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Pas facile de classer les épisodes 9 de Game of Thrones, ils sont tous épiques. 

Depuis son lancement, l’adaptation de la saga de George R.R. Martin a mis en place une étrange tradition. Chaque année, l’épisode 9, soit l’avant-dernier, constitue le climax de la saison. Là où la plupart des shows donnent tout lors du final, histoire de bien scotcher les téléspectateurs jusqu'à la saison suivante, la série HBO déroge à la règle du "meilleur pour la fin". Et ça fonctionne très bien. 

C’est au cours d’un épisode 9 que Ned Stark s’est fait décapiter, qu’ont eu lieu les Noces Pourpres, ou encore que Daenerys a chevauché pour la première fois un dragon. Autant dire que c’est un rendez-vous placé sous le signe de l’épique et du WTF que les fans attendent chaque année avec impatience, mais aussi pas mal de crainte (mon personnage préféré va-t-il mourir ?). 

Suite à la "Bataille des Bâtards", voici notre classement mis à jour des six épisodes 9 de Game of Thrones du "pire" au meilleur. 

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6 – The Dance of Dragons (saison 5)

Mettre la Danse des Dragons à la cinquième place est un crève-cœur. C’est l’épisode préféré de certains fans, mais il faut bien un dernier. Et malgré l’excitation qu’on peut avoir dès qu’un dragon apparait à l’écran, cet épisode 9 nous apparait le moins marquant de ceux que nous a livré la série jusqu’ici. 

La scène finale est techniquement très réussie. Le travail des effets spéciaux rend Drogon vraiment crédible. Et le voir calciner les Fils de la Harpie est indéniablement jouissif. C’est la première fois qu’on voit Drogon véritablement à l’œuvre, et qu’on a confirmation à l’image de la puissance de feu des "bébés" de Daenerys, qui atteignent enfin une taille imposante. 

Mais cet épisode 9 ne peut surpasser les autres pour plusieurs raisons. D’abord parce que ce ne sont pas les CGI les plus impressionnants qu’on ait vu dans le show. Ensuite parce que la scène manque de tension. Daenerys fait partie de ces personnages dont on est sûr qu’il ne va pas disparaitre de sitôt (cela n’aurait aucun sens d’un point de vue narratif), et on sait bien qu’elle va être sauvée d’une manière ou d’une autre. Et si on n’avait jamais vu de dragon au combat, on sait depuis leur "naissance" qu’ils vont passer à l’action à un moment ou un autre. 

La Danse des dragons n’est même pas l’épisode le plus marquant de cette saison 5 : il est clairement en dessous de l’épisode précédent, "Hardhome", avec l’attaque des White Walkers et de leurs zombies et la confrontation inoubliable entre le Roi de la Nuit et Jon Snow. 

 


5 – Blackwater (saison 2) 

Blackwater est l’épisode des "premières". Premier épisode à se dérouler intégralement dans un seul lieu (Port-Real), première grande bataille à l’écran de Game of Thrones, premier craquage budgétaire validé par HBO (la bataille devait au départ se dérouler off-screen). Avec en prime George R.R. Martin à l’écriture, tous les ingrédients étaient là pour obtenir un résultat épique. 

Stannis Baratheon jette toutes ses forces pour tenter de prendre Port-Réal. La défaite parait inévitable. Enfermée avec les autres dames de la cour, Cersei se bourre la gueule et prévient Sansa qu’elles vont se faire violer salement par les soldats de Stannis. Un peu plus tard, on la verra sur le point de "suicider" Tommen avec du poison. 

Dehors, Joffrey se dégonfle et Le Limier jette l’éponge ("Fuck the Kingsguard. Fuck the city. Fuck the king"). Heureusement, Tyrion, qui est alors la Main du Roi, a renversé les pronostics en envoyant un bateau rempli de feu grégeois pour détruire la flotte de Stannis dans un feu d’artifice aussi gigantesque que magnifique. Mais, Tyrion est blessé au visage par ser Mandon (qui est pourtant censé être de son côté), et quand il revient à lui son père, Tywin Lannister, arrivé en fin de bataille, s’est déjà proclamé vainqueur de la bataille. 

Divinement écrit et réalisé (par Neil Marshall), Blackwater est une claque et un épisode majeur de l’intrigue de Game of Thrones qui conditionnera la déchéance de Tyrion par sa famille et la chute inexorable de Stannis.   


4 - Watchers on the wall (saison 4)

Des géants chevauchant des mammouths à l’assaut du Mur. Voilà comment on pourrait résumer le côté orgasmique de cet épisode, qui a particulièrement réjoui la branche fantasy des fans de la série. Le mythique mur de défense de Westeros, dont on nous rabâche régulièrement la construction légendaire, 8 000 ans plus tôt après la Longue Nuit, est enfin mis à l’épreuve. 

Watchers on the wall révèle les qualités de leader de Jon Snow, qui se retrouve chargé de diriger la défense en haut du Mur, et le leadership d’Alliser Thorne, qui remonte les Night Watchers comme des coucous. Deux scènes marquent particulièrement les esprits : le sacrifice des membres de la Garde de Nuit qui récitent leurs vœux alors qu’un géant fonce droit sur eux dans le tunnel, et la mort d’Ygritte qui est tuée par Olly (ce petit saligaud paiera plus tard) alors qu’elle hésitait à transpercer Jon Snow d’une flèche. 

Réalisé de main de maitre par Neil Marshall, l’épisode se déroule comme Blackwater dans un seul lieu, une immersion particulièrement efficace qui nous fait oublier qu’on regarde la télé. 


3 - "Battle of the Bastards" (saison 6) 

Le sixième épisode 9 de Game of Thrones était ultra attendu. Les précédents ont placé la barre tellement haute qu’il ne fallait pas se louper. Conscients de cette pression, les showrunners ont eu la bonne idée de confier la réalisation à l’expérimenté Miguel Sapochnik, qui avait signé le brillant "Hardhome" (de loin le meilleur épisode de la saison 5, on le répète) et s’est aussi vu confier le finale de cette saison 6. 

Sapochnik a répondu présent, c’est le moins qu’on puisse dire. Contrairement à ce qu’on prévoyait, l’épisode ne se concentrait pas uniquement sur la confrontation Jon Snow/Ramsay Bolton. Avant cela, on a eu le droit à la première attaque à trois des dragons de Daenerys, qui ont maté l’assaut des esclavagistes contre Meereen. Une parfaite mise en bouche. 

S’il n’y avait guère de surprise sur le dénouement de la bataille (on avait bien compris que Littlefinger allait arriver à la rescousse et que Ramsay allait enfin payer), son exécution a dépassé nos attentes. 

Ca démarre comme une boucherie façon Braveheart ou Il était une fois le Soldat Ryan, on suit Jon Snow en plein combat dans un plan séquence digne d’Alfonso Cuaron (voir vidéo ci-dessous), puis on suffoque avec le héros quand il manque de finir étouffé et piétiné au milieu des cadavres, et ça finit comme le Gouffre de Helm dans Le Seigneur des Anneaux, quand Gandalf débarque avec les Rohirrim. Sauf qu’à la place c’est ce fourbe de Littlefinger qui joue le rôle du sauveur. On retiendra trois morts de l'épisode : la cruelle de Rickon, l'héroïque de Wun-Wun, et l'orgasmique de Ramsay, dévoré par ses propres chiennes. 

Ce n’est pas hasard si c’est sur cet épisode, célébré par le public et la critique, que HBO mise pour les prochains Emmy. Game of Thrones a bien profité de son succès pour faire péter le budget et nous proposer une scène de guerre comme on n’en avait jamais vu à la télévision. Et depuis très longtemps au cinéma.    


2 - The Rains of Castamere  (saison 3)

Certains vont grincer des dents parce qu’il n’est pas tout en haut de notre top. On assume. Le fameux Red Wedding est clairement LA scène emblématique de Game of Thrones. Nous sommes dans la saison 3, la série est devenue un phénomène et les réseaux sociaux vont terriblement amplifier l’écho de cet évènement qui avait déjà traumatisé les lecteurs des livres bien des années plus tôt.  

La tuerie est même pire que dans les livres où l’épouse de Robb Stark n’est pas présente. Dans la série, on la voit dire à Robb qu’elle aimerait appeler leur fils Eddard, comme son père. Le "Roi du Nord" est au paradis. Quelques instants plus tard, les Frey lui administrent une césarienne fatale. A cause d’une histoire d’amour, la maison Stark est trahie. Lords et soldats, tous y passent (sauf Arya qui arrive heureusement un poil en retard). Le plan machiavélique de Tywin Lannister et Walder Frey se déroule à la perfection.

Outre la boucherie finale, et l’interprétation magistrale de Michelle Fairley en Catelyn Stark, toute la mise en place est au top : le décor, l’ambiance, les piques de Walder Frey qui fait monter la pression en reprochant à Robb d’avoir brisé son vœu, la musique qui donne le coup d’envoi. C’est brillant, mais pas tout à fait suffisant pour être LE meilleur épisode 9 de GoT.  

"C’est la scène la plus dure que j’ai jamais eu à écrire", expliquera George R.R. Martin. "Elle situe au deux tiers du livre, mais je l’ai zappée. Donc le livre était terminé et il n’y avait plus que ce chapitre à écrire. Quand je l’ai écrit, c’était comme tuer deux de mes enfants. J’essaie de faire en sorte que les lecteurs aient l’impression d’avoir vécu les évènements du livre. De la même façon que vous êtes en deuil si un de vos amis se fait tuer, vous devriez être en deuil quand un personnage de fiction est tué. Ca devrait vous faire quelque chose. Si quelqu’un meurt et que vous reprenez du pop corn, c’est que l’expérience a été superficielle, non ?". 


1 – Baelor (saison 1)

Baelor est l’épisode qui a défini Game of Thrones. L’épisode qui a dit aux téléspectateurs : "vous êtes prévenus, on vient de tuer le personnage principal au bout de neuf épisodes, personne n’est à l’abri." Du jamais vu à la télévision. 

Devant notre écran, comme Arya qui assiste à la scène dans la foule, on est incrédule. Eddard Stark est le héros, le symbole de probité, le père aimant, le guerrier valeureux, il va faire le ménage dans ce foutoir qu’est Port-Réal, démasquer la supercherie des Lannister. Quand il se retrouve face à la foule et passe aux aveux (forcés), on ne peut y croire. Joffrey va le gracier, non ? Des soldats vont surgir, alors ? Un archer va décocher une flèche dans la tête du bourreau avant que son épée ne s’abatte sur le cou de Ned ? Non plus. Ici, c’est Game of Thrones

George R.R. Martin a très bien expliqué l’importance de ce "sacrifice" qui tranche avec l’écriture hollywoodienne : "j’ai dit dans plusieurs interviews que j’aimais que mes fictions soient imprévisibles. J’aime qu’il y ait un suspens considérable. J’ai tué Ned dans le premier livre et ça a choqué beaucoup de monde. J’ai tué Ned parce que tout le monde pense que c’est le héros et que, évidemment, il va avoir des problèmes, mais que d’une manière ou d’une autre il s’en sortira. La chose suivante la plus prévisible est que son fils aîné va se dresser et venger son père. Tout le monde va s’attendre à ça. Donc immédiatement, tuer Robb est devenue la prochaine étape". 

La décapitation de Ned Stark est la base de tout. Cinq saisons plus tard, elle a toujours des conséquences sur l’intrigue. Le show y revient via la pièce de théâtre que suit Arya. Ned revit à travers les flashbacks de Bran. Il doit encore nous révéler le secret de sa sœur Lyanna. Son ombre plane toujours sur Game of Thrones, plus que pour aucun autre mort de la saga. 

La réalisation de la scène, signée Alan Taylor, est également cruciale. Le poignant échange de regard entre Arya et son père, le visage horrifié de Sansa, le temps qui s’arrête, le bruit de la foule qui se met en sourdine pour nous laisser entendre la respiration de Ned, Arya qui comprend que c’est fini quand les oiseaux s’envolent… tout est parfait.