Le réalisateur explique que le studio ne lui a pas laissé le choix. Et ça lui fait toujours aussi mal.
Le film interstellaire de James Gray, Ad Astra, a beau porter sa signature visuelle et émotionnelle, il ne lui appartient plus vraiment.
C’est ce que le cinéaste confiait amèrement au site Vulture, quelques années après la sortie de ce drame spatial avec Brad Pitt, qui embarque le spectateur jusqu’aux confins du système solaire et qui est à revoir sur France 5 ce soir (et sur France.tv en streaming).
Pour comprendre, il faut remonter le temps. À l’origine, Ad Astra était un projet lancé par New Regency avec 20th Century Fox. En mai 2016, il en fait l'annonce officielle durant le festival de Cannes. Puis, lors de la promotion de The Lost City of Z, il compare l'intrigue de Ad Astra au roman Au cœur des ténèbres (de Joseph Conrad) et parle de son envie d'une approche très réaliste.
AD ASTRA EST DISPONIBLE EN VOD SUR PREMIERE MAXOui mais voilà, au beau milieu du chantier, en 2019, Disney absorbe le studio Fox. Et là, tout a changé : "C’était un grand studio, 20th Century Fox", se souvient Gray dans Vulture avec pas mal de regrets. "Maintenant, c’est fini. Disney a une manière très différente de faire les choses.

Et surtout, un mode de contrôle plus strict. Privé de final cut, le réalisateur s’est vu imposer des choix qu’il n’approuvait pas, notamment la voix-off omniprésente de Roy McBride, jugée redondante voire superflue. "Je n’aime pas ce que vous proposez" n’était tout simplement plus une option pour lui.
Gray, pourtant connu pour son exigence artistique (The Lost City of Z, The Immigrant), n’a pas renié le film mais avoue avoir été "très énervé" :
"En tant que scénariste-réalisateur, c’est mon point de vue qui aurait dû l’emporter. Quand les gens me demandent pourquoi j’ai mis une voix-off débile, alors que ce n’est pas mon choix, c’est frustrant."
Malgré cette amertume, il reste fier de nombreuses séquences — celles où son empreinte n’a pas été édulcorée. "Mais quand Ad Astra a cessé d’être 100 % à moi, j’étais comme un petit garçon très irritable", confesse-t-il. Un aveu désarmant, à l’image de ce film aussi introspectif que mutilé.
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