dans une ville de demain, divisée en deux parties : les riches civilisés vivent dans une sorte d'utopie post-moderne, un monde sans Gluten totalement aseptisé, pendant que les petites gens sont parqués dans une banlieue inférieure ("Below the Line"), comprenez un monde proche du nôtre, avec pollution, malbouffe, et petites joies simples...

Le postulat de départ était donc très prometteur, d'autant que le casting réuni pour l'occasion a de quoi faire rêver : Dylan O'Brien, Ed O'Neill, Rosario Dawson, Michael Cera, Mark Hamill, Gillian Jacobs... Sauf qu'à aucun moment, Weird City ne parvient à exploiter pleinement le délire esquissé sur le papier. D'abord parce que l'humour potache, qui sert de second degré à ces nouvelles loufoques, est franchement feignant. On sourit, de temps à autre, quand Michael Cera se transforme en fou de la salle de gym, quand Steven Yeun et ses amis décident de partir en mission pour "parrainer" un enfant pauvre de banlieue, ou quand le plombier tripote les tuyaux de la maison connectée de Sara Gilbert, jusqu'à lui procurer un orgasme. Mais dans l'ensemble, aucun des six épisodes n'est vraiment drôle.

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Charlie Sanders (l'un des auteurs historiques de Key & Peele), qui a écrit tous les scripts, a visiblement manqué d'inspiration, pour aller au bout de sa satire. Parce que même sur le fond, Weird City ne dit pas grand chose. La série cherche à dénoncer, comme Black Mirror, des travers de notre monde actuel, mais enfonce globalement des portes ouvertes, se moquant de manière pataude de l'obsession malsaine du culte du corps, de l'omniprésence des nouvelles technologies ou du tourisme éthique des classes bien pensantes, destiné à se donner bonne conscience...

On est donc bien loin de la comédie subversive attendue, même si Weird City recèle quelques bonnes idées SF, joliment mises en scène dans des décors convaincants. Mieux vaut y aller pour picorer, ici et là, quelques douces étrangetés futuristes - comme la belle histoire d'amour de l'épisode 1, le twist "Emoji" de l'épisode 3 ou le petit sketch méta de l'épisode 6 - et non pour se faire retourner le cerveau.

Weird City - saison 1 en 6 épisodes, à voir sur YouTube Premium depuis le mercredi 13 février 2019.