The Offer
Paramount

Un étrange biopic sur les coulisses de la production du film culte de Francis Ford Coppola, qui les fantasme plus qu'il ne les raconte. À voir dès aujourd'hui sur la nouvelle plateforme Paramount +.

Si Le Parrain est une légende du cinéma, c'est d'abord parce qu'il est l'un des plus grands chefs-d'œuvre du 7e art. Mais aussi parce que l'histoire de sa production est un thriller rocambolesque et glamour à peine croyable. Un mythe qui se transmet à Hollywood de génération en génération, et que le studio Paramount a eu envie de porter à l'écran, dans une mini-série pour sa plateforme Paramount +, qui débarque enfin en France ce jeudi 1er décembre.

Racontée du point de vue d'Al Ruddy (joué par Miles Teller de Top Gun 2), elle suit les péripéties d'un jeune producteur hollywoodien ambitieux qui, après un premier flop avec Robert Redford, essaye de se relancer en adaptant le livre de Mario Puzo, qui cartonne alors en libraire. Cet italo-américain y décrit la culture dans laquelle il a baigné et la mafia de la côte est, au grand dam de Frank Sinatra et des "Capos" new-yorkais, qui n'apprécient guère la manière dont ils sont dépeints dans l'ouvrage de celui qu'ils appellent "le traître". Ils vont tout mettre en oeuvre pour stopper le projet de film porté par Ruddy et un jeune cinéaste nommé Coppola...

The offer
Paramount

Chaque jour passé sur le tournage du Parrain était "le pire jour de sa vie..." raconte souvent Al Ruddy. Et c'est au beau milieu de cette période dingue, quelque part entre la fin des sixties et le début des seventies, que nous plonge The Offer. Un Hollywood paillettes et sexy, que Michael Tolkin, créateur de l'acclamée Escape at Dannemora, décrit avec une naïveté rafraîchissante. Comme il l'avait déjà fait avec Rocketman ou Bohemian Rhapsody, le réalisateur Dexter Fletcher promène sa caméra dans ce biopic onirique, qui n'a pas tellement envie de se frotter de trop près à la vérité brute, préférant raconter l'imaginaire collectif.

Dans cette reconstitution à la Ryan Murphy - dans la veine de son Hollywood pour Netflix - The Offer assume de cocher toutes les cases des clichés du L.A. de l'époque et ses stars emblématiques. La série use et abuse du name-dropping : un instant, Ali MacGraw passe le casting de Love Story avant que Robert Redford ne débarque sur le tournage de Butch Cassidy et le Kid, tandis que Frank Sinatra engueule la mafia, pendant que le tout jeune Al Pacino sort de Broadway et que Francis Ford Coppola se fritte avec les executives du Studio...



Tout est tellement romancé que cela en devient presque ridicule. Chaque réplique est lunaire, comme une ligne copiée-collée de Wikipedia, qu'il fallait absolument mettre dans le script. Chaque dialogue a des airs de phrase choc ou de slogan, associé au Parrain. Chaque scène semble être la reconstitution d'un moment culte de la légende qui se serait probablement passé comme ça. The Offer prend le mythe pour argent comptant et le restitue de manière didactique à l'écran, en balançant tout ce qu'on aurait envie d'entendre. A l'image de ces séances d'écriture de scénario à quatre mains - entre Puzo et Coppola - sérieusement clipesques.

Mais ce côté racoleur est parfaitement assumé par la série, qui joue moins la carte du biopic réalité que celle de la légende populaire fantasmée. En la prenant à travers ce prisme, The Offer se regarde comme une fascinante success story aux accents people. Ou comment le créateur de Papa Schultz a réussi à produire Le Parrain envers et contre tout. Le formidable Miles Teller, charismatique et insondable, est pour beaucoup dans le plaisir coupable qu'on prend à dévorer cette histoire de fou. Bien épaulé par le charme discret de Juno Temple et une foule de seconds rôles qui s'éclatent visiblement à rejouer ce récit mythique. Alors qu'il fête ses 50 ans cette année, Don Corleone n'a toujours pas fini de faire rêver.

The Offer en 10 épisodes, à voir en France sur Paramount +.