L'Associé du Diable : Keanu Reeves dans son meilleur rôle depuis longtemps [critique]
Warner Bros

Al Pacino, lui, "en fait toujours des tonnes, mais cette fois, c'est justifié."

En ce 17 octobre, L'Associé du Diable fête ses 25 ans. Réalisé par Taylor Hackford (Officier et Gentleman, Ray...), ce récit sur l'ambition dévorante d'un jeune avocat new yorkais, parsemé d'éléments fantastiques, de références à la Bible, mais aussi de pas mal d'humour noir, avait bien plu à Première lors de sa diffusion française, en janvier 1998. Gérard Delorme prévenait tout de même ses lecteurs qu'à force de mélanger les genres et de vouloir créer la surprise, L'Associé du Diable pouvait finir par perdre une partie de son public. Il saluait aussi la performance de Keanu Reeves, qui n'était pas encore aux yeux du public le Neo de Matrix, mais déjà célèbre grâce à Point Break, Les Liaisons dangereuses ou Dracula, et qui se montrait capable de tenir tête à un Al Pacino absolument déchaîné dans la peau du diabolique John Milton. Etonnamment, cette réaction à chaud ne mentionnait pas Charlize Theron, dont ce fut pourtant l'un des premiers films importants à Hollywood. En enchaînant That Thing You Do !, The Devil's Advocate et L'Oeuvre de Dieu, la part du Diable, à la fin des années 1990, la comédienne sud-africaine s'est fait un nom, avant de triompher quelques années plus tard aux Oscars grâce à Monster, de Patty Jenkins.

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Voici notre critique : L'Associé du Diable fonctionne à double tranchant. Sa principale qualité peut aussi se retourner contre lui. En effet, sa capacité à surprendre, à se dévoiler au fur et à mesure, à multiplier non pas les fausses pistes mais les différentes approches de ce qui, en fin de compte, est une parabole sur l'ambition, fait qu'on ne s'ennuie jamais au cours des 2h20 de film (on a quand même la nette impression qu'il manque certaines séquences qui auraient assoupli le déroulement et la compréhension du récit). Le danger est que le spectateur se perde en route et n'accepte pas les ruptures de ton.
Ça commence comme une histoire à succès, très précisément documentée sur le milieu et les méthodes des avocats ; ça continue dans une registre qui correspond mieux à ce qu'on attend du titre, comme une version actualisée de Rosemary's Baby avec hallucinations et manifestations surnaturelles (accessoirement, on a droit à une très énergique évocation de New York) ; et ça finit dans la farce, ce qui risque de dérouter. Faut-il prendre au sérieux ce déchaînement kitsch dans lequel tout est dit à la fois explicitement et métaphoriquement ? Peut-on accepter de passer d'un pied de nez au diable, assez inattendu et satisfaisant, à une conclusion trop facile ? Même si le procédé tient de la douche écossaise, le public européen aura peut-être du mal à s'y retrouver. Il pourra toujours se raccrocher aux branches avec les prestations d'Al Pacino (qui en fait toujours des tonnes, mais cette fois, c'est justifié) et de Keanu Reeves, solide et consistant, dans son meilleur rôle depuis longtemps.

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