Guide du 17 octobre 2018
Universal Pictures International France / Twentieth Century Fox France / Mars Films

Ce qu’il faut voir cette semaine.

L’ÉVENEMENT

FIRST MAN ★★★★★
De Damien Chazelle

L’essentiel
Après La La Land, Damien Chazelle et Ryan Gosling transforment la conquête de l’espace en odyssée intimiste d’une tristesse cosmique.

Damien Chazelle sera donc ce cinéaste-là : le cinéaste des derniers regards, dans lesquels les films re-défilent en accéléré, comme la vie au moment du dernier soupir. Dans le bar de Whiplash, c’était ça ; puis dans le club de jazz de La La Land ; et encore dans le finale saisissant de First Man, des deux côtés de la vitre en plexiglass : des gens qui se regardent, mari, femme, amant, amante, bourreau, victime, qui font les comptes et prennent la mesure de ce qui les sépare, de ce qui les unit, de tout ce qui a été, et de tout ce qui ne sera plus.   
Guillaume Bonnet

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PREMIÈRE A ADORÉ

SIX PORTRAITS XL : LÉON ET GUILLAUME ★★★★☆
D’Alain Cavalier

Alain Cavalier est devenu un filmeur. Il a longtemps été un cinéaste, comprendre un auteur signant des films dans un format traditionnel, faits de drames, de joies, de beautés, d’élans romanesques bigger than life… Sans oublier, l’essentiel : des stars (Romy Schneider, Jean-Louis Trintignant, Alain Delon, Catherine Deneuve, Michel Piccoli, Nathalie Baye…)  Le combat dans l’île (1962), L’insoumis (1964), La chamade (1968), Le plein de super (1976) …
Thomas Baurez

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L’ÉTAT CONTRE MANDELA ET LES AUTRES ★★★★☆
De Nicolas Champeaux et Gilles Porte

Entre octobre 1963 et juin1964, s’est tenu le procès de Rivonia en Afrique du Sud. Les accusés : Nelson Mandela et les leaders de l’ANC–le parti anti-apartheid- et ceux qui les aidaient. Ces hommes, des noirs, des blancs, un indien, risquaient la mort. Ils ont tenu tête contre le racisme d’Etat. Six d’entre eux seront condamnés à la prison à perpétuité. Ils ne recouvreront la liberté que 36 ans plus tard. De ces heures de réquisitoires et d’interrogatoires, il n’y a aucune image, mais l’intégralité des actes a été enregistrée. Ce sont ces archives audio miraculées des années Apartheid qui arrivent pour la première fois à nos oreilles. Outre le fait d’exhumer ce document historique, c’est la manière dont le font les réalisateurs Gilles Porte et Nicolas Champeaux (ancien correspondant de RFI, spécialisé dans l’Afrique du Sud) qui est admirable. Le récit du procès est illustré par de magnifiques animations signées Oerd. Elles donnent l’impression d’avoir été griffonnées à la craie noire ramassée sur le sol d’une prison. Très stylisés, les dessins virent parfois à l’abstraction, conférant un lyrisme étonnant aux propos. Et puis, il y a les témoignages des survivants. Réagissant aux paroles surgies du passé qu’ils écoutent au casque devant nous, ces vieillards livrent leur version intime de l’histoire. Forcément bouleversante. Quelle bonne idée aussi de donner la parole aux fils et aux épouses, victimes collatérales de l’engagement de leur proche. Rarement la résistance n’aura eu visage plus significatif que celui d’un fils séparé trente ans de son père. Le film remet le collectif en avant, là où le régime anti apartheid avait focalisé la responsabilité d’une cause sur un homme (Mandela). Mais c’est ensemble que les accusés de Rivonia avaient décidé de laisser Mandela s’exprimer par un discours –devenu célèbre. Les réalisateurs donnent à entendre sa voix à de jeunes sud-africains d’aujourd’hui, noirs et blancs. L’émotion est grande.
Sophie Benamon

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PREMIÈRE A AIMÉ

THE HOUSE THAT JACK BUILT ★★★☆☆
De Lars Von Trier

À l’exception de sa période chrétienne marquée par Breaking the Waves, la filmographie de Lars von Trier révèle une vision peu indulgente à l’égard du genre humain. C’est avec une froideur méthodique et ciblée qu’il a réglé ses comptes avec les Américains (Dogville et Manderlay, le troisième épisode n’ayant pu se faire faute d’une interprète consentante), les acteurs (Le Direktør), et les femmes, auxquelles il a consacré une trilogie complète débutée avec Antichrist (qui traitait de l’hystérie), tandis que les titres de Melancholia et Nymphomaniac parlaient pour eux-mêmes.
Gérard Delorme

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LE JEU ★★★☆☆
De Fred Cavayé

Le temps d’une soirée festive, trois couples (et leur pote célibataire) décident, par défi, de jouer la transparence en disposant leurs smartphones au milieu d’une table. Chaque appel ou notification quelconque sera partagé avec les autres... L’unité de temps et de lieu, le pitch diabolique (virant au ré-règlement de comptes entre amis) et le casting rassembleur évoquent irrésistiblement Le Prénom auquel cette comédie high concept se mesure sans fausse modestie. Avec sa science du rythme et du suspense, héritage de ses années polar, Fred Cavayé signe un réjouissant Jeu (de massacre) dont le centre de gravité se déplace sans cesse, entre rire et émotion. Le pied de nez final, un peu déconcertant, ne gâche en rien cette partie de plaisir.
Christophe Narbonne

YÉTI & COMPAGNIE
★★★☆☆
De Karey  Kirkpatrick et Jason A. Reisig

Ne vous fiez pas à son titre français qui surfe sur la vague des Monstres & Cie (très bien !) ou Cigognes et Compagnie (moins bien !). Les références de ce Yeti & Cie sont plutôt à chercher du côté de son titre original (Small Foot) car il s’agit d’une variante de Happy Feet. Le film est produit par Glenn Ficarra et John Requa (le duo derrière Crazy, Stupid, Love) et se concentre sur un jeune Yeti dont le monde tourne autour d’une mythologie à laquelle il croit dur comme fer. Son but : succéder à son père et devenir le prochain « sonneur de gong » afin d’avoir la charge de réveiller tout le village. Un accident va le mettre nez à nez avec un « small foot », surnom donné aux humains que les Yétis considèrent comme des créatures imaginaires. Personne au village ne veut croire à sa rencontre et le voilà banni. Le film est un divertissement très agréable pour les enfants sur les croyances, rythmé par de très sympathiques numéros chantés. Les adultes y trouveront, quant à eux, matière à réflexion sur les mythes. La séquence de la déconstruction de la légende sur laquelle repose la civilisation yéti est à ce titre très émouvante tant dans le récit que graphiquement. Remettre en question ses connaissances, savoir pourquoi certaines règles sont mises en place sont autant d’axes que nous offre ce film d’animation très réussi.
Sophie Benamon

SANS JAMAIS LE DIRE ★★★☆☆
De Tereza Nvotová

De façon clinique, Tereza Nvotová examine les conséquences d'un viol sur une jeune fille qui se mure dans le silence après une tentative de suicide. Incompréhension des proches, dureté du monde psychiatrique (elle finit par être internée)... La jeune réalisatrice signe un premier film éprouvant, un peu chargé (la victime a un frère déficient mental, ce qui augmente le pathos), dont la mise en scène, pudique, s'efface derrière le regard blessé de l'héroïne.
Christophe Narbonne
 

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

THE PREDATOR ★★☆☆☆
De Shane Black

En 1987, Predator dépassait son statut initial de sympathique série B grâce à sa construction originale, ses punchlines lancées par un Arnold Schwarzenegger en grande forme, sa violence assumée, et bien sûr sa créature énigmatique, visuellement impressionnante, qui a tellement intrigué les spectateurs qu’elle a eu droit à plusieurs suites et spin-offs donnant plus ou moins de détails sur son origine et ses motivations. En (très) bref, Predator est devenu culte et il a fait des petits, sans qu’aucun d’eux ne parvienne jamais à l’égaler.
Élodie Bardinet

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CAPHARNAÜM ★★☆☆☆
De Nadine Labaki

L’argument du film est dingo : un enfant de douze ans assigne ses parents en justice pour lui avoir donné la vie ! Et Nadine Labaki, réalisatrice de l’acclamé Caramel, de dérouler le fil d’une existence chaotique, passée dans la rue où le petit Zain tente de gagner de l’argent, aussitôt reversé à ses parents, Thénardier des temps modernes. Inspiré par la réalité, tourné caméra au poignet dans un souci d’immersion total, Capharnaüm crie à chaque plan son désir de s’inscrire dans la lignée des grands films sur l’enfance volée, du Voleur de bicyclette à Los Olvidados. La barre est un peu haute pour la réalisatrice qui n’évite pas toujours la sensiblerie et un esthétisme déplacé. On lui sait cependant gré de ne pas condamner ses personnages, victimes de leur condition et artisans de leur propre malheur.
Christophe Narbonne

WINE CALLING
★★☆☆☆
De Bruno Sauvard

Bruno Sauvard propose ici une plongée dans le côté punk et rebelle du monde viticole, de ces femmes et hommes qui ont décidé depuis quelques années d’inventer le vin qu’ils avaient envie de boire. 100% naturel et sans artifice. Plus qu’un vin bio, un vin libre dans tous les sens du terme ! L’occasion d’une galerie de personnages haut en couleur et de récits de passionnés qui s’adresse tout autant aux profanes qu’aux passionnés. Mais au-delà de cette galerie jamais ennuyeuse tant les profils rencontrés apparaissent différents, il manque un contrepoint, un avis moins automatiquement empathique qui questionne la qualité de ces différents vins et les remettent en perspective. Non pour les casser mais au contraire pour en souligner la qualité par un point de vue extérieur et non convaincu a priori par la cause.
Thierry Chèze

 

PREMIÈRE N'A PAS AIMÉ

LE FLIC DE BELLEVILLE ★☆☆☆☆
De Rachid Bouchareb

Le titre n’est pas trompeur : le nouveau film de Rachid Bouchareb se veut une relecture à la française (franchouillarde ?) des buddy cop movies du type Le flic de Beverly Hills et 48 heures. Il a d’ailleurs fait appel à Larry Gross -scénariste de 48 heures- pour l’aider à orchestrer l’association contre-nature d’un poulet français et d’un inspecteur ricain, enquêtant sur un trafic de cocaïne qui a entraîné l’assassinat du meilleur ami du premier. 
Christophe Narbonne

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Le miracle de Berne de Sönke Wortmann
 

Reprises
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