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X-Men chez les zinzins, une incroyable folie télévisuelle.

Dans les derniers instants de ce premier épisode - diffusé hier soir sur la chaîne américaine FX - David Haller pose franchement LA question qu'on se posait tous : "Est-ce que tout ça est bien réel ?!" Le personnage principal de Legion a tout résumé en quelques mots. Et cette interrogation risque de nous hanter pendant toute la première saison de cette variation hallucinée sur l'univers des X-Men.

David Haller, c'est un mutant télépathe et télékinétique, qui devient tout simplement fou, à force d'entendre les voix des autres dans sa tête. À tel point qu'après une tentative de suicide, il se retrouve interné dans un hôpital psychiatrique. Drogué constamment, pour calmer ses angoisses, il va alors faire la connaissance de Sydney, une jeune femme au moins aussi étrange que lui, dont il va tomber amoureux...


Ce qui frappe d'abord dans Legion, c'est la beauté des images, l'ambition de la mise en scène, le soin apporté à la réalisation. Noah Hawley - le créateur de la série à qui l'on doit déjà Fargo - réussit magnifiquement à capter la folie de ses personnages et ose quelques plans rares en télévision. À l'image de ce long plan-séquence explosif, qui conclut ce premier épisode : "Oui, c'était certainement ambitieux pour une série de faire ça", confie Hawley dans TVLine. "Il a fallu beaucoup de répétitions, et beaucoup de chance... C'était un vrai défi à réaliser en respectant le planning d'une série télé."

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Ambitieux, c'est certainement le terme qui définit le mieux Legion. En tout cas, ce pilote d'1h10, qui ne fait jamais référence aux X-Men ni même à Charles Xavier (le père de David Haller dans les comics), est d'une excitante créativité. D'une incroyable complexité aussi. Indéniablement, il faut s'accrocher pour ne pas perdre le fil de cette histoire qui nous trimballe d'un endroit à un autre, en cherchant constamment à nous semer en route ! "Vous êtes dans cet hôpital, et soudain vous êtes dans cette salle d'interrogatoire. Et puis vous êtes dans une piscine... Tout le temps vous vous demandez où vous êtes en vrai", s'amuse Hawley. "Est-ce que ce que je vois est réel ? Finalement, c'est ça qui est intéressant : cette idée que, si vous avez le sentiment qu'une chose est réelle, alors peut-être est-ce aussi important que si elle l'était vraiment". On vous laisse réfléchir à ça.

En attendant, vous aurez bien compris que Legion a dans l'idée de jouer avec vos sens et votre sagacité. Tout ce que vous verrez risque de s'évaporer d'une seconde à l'autre, à l'intérieur de l'esprit torturé de David Haller. Ou pas. En fait on ne sait pas... Mille questions vous assaillent, pendant ce pilote, et quelques heures encore après son visionnage. Noah Hawley assure tout de même que "l'histoire d'amour [entre David et Syd] est bien réelle", parce qu'il "faut donner au public quelque chose auquel se raccrocher (...) Il ne peut pas s'agir simplement de la destruction de quelque chose. Il doit s'agir de la création de quelque chose."

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Attention, ce dernier paragraphe de la critique contient des spoilers ! 

Alors faut-il croire ce que l'on a vu ? Ou faut-il garder tout le temps une certaine distance, dans la perspective d'une déconstruction ? C'est le petit jeu auquel Legion vous invite en suivant la série, et qui prend tout son sens avec la scène finale du pilote : tout à coup, la tortueuse série schizophrénique se transforme en blockbuster X-Men, avec baston de mutants et effets spéciaux. En 5 minutes, l'ambiance du show change complètement, pour retrouver un cadre beaucoup plus convenu, un affrontement entre militaires et mutants. Hawley confirme : "On commence à sentir qu'il y une guerre qui se joue entre le Gouvernement et ces gens qui ont des aptitudes." Et David Haller, le plus puissant des mutants, serait un personnage clé pour faire basculer cette guerre.


Subitement, on est pris d'un doute (et d'une crainte) : Legion va-t-elle se transformer en série d'action un peu bateau - comme le suggère la bande-annonce ci-dessus - et laisser tomber la folie labyrinthique, qui a rendu son pilote tellement fort ? Va-t-elle déjà oublier le cadre fascinant de l'hôpital psy ? Ou est-ce une nouvelle ruse du cerveau de David Haller pour nous mener en bateau ? Ce qui est sûr, c'est qu'on va regarder la suite pour le découvrir !

Legion - saison 1 en 8 épisodes - diffusée chez mercredi soir sur FX aux USA