Présentée en avant-première au Festival de la fiction de La Rochelle, la série portée par Laure Calamy est un thriller psychologique qui frappe fort.
Christelle ne manquerait sous aucun prétexte un concert des Eagles of Death Metal à Paris. Mais le 13 novembre 2015, cette quadra qui vit encore chez sa mère fait l’impasse. Ce qui ne l’empêche pas, au lendemain des attentats, de rentrer en contact avec nombre de survivants sur les réseaux sociaux. Des heures et des heures à écouter ces témoignages, à apporter son soutien indéfectible. En parallèle, elle s’invente un ami dans le coma, soi-disant blessé par balles au Bataclan. Le début d’une spirale infernale de mensonges, qui mènera « Chris » à devenir la pierre angulaire d’une association de victimes. Là-bas, tous aiment sa gouaille et son énergie débordante. Personne ne suspecte quoi que ce soit.
Fauchée et mise à la porte par sa mère, Chris franchit une deuxième fois la ligne rouge en tentant discrètement de se faire indemniser par un fonds de soutien, faisant croire qu’elle a échappé de justesse aux terroristes ce soir-là. Jusqu’à ce que son histoire ne commence à susciter les soupçons…
Histoire vraie
La réussite d’Une Amie dévouée doit évidemment beaucoup à son cachet « histoire vraie » : librement adaptée du roman d’Alexandre Kauffmann, La Mythomane du Bataclan, la série s’inspire de la trajectoire folle de Florence M., arnaqueuse récidiviste et menteuse pathologique. Mais ce thriller psychologique assez implacable échappe au piège d’un récit uniquement basé sur une succession de faits réels, préférant s’intéresser en profondeur à la psychologie de Chris. Sans forcément avoir besoin de passer par les dialogues, simplement à travers les regards et les angoisses nocturnes de ce personnage impeccablement campé par une subtile Laure Calamy. Face à elle, un beau casting de seconds rôles, dont Arieh Worthalter (Le Procès Goldman) en président de l’association, charismatique à l’extrême sans avoir trop à en faire. La mise en scène élégante et tendue de Just Philippot (le réalisateur de La Nuée et Acide impose sa patte sur un terrain de jeu où on ne l’attendait pas) fait le reste.
Le suspense, lui, tient sur une simple question : quand Chris va-t-elle se faire démasquer ? L’issue est écrite d’avance, ce qui n’empêche pas Une Amie dévouée de fonctionner dans une tension permanente où la moindre erreur de cette fausse sainte ferait s’écrouler son château de carte. On la regarde s’enfoncer dans le mensonge, faire preuve d’une audace terrifiante pour tenter de maintenir sa couverture (géniale scène avec les journalistes de Paris Match)… Le vrai et le faux se mêlent, on ne sait plus très bien si elle finit par croire à ce qu’elle raconte. Et pendant ce temps, tic-tac, l’horloge tourne…
Souvent, on pense à L’Adversaire : l’histoire de Chris est au fond la même que celle de Jean-Claude Romand, sans les assassinats à la fin. Mais les victimes, blessées psychologiquement, sont bien réelles.
Une Amie dévouée a été projetée en avant-première au Festival de la fiction de La Rochelle. Auatre épisodes à voir à partir du 11 octobre sur la plateforme Max.
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