Max Boublil et Camille Lou dans Play
Gaumont Distribution

Son acteur central et co-scénariste raconte de l'intérieur ce petit bijou de comédie romantique, ce soir sur Canal +.

Comment avez- vous réagi le jour où Anthony Marciano vous a parlé de l’idée de Play ?

Max Boublil : J'accroche tout de suite à cette idée d’un quasi quadra qui rembobine le film de vie. Donc je n’hésite pas une seconde quand il me propose de l’écrire ensemble. D’abord parce que comme Anthony, je suis nostalgique depuis mon enfance ! Mais aussi car comme le personnage de Max, je me suis filmé avec mes potes – notamment Rudi Rosenberg (qui l’a dirigé dans Le Nouveau) – de nos 14 à nos 20 ans. Lui voulait devenir comédien et moi réalisateur. On refaisait des sketchs des Nuls et des Inconnus. Et quand je les regarde aujourd’hui, je suis à chaque fois pris par la nostalgie.

C’est la troisième fois que vous écrivez avec Anthony Marciano après Les Gamins et Robin des Bois, la véritable histoire. En quoi cette expérience a été particulière ?

Ca a été de loin la plus difficile des trois, à cause des contraintes liées à ce principe de found footage. Chaque scène ne pouvait exister que si on était certain que Max aurait sorti sa caméra pour la filmer. Sur le moment, ça me cassait les pieds. Je trouvais que ça brimait notre inventivité. J’expliquais à Anthony que si on devait vraiment trouver une justification à chaque fois, on allait finir avec un film uniquement peuplé de fêtes et d’anniversaires. Mais je ne l’’avais jamais vu aussi sûr de lui. Il n’a fait aucun compromis. Et il a eu raison. Car, au fil de l’écriture, on a fini par trouver des astuces. En fait, le found footage vous pousse à creuser nos idées.

Comment avez-vous justement choisi les situations que vit Max ?

On a commencé par lister des choses qui nous sont arrivées à tous les deux. Comme Max dans le film, je me suis fait agresser juste après avoir eu le permis de conduire. Et j’ai quitté le lycée comme il quitte la fac. Anthony a mis plus de lui dans l’histoire d’amour. C’est pour ça que c’était chouette d’écrire cette histoire avec un ami : on avait énormément de souvenirs en commun. Et alors que lui comme moi sont très pudiques, on s’est déboutonné. Y compris sur le tournage. Ce n’était pas évident pour moi de me mettre à nu devant mon meilleur pote avec qui on se charrie tout le temps. C’est la première fois que je me retrouve à pleurer devant sa caméra. Ce jour- là, il est même sorti de la pièce. Et, en même temps, personne ne me rassure plus que lui en tant que réalisateur. Je sais qu’il sait me diriger. Qu'avec lui, je ne vais pas cabotiner ou faire de fausses notes. D’ailleurs c’est la première fois où on me fait autant travailler. La première séquence, on l’a refaite 73 fois. Pour juste deux phrases. Je n’arrêtais pas de dire à Anthony « Tu te prends pour Kechiche ? » (rires) Après, je me demandais si des gens allaient partager nos délires et nos souvenirs. Mais une fois encore, Anthony, lui, ne doutait pas.

Play : Comédie feel-good [Critique]

Avec le recul, quelle scène a été la plus compliquée pour vous ?

J’ai toujours du mal avec les scènes de baiser. Ma meuf me dit que je ne sais pas embrasser dans les films. C’est Anthony qui a dû me diriger. M’expliquer où mettre mes mains, comment pencher la tête…

Qu’est- ce qu’implique dans votre manière de jouer un film en found footage ?

On joue contre- nature. On se chevauche volontairement entre comédiens, on regarde la caméra. Cette mécanique était difficile à intégrer. Mais à l’inverse, la multiplication des plans- séquence permet de tourner plus vite et de faire plus de plans. Mais tout au long du tournage, sincèrement, je ne voyais pas le film. Je me demandais si les gens allaient s’accrocher à un personnage caché la moitié du temps derrière la caméra. Et pas uniquement pour flatter mon ego de comédien qui veut se montrer ! (rires) Je n’arrêtais pas de dire à Anthony que je ne comprenais plus le film que j’avais co- écrit.

Et comment avez-vous réagi alors à la découverte du film ?

J’ai été bluffé car j’ai redécouvert ce qu’on avait écrit. Anthony, c’est mon pote. On se connaît depuis longtemps, on travaille ensemble depuis des années. Avec Play, il a fait le film de sa vie. Dans tous les sens du terme


Play – Max Boublil : "J’ai mis beaucoup de moi dans le film"

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