Guide du 16 janvier 2019
The Walt Disney Company France / Ad Vitam / Mars Films

Ce qu’il faut voir cette semaine.

L’ÉVENEMENT

GLASS ★★★★☆
De M. Night Shyamalan

L’essentiel
La trilogie superhéroïque de M. Night Shyamalan se termine en beauté avec Glass, synthèse improbable mais séminale d’Incassable et de Split.

La fin de Split, amusante relecture Blumhouse (entendez, ironique, méta et cracra) des films de superhéros, nous avait laissés KO. On y voyait Bruce Willis, toujours aussi hiératique, observer d’un œil sévère cabotiner James McAvoy. D’un coup, en un plan “shyamalanesque” (caméra à mi-hauteur cadrant furtivement le personnage), la mythologie Incassable nous revenait en pleine figure. David Dunn, le Superman près de chez vous, était de retour, prêt à affronter La Bête, la personnalité la plus flippante du schizophrène XXL Kevin Wendell Crumb. Restait à intégrer à l’équation Elijah Price, l’homme de verre, incarné par le charismatique Samuel L. Jackson dans le film séminal d’origine. Séminal ou simple élément d’un puzzle dont les pièces majeures seraient contenues dans Glass, clef de voûte du Shyamalan Universe ?
Christophe Narbonne

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PREMIÈRE A AIMÉ

DOUBLES VIES ★★★☆☆
De Olivier Assayas

On le sait, Olivier Assayas est obsédé par la mode, la nouveauté, l’envie de saisir l’esprit du temps. Ça fait peut-être de lui un éternel jeune homme moderne, mais ça condamne également nombre de ses films à vieillir plus vite que la moyenne, à ne s’apprécier que comme des témoignages sur l’époque de leur tournage. Cet écueil semblait particulièrement guetter Doubles Vies, qui traite de l’inquiétude, hyper contemporaine, d’une poignée d’intellectuels quant à la fin de la civilisation de l’écrit et au triomphe des écrans.
Frédéric Foubert

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THE FRONT RUNNER ★★★☆☆
De Jason Reitman

En 1988, Gary Hart (Hugh Jackman, impeccable) est l’homme politique américain qui monte. Le démocrate est en route pour succéder à Reagan à la Maison-Blanche. Jusqu’à ce que la révélation d’une relation adultérine ne fasse exploser sa candidature en plein vol. Cet épisode marque un tournant dans la vie des médias américains : l’instant où la presse d’investigation s’aventure sur le terrain de la vie privée réservé aux journaux à scandale, sans mesurer alors combien ce piège de la peopolisation va se refermer sur elle. Jason Reitman filme cette séquence inaugurale avec toute l’ambiguïté indispensable à cette situation. Hart n’y apparaît pas plus en chevalier blanc injustement souillé qu’en manipulateur sans foi ni loi. Le réalisateur de Juno se régale des zones de gris en faisant fi du politiquement correct. Un cas rare dans un film de studio qui explique sa réussite.
Thierry Chèze

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

COLETTE ★★☆☆☆
De Wash WestMoreland

Plus qu’un film, ce Colette est une curiosité que l’on regarde comme une œuvre qui n’avait pas forcément vocation à sortir en France. Un portrait de l’auteur de la série des Claudine, mais vu par un prisme 100 % anglo-saxon, qui révèle comment elle est perçue hors de nos frontières. Ce regard, on le doit à un passionné du sujet, Wash Westmoreland, qui a passé vingt ans à se documenter avant que ce projet ne prenne vie, en suivant au pied de la lettre un des péchés mignons de l’écrivaine : enjoliver les événements sordides de sa vie au profit d’une solide dramaturgie. Le nouveau film du réalisateur de Still Alice est donc purement « colettien »... à cause de ses défauts : tout y est un peu trop beau, un peu trop propre, un peu trop lisse. Mais il permet à Keira Knightley de confirmer son aisance dans l’exercice du film en costumes.
Thierry Chèze

AYKA
★★☆☆☆
De Sergey Dvortsevoy

Ayka retrace le calvaire d’une immigrée kirghize dans un Moscou glacial, hostile et violent. Après avoir abandonné son enfant nouveau-né, l’héroïne (impressionnante Samal Yeslyamoca, visage fermé, bloc de détermination et de colère rentrée, primée à Cannes) rejoint le squat surpeuplé où elle survit, avant d’enchaîner des petits boulots ingrats qui lui permettront de rembourser l’argent qu’elle doit à des mafieux. Sergey Dvortsevoy (Tulpan) lève le voile sur un outremonde inhumain, où les animaux, nous dit-il, sont mieux traités que les hommes. La radicalité de la mise en scène condamnant le spectateur à l’apnée (une caméra portée qui ne lâche pas l’actrice d’une semelle) impressionne d’abord, avant qu’on réalise que le systématisme de ce néo-Rosetta ne débouche jamais sur autre chose que la sensation d’étouffement produite par son dispositif claustro.
Frédéric Foubert

 

PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ

BEN IS BACK ★☆☆☆☆
De Peter Hedges

Ben is back raconte le retour à la maison d’un jeune junkie qui s’est échappé de rehab pour pouvoir passer Noël en famille. Le personnage joué par Lucas Hedges (Manchester by the Sea) donne son nom au film, mais la vraie star, ici, c’est sa maman : Julia Roberts est de tous les plans ou presque dans ce projet qu’on soupçonne d’avoir été initié pour valoir à l’actrice une invitation à la prochaine cérémonie des Oscars. Mais le film souffre beaucoup de la comparaison avec son concurrent direct de la saison, My Beautiful Boy (avec Timothée Chalamet en accro à la crystal meth et Steve Carell en papa protecteur déboussolé), qui sort le 6 février et exprime superbement tout ce que ce film-ci ne fait qu’effleurer grossièrement, aussi bien sur le plan « sociétal » (les drogues dures s’immisçant désormais dans les foyers bourgeois) que sur celui de la pure émotion mélo. Bâti autour d’une intrigue invraisemblable (Ben et sa maman partent dans la nuit de Noël rechercher le chien du foyer, enlevé par des méchants dealers), Ben is back confirme le virage sinistre pris par la filmographie de Julia Roberts, désormais partagée entre comédies conformistes, thrillers cheap et drames familiaux tire-larmes. Où est passée l’actrice fabuleuse qui dynamitait les rom-coms des nineties ? Qu’est-il arrivé à Erin Brockovich ? La récente série Homecoming est heureusement là pour nous dire que tout espoir n’est pas perdu. Dans les années 80, comme le chantait les Buggles, la télé a tué les stars de la radio. Dans les années 2010, les stars de ciné seront sauvées par la SVOD.
Frédéric Foubert


UNE JEUNESSE DORÉE
★☆☆☆☆
De Eva Ionesco

Eva Ionesco poursuit sa trilogie inspirée par son enfance et son adolescence mouvementées, entamée avec My Little Princess. Et ce en nous plongeant au coeur des années Palace où son héroïne de 16 ans et son petit ami de six ans son aîné vivent au jour le jour les rencontres improbables de leurs nuits, peuplées de fêtes et d’addictions en tout genre, avant qu’un couple de riches ne décide de les prendre sous son aile. On retrouve ici décuplés tous les défauts de My Little Princess : une artificialité permanente, un penchant épuisant pour l’hystérie et le fantôme de ces fameuses années Palace, soi-disant délirantes et foisonnantes, qui, ici – faute de moyens et d’ampleur de mise en scène – paraissent bien pâles et ennuyeuses. Au milieu de cet océan de torpeur, surnage une pépite : Galatéa Bellugi, déjà remarquée dans Keeper et L’Apparition.
Thomas Baurez

HOLY LANDS
★☆☆☆☆
De Amanda Sthers

Un vieux cardiologue juif new-yorkais (James Caan) décide de partir élever des cochons en Israël. Au grand dam de sa famille : son ex-femme (Rosanna Arquette), atteinte d’un cancer et courtisée par un médecin sexy (Patrick Bruel); son fils (Jonathan Rhys Meyers), dramaturge gay et torturé ; sa fille (Efrat Dor), qui erre élégamment dans Nazareth… Amanda Sthers signe un drame lelouchien confus, qui ouvre de nombreuses pistes narratives mais n’en explore aucune jusqu’au bout. Reste James Caan, impérial en pépé bourru déterminé à défier Dieu.
Cédric Page

 

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