L’héroïne du Bazar de la charité et Cat’s eyes trouve enfin son premier grand rôle sur grand écran avec Natacha (presque) hôtesse de l’air où son naturel et son espièglerie font merveille.
Depuis 2019 et l’enchaînement de Play d’Anthony Marciano et Jusqu’ici tout va bien de Mohamed Hamidi, on vous voit régulièrement au cinéma (Pourris gâtés, Chasse gardée…). Mais avec Natacha (presque) hôtesse de l’air de Noémie Saglio, c’est la première fois que vous tenez le rôle- titre d’un film. Vous connaissiez la BD dont il est adapté ?
Pas du tout ! J’ai donc découvert le scénario vierge de tout a priori et je l’ai dévoré. On voit tout de suite le personnage incroyable qu’il y a à jouer. Je vais d’ailleurs mettre ensuite du temps à lire la BD puisque cette adaptation épouse un changement d’époque et que si le film avait été tourné dans les années 70, date de création de la BD, il aurait sans doute raconté autre chose. Là, je trouve le burlesque de comique de situation à la OSS 117 absolument irrésistible. Et comme il s'agit d'une sorte préquel - sur comment Natacha est devenue hôtesse de l'air – et non l’adaptation d’un tome, ça donne des libertés. Mais il y a un point commun entre la BD et le film : Natacha ne lâche rien, elle est plutôt optimiste. Et ça m’a fait marrer car on a souvent pu me reprocher de l’être trop dans la vie ! En tout cas, cet humour me parle et la manière dont il se moque par exemple des diktats absurdes de beauté m’a beaucoup plu. Natacha parle de l'émancipation des femmes dans les années 60 en miroir par rapport à aujourd’hui. Le tout avec légèreté et sans jamais se faire donneur de leçon
Comment créez- vous ce personnage délicieusement facétieux ?
J'aime énormément préparer en amont. Lire et relire le scénario bien sûr. Mais aussi parler avec Noémie, lui faire des propositions en amont. Elle avait déjà travaillé avec Vincent (Dedienne) donc elle lui a écrit son personnage de steward sur mesure. Nous, on ne s’était jamais rencontré donc on a dû apprendre à se connaître et Noémie a vraiment retravaillé ce personnage au fil de notre discussion mais à partir d’une base qui était hyper solide. Ca fait 12 ans qu’elle voulait adapter cette BD. Donc bien avant Metoo. Elle connaissait donc tout sur le bout des doigts.
Gamine, vous rêviez de cinéma ou seule la chanson et la comédie musicale, où vous allez vous révéler aux yeux du grand public avec 1789 : Les Amants de la Bastille et La Légende du Roi Arthur, comptaient à vos yeux ?
Toute petite déjà, j'adorais faire des spectacles. Je réunissais mes cousins et je faisais des mises en scène qui mêlait du chant, de la danse, des petites scènes de théâtre… J’étais aussi extrêmement fan de la comédie musicale Le Roi Soleil que j’ai dû regarder 650 fois en DVD. Et il se trouve que mes parents m'ont mis à la chanson car, à un mariage de famille où j'avais chanté, tout le monde s'était arrêté de danser pour m’écouter. De vous à moi, j’ai revu la vidéo et je me demande toujours comment ça a pu se produire ! (rires) Mais au final ils ne se sont pas trompés puisque j'ai pris des cours de chant et que c’est ce qui a lancé ma carrière d'artiste. Pour autant, ce n’était pas un rêve absolu. Ce qui me faisait rêver c’était ce que j'avais pu ressentir en regardant Le Roi Soleil. De parvenir un jour à faire voyager les gens comme j’avais voyagé devant cette comédien musicale. Donc quand j’ai commencé à chanter c’est voir les gens heureux qui m’importait. Et ça reste ma motivation première quand je joue aujourd’hui.
Et dans ce parcours qui va vous mener à devenir actrice, votre participation à Danse avec les stars a joué comme un déclic…
Et pourtant on m'avait dit qu'il ne fallait surtout pas le faire ! Que ça allait ensuite me fermer plein de portes. Mais j'en ai eu marre d'écouter ce que les gens me disaient alors qu'instinctivement, je percevais le contraire. J’adore cette expression qui dit « si le vent tourne, oriente tes voiles ». En, fait, je ne voyais pas pourquoi j’allais de moi- même me priver d’une expérience qui me faisait envie et d’un défi à relever qui allait me permettre d’en apprendre plus sur moi- même. Et ce sont quelques mots de Marie-Claude Pietragalla qui ont tout changé pour moi. Quand elle a dit en parlant de moi : "On dirait une actrice qui danse". Ca m’a émue aux larmes et m’a surtout autorisé à croire que la gamine née dans ce petit village du Nord pouvait devenir actrice, alors que comme Natacha, je ne cochais a priori au départ aucune des cases pour. J’ai donc commencé avec des fictions pour TF1. Où, là encore, on m’avait dit de faire attention sous peine qu’aucune autre chaîne ne ferait appel à moi. Puis j’ai tourné pour France Télévisions. Et là on m’a assuré que si je faisais trop de télé, je ne ferais jamais de cinéma ! Je suis la preuve vivante que les cases sont faites pour être pulvérisées à partir du moment où tu crois à fond dans ton instinct. Noémie dit souvent qu’il ne faut pas avoir peur d'avoir des rêves car même on ne les réalise pas entièrement, il se passera quelque chose sur le chemin pour tenter de les réaliser. Je suis entièrement d’accord avec elle
Vous avez tout de suite aimé vous retrouver devant une caméra ?
Ma toute première expérience fut inoubliable. Puisqu’il s’agissait d’une pub pour la SNCF réalisée par Kim Chapiron avec comme partenaire Kevin Costner ! Mon anglais était un peu approximatif mais c’est le premier grand voyage que je faisais de ma vie, puisque je n'avais jamais quitté l'Europe, ni même pris l’avion. Tout était dingue. J’ai dû me pincer pour y croire. Pareil quand j’ai décroché ensuite ce premier rôle pour TF1 dans Les Bracelets rouges. J’attendais toujours que quelqu’un vienne me dire que c’était une erreur. Ce syndrome de l’imposteur ne m’a d’ailleurs pas quitté aujourd’hui mais il me permet aussi de me remettre en question constamment
Quel rôle a permis une vraie bascule dans votre parcours ?
Sans hésitation, Le Bazar de la charité. Ce rôle, je l’ai attendu. J’ai refusé beaucoup de propositions pour le faire car son tournage a été plusieurs fois décalé. Moi, j’aime profondément la télévision. C’est elle qui a bercé toute mon enfance et mon adolescence. Et là, j’avais eu un coup de foudre absolu pour le scénario et l’ambition dingue du projet. Ca a été un vrai pivot dans ma carrière. Celui qui m’a permis ensuite de faire des choix, d’essayer de ne pas me répéter, de savoir dire non. Je pourrais ne jamais m’arrêter de tourner car j’adore ça. Mais j’ai aussi compris qu’il fallait savoir se poser pour se retrouver soi-même, éviter de se perdre et retrouver l’inspiration.
Jusqu’ici, on vous propose cependant des choses beaucoup plus diversifiées à la télé qu’au cinéma où on vous cantonne surtout à des comédies populaires. Comment l’expliquez-vous ?
C’est drôle car je ne pensais pas au départ être capable de faire de la comédie, de posséder ce rythme indispensable. Mais en télé, on me propose en effet plus de drames. J’ai d’ailleurs pu constater avec les avant-premières de Natacha que les gens qui me suivent par la télé sont étonnés de me voir dans des comédies ! Mais ça va changer car à la fin de l’année, je vais tourner le deuxième long métrage d'Anaïs Volpe dont j’avais adoré Entre les vagues. Mais depuis un moment, mon défi était de réussir à décrocher un drame au cinéma. Anaïs vient encore de me permettre de faire voler en éclats une case.
Vous avez cherché à le provoquer ?
Non, ce n’est pas dans ma nature. Je suis admirative des gens qui le font mais j’en suis totalement incapable. En tout cas, je le ferais mal et ça n’aurait aucune chance d’aboutir. Mais vous savez, même si tout devait s’arrêter demain, j’aurais déjà eu énormément de chance d’avoir vécu ce que j'ai pu vivre. Tant que j'arrive à donner du bonheur aux gens, je continuerai. Mais si un jour on m’explique que je n’intéresse plus personne, je me retirerai sans souci.
Natacha (presque) hôtesse de l’air. De Noémie Saglio. Avec Camille Lou, Vincent Dedienne, Didier Bourdon… Durée : 1h30. Sortie le 2 avril
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