Suicide Squad
Warner Bros/Première

En mars 2016, Première était invité à s’asseoir avec le Squad au grand complet pour juger de l‘authenticité de sa "mauvaise" réputation (comprenez : intense camaraderie). "Ils sont dix, ça risque d’être le bordel", prévient l’attaché de presse. Chiche.

A l'occasion de la diffusion de Suicide Squad, à 21h sur TF1, nous republions notre interview de l'équipe lors du CinemaCon de 2016. Quelques mois plus tard, Harley Quinn était en couverture de Première, puis le super-film de David Ayer est sorti en salles en août... mais il a déçu les fans de comics. En attendant la séance de rattrapage à la télévision, retour sur cet entretien à dix plutôt surréaliste.

 

Première couverture Suicide Squad
Première

 

Chaque année, vers la fin du mois de mars, les exploitants de salle du monde entier se pressent à Las Vegas pour "préparer" la saison estivale et s’assurer du soutien indéfectible de l’industrie à leur égard. Bienvenue au CinemaCon (anciennement ShoWest), une valse étrange entre insiders qui, vue de l’extérieur, peut prendre des allures de rallye scientologue. Des stars et des cinéastes de première catégorie défilent sur scène pour réaffirmer les liens de sang qui existent entre eux et la culture multiplexe, et pour appeler à l’unité contre l’envahisseur commun, cet ennemi déclaré de l’écosystème Films dont chacun fait bien attention de taire le nom (vous aurez reconnu Netflix, Amazon & co). En guise d’arguments massue, les studios ont amené des images de leurs films d’été. X-Men Apocalypse, Le Monde de Dory, S.O.S Fantômes, Star Trek : Beyond, Tarzan, Conjuring 2 etc. À l’applaudimètre, Suicide Squad écrase ses petits camarades. Et ceux qui tapent des mains sont dans le secret des Dieux, à mi-chemin entre eux (les artistes) et nous (le public) ; Ils "savent". On a rendez-vous avec le Squad dans une suite du Nobu pour un Hang Out improvisé. Quelques secondes suffisent pour identifier une dynamique de groupe : Will Smith en leader chevronné, Margot Robbie en mascotte adorée, Jared Leto en cinglé pestiféré, haï des autres… Où finit le marketing ? Où commence le cirque ? La brigade au rapport.

Brouhaha. Les membres du Squad s’apostrophent et se tapent dans le dos, sans nous prêter attention.

Première : Bonjour… Ahem. BONJOUR TOUT LE MONDE !

Will Smith nous voit galérer.

Will Smith (Deadshot) : COME ON, GUYS ! Arrêtez vos conneries, on n’est pas sur le plateau !

Première : Merci. Hum. Certains d’entre vous portent-

Will Smith : Je parie que celle-là est pour Margot !

Première : Certains d’entre vous ont encore les tatouages du film. (Désigne le « Skwad » sur l’avant-bras de Adam Beach). Celui-ci est définitif, non ?

Adam Beach (Slipknot) : Aucune chance que ça parte à l’eau de javel.

Première : Ne risquez-vous pas de vous réveiller un matin et de penser que tout ça était une très mauvaise idée ?

Will Smith : C’est déjà une très mauvaise idée.

Margot Robbie (Harley Quinn) : Surtout ceux de Joel !

Joel Kinnaman (Rick Flagg) : J’en ai une vingtaine, de tailles et d’encres différentes. Dont un gros bulldog, là, sous la chemise. Que je ne vous montrerai pas.

Jay Hernandez ( El Diablo) : Will est toujours super confiant, super à l’aise. Le prince du cool. (À Will). Mais je ne t’ai jamais vu autant transpiré qu’avec ces histoires de tatouage.

Margot Robbie : Pareil. Première fois que je te vois flipper !

Will Smith : J’ai pas aimé. Clairement l’étape de trop dans ce processus d’acteur qui consister à ramener son personnage avec soi à la maison. David Ayer, notre réalisateur, est fou de tatouages. Il voulait nous en coller partout. Pour se rebeller, on a décrété qu’on les ferait nous-mêmes. Et on s’est tatoué les uns les autres. Ça, c’était marrant.

Joel Kinnaman : L’idée de ce que représente une séance de tatouage a changé. Je voyais ça comme de la torture. Alors que c’est un moment entre potes.

Première : Les méchants que vous interprétez dans « Suicide Squad » ressortent-ils du film aussi méchants qu’ils y entrent ? Ou est-ce une histoire de rédemption ?

Margot Robbie : Pas pour Harley !

Will Smith : Le concept, tel que David Ayer nous l’a présenté, tenait en une phrase : Pas le Bien contre le Mal, mais le Mauvais contre le Mal. On fait la distinction entre quelqu’un qui se conduit mal et prend des mauvaises décisions dans sa vie et quelqu’un de purement, ontologiquement, diabolique. Avant d’en arriver là, il y a toujours une possibilité de rédemption.

Margot Robbie : Dans le film, comme dans les comics, nous sommes des criminels emprisonnés forcés de faire le sale boulot du gouvernement en échange d’une remise de peine. Certains sont plus enclins que d’autres à collaborer, et le boulot de Joel, militaire de carrière, est de mettre le Squad au pas, de le garder concentré sur la mission.

Joel Kinnaman : Autant essayer de rassembler des chats en troupeau…

Margot Robbie : Grosses personnalités, gros clashes. Et à la fin du film, on forme une drôle de famille à peu près unifiée.

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Première : "Rassembler des chats en troupeau", c’était aussi l’ambiance sur le tournage ?

Joel Kinnaman : Ouais !

Jay Hernandez : Hors de contrôle !

Jai Courtney (Captain Boomerang) : C’est encore long ?

Cara Delevingne (Enchantress) : J’ai laissé mon sac dans la chambre.

Ils parlent les uns par-dessus les autres, s’esclaffent.

Will Smith : Ce film a été très bien casté. Jared, par exemple, je l’ai rencontré pour la première fois il y a deux jours. Sur le plateau, on n’a jamais eu une seule conversation où il ne me répondait PAS en tant que Joker. Je lui disais ‘Bonjour’ et il me répondait ‘Bonjour’ en Joker. On s’est immergé ensemble dans ce monde sombre et déglingué six mois durant. C’était vraiment très spécial. L’une de mes plus belles expériences de cinéma.

Margot Robbie : Pff. T’as dit la même chose pour Focus.

Eclat de rire général.

Will Smith : Non-non-non-non. J’ai dit que Focus était ma plus forte expérience in-di-vi-duelle. Nuance.

Première : Jared, comment est né votre Joker ?

A l’écart sur un canapé, silencieux, Jared Leto ressemble à une poupée de cire abandonnée à la hâte par un enfant.

Jared Leto : Je n’en sais rien. Mais le voyage était intéressant. L’excitation du public pour l’opportunité qui se présentait est arrivée jusqu’à moi, m’a contaminé. J’ai toujours aimé les méchants. Peut-être parce que je suis un homme malade et brisé… Mais je ne vous mens pas, je ne sais pas ce qui s’est passé, ni même ce que j’ai fait. Je n’en ai pas encore vraiment parlé – ceci est ma première interview. J’imagine que le public décidera.

Adewale Akinnuoye-Agbaje (Killer Croc) : On a tous signé pour le camp d’entraînement. On s’est tous pointés aux répétitions, enfermés dans une salle sans climatisation pendant des jours entiers à improviser, chercher le film etc. Tous sauf Jared

Will Smith : Mais il a envoyé un rat !

Jay Hernandez : Son esprit était parmi nous.

Adam Beach : Avant qu’il envoie le rat et tout le reste, David nous a surpris en train de pester contre Jared. On était vraiment remontés. "Putain, mais c’est qui ce mec ? C’est quoi son problème ? Y PEUT PAS VENIR DIRE BONJOUR ?!". Et il est venu dire bonjour, ça oui. D’une drôle de manière !

Torrent d’exclamations indéchiffrables.

Première (à Jared) : Vous avez envoyé un rat ?

Jared sourit.

Will Smith : Il a envoyé un rat vivant. Dans une boîte.

Margot Robbie : Et plein d’autres friandises…

Cara Delevingne : Dont on ne parlera pas (Rires).

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Première : Les héros n’ont plus la côte. Les gens veulent des bag guys. Ça se voit dans les séries et les films qui marchent, dans l’avènement de Donald Trump… Suicide Squad tombe à pic, non ?

Will Smith : Ah le voilà, le frenchie ! Tout de suite, il ramène à la politique.

Jay Hernandez : Les gens finissent par se lasser. Ils veulent de la nouveauté. J’adore les sushis, c’est délicieux. Mais j’en mangerai pas tous les jours.

Cara Delevingne : Objection !

Jai Courtney : Pareil, j’objecte. Sushis tous les jours, merci.

Joel Kinnaman : Je pense que ce que les gens recherchent par-dessus tout, c’est l’authenticité. On aime les bad guys parce qu’ils ne s’excusent pas. Ils sont ce qu’ils sont. Ils font ce qu’ils disent, et ils disent ce qu’ils pensent. C’est très attrayant pour pas mal de monde.

Première : Vous passez tous par une grosse transformation physique pour incarner ces super-vilains. Sauf Jai, peut-être…

Jai Courtney : Je me transforme. Vous rigolez ?

Margot Robbie : Tu passes de Bogan (NDLR : équivalent australien de plouc dégénéré) à super Bogan.

Jai Courtney : Ecoutez, je ne savais rien sur Captain Boomerang avant ce film… (Explosion de rires). Et quand je me suis finalement penché sur les comics, j’étais plutôt gêné. Il vient des années 60, avec ce côté camp typique des mauvais méchants de comics Un ramassis de clichés. J’étais assez nerveux, je n’avais pas encore lu le script. Si vous n’êtes pas australien, vous ne pouvez pas savoir l’embarras national qui consiste à s’appeler Captain Boomerang. Il pourrait aussi bien chevaucher un putain de kangourou ! J’ai finalement accepté à la condition d’éliminer certains traits du personnage. Il était horriblement raciste dans les comics.

Will Smith : Il y a un aspect de Deadshot qui me posait au problème au début. Le fait qu’il puisse tuer un étranger, le détrousser, et emmener tranquillement sa fille faire du shopping. J’ai trouvé ce livre, The Anatomy of Motive, écrit par un célèbre profiler du FBI, où il est dit que tout ce que fait un être humain, en toutes circonstances, il le fait parce que ça lui procure du plaisir. Ça a complètement éclairé la dynamique du personnage : si quelqu’un vient pour me tuer, je le tuerai en premier. Pareil pour le suivant. Et je tuerai suffisamment de gens jusqu’à ce qu’on me laisse tranquille.

Karen Fukuhara (Katana) : Les gens disent que je n’ai rien à voir avec mon personnage…

Margot Robbie : Tu lui ressembles beaucoup.

Rires.

Jay Hernandez : Tu as les mêmes talents de ninja !

Cara Delevingne : Karen a suivi toutes les séances d’entraînement.

Joel Kinnaman : Karen était la plus assidue d’entre nous, toujours à traîner avec l’équipe de cascadeurs, toujours partante.

Première : Qui sortirait vainqueur d’un combat entre vous tous ?

Nous, ou nos personnages ?

Première : Les deux.

Ils pointent tous Karen du doigt.

Cara Delevingne : Katana.

Will Smith : Katana. Aucun doute.

Margot Robbie : Elle est trop rapide.

Karen : Je n’ai pas la taille. C’est tout ce qui me reste.

Première : Harley Quinn n’a-t-elle pas une carte à jouer ?

Margot Robbie : Elle est trop facilement distraite. Elle apercevrait une pièce de monnaie briller dans un coin et pouf, le combat serait terminé.

Première : Imaginez qu’on tire un ou des spin-off de Suicide Squad. Par où commencer ? Qui le mérite le plus son propre film ?

Margot Robbie : Moi.

Joel Kinnaman : Le mien. Carton garanti.

Jai Courtney : Le mien. J’aimerais bien voir ça. Qui ne voudrait pas ?

Will Smith : J’en suis ! Merde, j’ai bientôt 47 ans. Je signe où ?

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Bande-annonce de Suicide Squad :