Affiches Films à l'affiche semaine du 7 mai 2025
KMBO/ Nour Films/ Pyramide

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
UN MONDE MERVEILLEUX ★★★☆☆

De Giulio Callegari

L’essentiel

Blanche Gardin brille dans ce premier long plein d’humour potache et de charme dystopique, situé dans un monde où les êtres humains sont devenus dépendants des robots

Avec cette comédie qui décrit un futur proche où les êtres humains dépendent de robots censés les assister, Giulio Callegari signe un premier film plein d’humour potache et de charme dystopique. Blanche Gardin y incarne une prof mise au chômage par l’arrivée de la robotique qui élève sa fille de façon rebelle en organisant de petites combines. Quand cette mère désabusée doit cohabiter avec un robot désuet et que le duo s’active pour retrouver la fille de l’héroïne, une aventure rocambolesque commence, quelque part entre les road-movies de Francis Veber et le cinéma de science-fiction. Malgré des moyens limités, le cinéaste séduit avec sa protagoniste antisystème qui continue à pratiquer l’ironie et l’autocritique face au premier degré de son robot. Il en résulte une émotion réelle, ce portrait d’une France où les conditions de vie sociale ne sont en rien améliorées par la technologie s’avérant d’une touchante actualité.

Damien Leblanc

 

PREMIÈRE A AIME

LES ENFANTS ROUGES ★★★☆☆

De Lotfi Achour

Tout part ici d’une tragédie insoutenablel située au coeur la Tunisie de la décennie noire, celle des années 2010: l’assassinat en novembre 2015 d’un jeune berger de 16 ans au cœur de la montagne tunisienne par des Jihadistes qui ont forcé son cousin à rapporter sa tête décapitée à sa famille. Un des rares crimes terroristes à avoir visé des civils et qui avait fait la une des journaux. La mise en place du récit est ici très rapide car l’essentiel se situe ailleurs, dans la manière dont Achour va traiter les dommages collatéraux de geste pour la famille de la victime et plus encore pour ce cousin. Il aurait pu opter pour quelque chose de très littéral. Mais il y avait le risque de rajouter de l’horreur à l’horreur, de ne pas se hisser à la hauteur de son propos. Lui choisit de se concentrer sur l’impact psychologique d’un tel traumatisme chez le jeune garçon qui a survécu et passe pour cela par le prisme d’un fantastique distillé avec soin, à hauteur d’un gamin de 13 ans résilient. Et son onirisme poétique ne fait que renforcer la lâcheté et l’horreur du geste initial, dans un équilibre parfait entre douceur et dureté.

Thierry Cheze

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L’EFFACEMENT ★★★☆☆

De Karim Moussaoui

Après En attendant les hirondelles, Karim Moussaou poursuit sa radiographie passionnante et tout en finesse de l’Algérie d’aujourd’hui. Cette adaptation d’un roman de Samir Toumi raconte une génération sacrifiée, celle des fils dont les pères n’ont eu de cesse d’être glorifié par l’Etat algérien au nom de la construction nationale alors qu’ils ont dévoyé le sens et les valeurs portés par la décolonisation. Tel est le cas de son personnage principal, Reda, employé de la plus grande entreprise d’hydrocarbures du pays dirigé par son père, riche, froid et autoritaire. Un homme puissant  qui exerce sur lui une emprise telle que le jour de sa mort, Reda, passant devant un miroir, découvre… que son reflet a totalement disparu. Et c’est en se parant de fantastique que cette chronique sociétale prend tout son relief, créant à l’écran un climat de tension trouble, intriguant et par ricochet passionnant.

Thierry Cheze

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SOUDAN, SOUVIENS TOI ★★★☆☆

De Hind Meddeb

Fin 2018, le Soudan se lève. Comme un coup de tonnerre brisant des années de silence, une révolte populaire tente de mettre fin à trente ans d'oppression. Et Hind Meddeb choisit de revenir sur cette vague d’espoir, de capturer l'âme d'une révolution à travers le regard de sa jeunesse. En suivant des militants pendant quatre années cruciales, de l'euphorie révolutionnaire à la guerre civile, la réalisatrice livre une œuvre poétique et politique. La force de ce documentaire réside dans sa structure triptyque : révolution artistique portée par la poésie, révolution féministe, et transformation de rêves individuels en revendications collectives. La caméra saisit les conversations, les récitations poétiques et les battements de cœur d'une génération. Si la répression militaire de juin 2019 brise l'élan révolutionnaire, Soudan, souviens-toi refuse le désespoir. Au-delà du témoignage historique, Meddeb signe un manifeste universel sur la persévérance, l'espoir et la force collective face à l'oppression.

Gaël Golhen

UNE JEUNESSE FRANCAISE ★★★☆☆

De Jérémie Battaglia

Après avoir suivi une équipe féminine de natation synchronisée dans Parfaites, Jérémie Battaglia se focalise sur un sport très masculin et assez méconnu pour son nouveau documentaire : la course camarguaise. C'est au travers des récits de deux raseteurs français d’origine maghrébine, Jawad Bakloul et Belkacem Benhammou, qu’on découvre l’arène et ses dangers : munis d’un crochet et vêtus de blanc, ils ont pour mission de défaire des attributs fixés sur la tête d’un taureau. Mais Une jeunesse française ne se contente pas de décrire un quotidien sportif aride. Il montre d’abord et avant tout à quel point cette course traditionnelle est aussi une affaire d’intégration. Car dans l’arène, Jawad et Belkacem acquièrent une reconnaissance qu’ils peinent à obtenir dans la société française. La combinaison des qualités photographiques de Battaglia et de la composition musicale d’Armand Glowinski sublime ce récit d’une jeunesse entre deux traditions.

Lisa Gateau

LES FEMMES ET LES ENFANTS D’ABORD ★★★☆☆

De Pierre Dugowson

Pierre Dugowson réunit dix de ses courts métrages des plus absurdes, entre secte de voleurs à l’étalage, leçon d’économie à des bambins, ou dialogues en notices de médicaments. De ces histoires distinctes se dégagent cependant une espièglerie commune, qui n’est pas sans rappeler celle d’Erwan Le Duc. Dans la veine du réalisateur de Perdrix, Dugowson s’abandonne à son imagination pour un rendu des plus ludiques.

Lucie Chiquer

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

LES MUSICIENS ★★☆☆☆

De Grégory Magne

On a découvert Gregory Magne en 2012 avec L’Air de rien, une fable teintée d’humour à la Western de Manuel Poirier dans laquelle Michel Delpech jouait son propre rôle. Mais depuis le cinéaste peine à confirmer les espoirs placés en lui. Et après le décevant Les Parfums avec Emmanuelle Devos, Les Musiciens ne redresse pas vraiment la barre. On y suit une jeune femme qui réalise le rêve de son père disparu : réunir quatre Stradivarius pour un concert unique. Et qui peinant à gérer les crises d’ego des violonistes virtuoses recrutés pour l’occasion, doit faire appel au compositeur de la partition pour maintenir le cap. On retrouve ici la marque de fabrique du cinéaste : son regard sincèrement pétri d’amour et d’humanité pour ses personnages. Mais l’écriture trop archétypale de ceux- ci et plus encore des conflits qui les oppose rend artificiel leur processus de rapprochement et crée une distance permanente avec un récit dont on devine par avance chaque rebondissement.

Thierry Cheze

INGEBORG BACHMANN ★★☆☆☆

De Margarethe von Trotta

Après Rosa Luxemburg ou Hanna Arendt, Margarethe von Trotta s’empare d’une nouvelle figure féministe historique, la poétesse autrichienne Ingeborg Bachmann. Et a la bonne idée, bien que sa vie soit moins connue, de ne pas sacrifier à la facilité d’un biopic qui la raconterait de A à Z. Elle se concentre ici sur deux faces d’une même pièce : son histoire d’amour chaotique avec l’écrivain Max Frisch et sa tentative de se libérer de cette passion destructrice lors d’un voyage dans le désert. Mais il y a dans ce scénario construit en flashbacks et flashforwards permanents un côté trop mécanique où le dialogue entre les deux périodes tourne vite an bégaiement et à l’explication de texte, au lieu de nous faire ressentir physiquement ce que traverse son héroïne. Et ceci se révèle d’autant plus dommageable et incompréhensible quand on offre le rôle de Bachmann à Vicky Krieps, dont l’intensité et la virtuosité se situent précisément aux antipodes de ce canevas hyper scolaire.

Thierry Cheze

RUMOURS : NUIT BLANCHA AU SOMMET ★★☆☆☆

De Evan Johnson, Galen Johnson et Guy Maddin

Le canadien Guy Maddin, poète de la pellicule sur laquelle peut se déposer les effluves d’un noir et blanc vintage (Winnipeg mon amour…) signe ici une farce volontairement outrancière éclairée comme un néo-giallo (filtres à gogo) Lors d’un G7 sis dans un château de la campagne allemande, l’exhumation d’une momie va provoquer une faille spatio-temporelle et l’irruption de zombies. Les dirigeants vont devoir transformer leurs beaux discours en kit de survie. Avec son casting prestige (Blanchett, Ménochet, Vikander…) inversement proportionnel à l’impureté assumée de ce geste baroque, Maddin réfléchit rien de moins qu’au sort de notre monde. Ça patine beaucoup, ça secoue un peu, ça rigole souvent… Moins habile qu’un Romero, guide suprême (et regretté) des morts-vivants politisés, le canadien a le mérite d’aller au bout de sa nuit sans lune. Pas plus.

Thomas Baurez

MOI, MA MERE ET LES AUTRES ★★☆☆☆

De Iair Said

On éprouve spontanément de l’empathie envers le personnage central de ce Moi, ma mère et les autres, découvert à l’ACID à Cannes. Ce David créé – et (très bien) interprété – par Iar Said. Le fils trentenaire homosexuel d’une famille juive haute en couleurs, ne sachant pas vraiment quoi faire de son corps en surpoids, de retour dans son Argentine natale pour les funérailles de son oncle, alors qu’il peine à se remettre d’un chagrin d’amour. Soit l’application littérale du fameux proverbe chiraquien qui veut que les emmerdes, ça vole toujours en escadrille. Sauf que Lair ne fait au fond pas grand chose de cette situation émotionnellement explosive. En privilégiant la tendresse, il empêche qu’un vent de folie se lève pour faire voler en éclats ce scénario un brin pépère où rien ne dépasse, mené à un rythme de sénateur. Et même en 75 minutes, tout cela paraît bien longuet.

Thierry Cheze

TIMPI TAMPA ★★☆☆☆

De Adema Bineta Sow

Un essai sur le blanchiment de la peau chez les ados africains paru en 1989 (déjà !) était baptisé Toxicomanie cutanée pour mieux prévenir des dangers d’une telle pratique esthétique. Cette comédie dramatique s’empare du problème à bras le corps. Où comment un jeune garçon de Dakar dont la mère est atteinte d’un cancer de la peau se déguise en femme pour lancer un concours de beauté vantant une pigmentation au naturel. Beau geste, plein d’entrain malheureusement freiné par un scénario trop illustratif.

Thomas Baurez

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

LES ARENES ★☆☆☆☆

De Camille Perton

Un jeune footballeur de 18 ans en passe de signer son premier contrat pro, représenté par son cousin concurrencé par un puissant agent étranger prêt à tout pour le représenter. Impossible de ne pas penser au récent Mercato de Tristan Séguéla devant ce premier long métrage. Mais trop d’imprécisions coupables dans la représentation des arcanes du ballon rond et une accumulation pénible de personnages réduits à des archétypes tuent dans l’oeuf cette histoire de pouvoir et trahisons à tous les étages.

Thierry Cheze

COKA CHICAS ★☆☆☆☆

De Roxine Helberg

Il y a celle qui n’a pas froid aux yeux (Zoé Marchal), celle, plus taiseuse, qu’il ne faut pas trop chercher (Fadily Camara) et la rigolote qui drague tout ce qui bouge (Eva Huault). Trois amies parties passer des vacances dans les Caraïbes. Des vacances ? On comprend rapidement, que les trois filles doivent ramener de la drogue en France pour réaliser leurs rêves. Mais quand l’une d’elles disparaît, les deux copines se lancent à sa recherche dans les bas-fonds de l’île. Il va falloir distribuer les coups, sortir les flingues et prendre tous les risques pour affronter les cartels. Jusqu’à présent, les films d’action portés par des femmes étaient rares, surtout en France. Sans rythme, sans idée et sans beaucoup d’intérêt, Cokas Chicas milite très clairement pour l’égalité hommes femmes. Ici les filles savent foutre des torgnoles mais prouvent surtout que la médiocrité dans le cinéma n'a jamais connu de genre. 

Pierre Lunn

 

Et aussi

Anges et Cie, de Vladimir Rodionov

De mauvaise foi, de Albéric Saint- Martin

Les reprises

L’Amie, de Margarethe von Trotta

Leïla et les loups, de Heiny Srour