La firme de Cupertino attend beaucoup du projet porté par Lewis Hamilton, censé crever l'écran et le box-office cet été. Et la Formule 1 aussi.
L'été sera tendu pour Lewis Hamilton. Tandis que sa première saison chez Ferrari se déroule difficilement, le pilote enfilera sa casquette de producteur pour F1, le film - qui sortira le mercredi 25 juin prochain en France.
Le sportif britannique avance avec assurance : "Quand on regarde les précédents films de course, c’est très difficile de recréer une vraie sensation de pilotage. Celui-ci est tout simplement le meilleur film de course jamais réalisé.”
Au fil d'une série d'interviews menée par Variety, c'est toute la stratégie d'Apple en matière de cinéma qui est décortiquée. Car le groupe américain a sorti les grands moyens pour accompagner ce qui constitue la campagne de lancement la plus ambitieuse de l’histoire de la marque à la pomme dans l'industrie hollywoodienne. Le film, dirigé par Joseph Kosinski (Top Gun: Maverick), a nécessité une année de développement technologique pour concevoir des caméras capables de capturer toute la puissance de la course automobile. Une innovation qui se retrouvera dans l’appareil photo de l’iPhone dernier cri, se réjouit Tim Cook. Oui, le cinéma peut aussi aider à booster la technologie et la vente de smartphones...

Kosinski, lui, dit avoir ressenti la force d'Apple out au long de la production. Grâce au soutien du géant tech et aux connexions d’Hamilton dans le paddock, le réalisateur a obtenu l’autorisation exceptionnelle de filmer sur de nombreux Grands Prix pendant les saisons 2023 et 2024. L’équipe du film s’est carrément imposée comme la 11e écurie non officielle du circuit, avec son propre paddock en plein cœur de l’action pour capter au plus près les scènes de course.
Il faut dire que pour le consortium qui gère les droits de la F1, le film revêt un enjeu majeur pour permettre à la discipline de s'imposer plus largement aux Etats-Unis. D'ailleurs, Variety souligne que les rumeurs vont bon train : Apple pourrait bien être en lice pour récupérer les droits de diffusion télé de la Formule 1 aux USA dès la saison 2026, qui comprendra trois courses chez l'Oncle Sam. En clair, la Formule 1 regarde sérieusement du côté de l'Amérique et compte bien profiter de la puissance de la firme de Cupertino pour s'y imposer, elle qui paraît engagée dans un gros pari sur la F1. Un deal gagnant-gagnant ?
Le box-office sera juge.

Mais Tim Cook veut y croire : “On a vraiment la sensation d’être dans la voiture avec la caméra. On a soigné chaque détail." Car la prouesse technique du film est déjà indiscutable : plus de 5 000 heures de rushs qui ont été captées à l’issue de la saison 2024. “La F1, c’est l’art de repousser les limites technologiques — c’est inscrit dans l’ADN du sport,” confie Kosinski. “Et ça s’accorde parfaitement avec l’esprit Apple.” Il poursuit : “Ce film, c’est le fruit d’un partenariat incroyable entre deux marques géantes. Il fallait ça pour réussir un tel projet."
On parle d'un budget pharaonique allant de 200 à 300 millions de dollars. C'est clair, F1 marque une étape décisive dans la stratégie d’Apple TV+, lancé en novembre 2019. Plutôt que de racheter un studio ou un catalogue — ce qu’Apple aurait facilement pu faire avec ses 30 milliards de dollars en réserve — la marque a préféré bâtir son identité pas à pas, fidèle à l’éthique de Steve Jobs et Steve Wozniak. “On a choisi de ne pas acquérir un catalogue. C’est une voie plus rapide, mais ça ne ressemblait pas à Apple,” confie Tim Cook. “Apple doit incarner quelque chose dans lequel on met de la passion. Et c’est exactement ce qu’on fait avec nos séries. Aujourd’hui, on sent qu’on est dans notre rythme de croisière. C’est formidable.”
Cook précise qu’au fond, Apple reste un “faiseur d’outils”, une entreprise qui conçoit des appareils au service de la créativité et sa plateforme a été pensée dans cette lignée : “On se trouve à l’intersection entre la technologie et les arts,” dit Cook. “On voulait qu’Apple TV+ soit un lieu où les grands conteurs puissent raconter leurs plus belles histoires. On a étudié le sujet pendant des années avant de se lancer. Il y a beaucoup de théories sur nos intentions, mais la réalité est simple : on veut raconter de grandes histoires et en faire un grand business. Voilà pourquoi on est là.”

Si la la marque tech a su se faire une place de choix dans le coeur du public avec ses séries, grâce à Severance ou Silo ou The Morning Show, côté cinéma, la montée en puissance d’Apple Original Films, sous la houlette de Matt Dentler, a été plus progressive, freinée par les aléas des confinements liés à la pandémie. En 2023, Napoléon de Ridley Scott n'a pas rencontré le succès espéré. En 2024, la firme avait même fait machine arrière à la dernière minute sur la sortie en salles de Wolfs, avec George Clooney et Brad Pitt, en partie à cause de critiques mitigées. Une décision qui avait relancé les interrogations sur l’engagement réel d’Apple en faveur de l’exploitation en salles.
Mais selon Zack Van Amburg et Jamie Erlicht, les deux têtes pensantes d’Apple TV+, la sortie de F1 va mettre un terme à ces doutes. “C’est exactement le type de film que les exploitants réclament : un film grand public, conçu pour le grand écran", insiste Erlicht. “Ce n’est pas parce qu’un film est résolument commercial — et F1 l’est — qu’il ne peut pas atteindre un très haut niveau de qualité. Il remplit toutes les cases d’un pur film de course à l’adrénaline, mais avec des personnages puissants, des émotions humaines universelles. C’était essentiel. Ce film reflète notre foi dans le cinéma."
Reste que la trajectoire de F1 ne se jouera pas uniquement dans les allées du campus de Cupertino. C’est dans les multiplexes du Midwest, là où la formule 1 n'est pas vraiment une religion, que le destin du film se scellera.
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