Choix n°1 : La Tête Haute d'Emmanuelle Bercot, avec Rod Paradot, Catherine Deneuve...Synopsis : Le parcours éducatif d'un jeune délinquant, Malony, de six à dix-huit ans, qu'une juge des enfants et un éducateur, tentent inlassablement de sauver.L'avis de Première : Des mains, des jambes, des voix, des cris. Où sommes-nous ? Dans la première séquence, filmée à hauteur d’enfant dans le bureau d’une juge, une mère indigne abandonne sa progéniture. Emmanuelle Bercot situe là les enjeux de son film qui va suivre de A (pour Adolescent) à Z (pour Zéro pointé) le parcours d’un exclus du système – familial, social, scolaire. À la façon de Loach ou des Dardenne, la réalisatrice enferme son personnage dans une sorte de fatalité terrible dont les personnages féminins sont les clés qui ouvrent ou ferment les issues. Malony doit choisir entre une mère toxique et une juge pragmatique, entre la mère-fantasme et l’amoureuse sincère. Une erreur d’appréciation et les compteurs de bonne conduite sont remis à zéro. Et puis il y a l’éducateur, figure paternelle évidente contre laquelle Malony lutte sans raison, juste parce qu’elle représente une insupportable absence. À l’instar du héros, La Tête haute se cogne contre les murs, sample ses propres scènes de punition-rédemption jusqu’à l’écoeurement. On se demande si la lumière viendra. La lueur en tout cas est apportée par Rod Paradot : avec sa mine renfrognée et sa violence rentrée, il débarque par effraction dans le cinéma français. L’un des plus beaux braquages de l’année.Bande-annonce :  Choix n°2 : Mad Max Fury Road, de George Miller, avec Tom Hardy, Charlize Theron...Synopsis : Hanté par un lourd passé, Mad Max estime que le meilleur moyen de survivre est de rester seul. Cependant, il se retrouve embarqué par une bande qui parcourt la Désolation à bord d'un véhicule militaire piloté par l'Imperator Furiosa. Ils fuient la Citadelle où sévit le terrible Immortan Joe qui s'est fait voler un objet irremplaçable. Enragé, ce Seigneur de guerre envoie ses hommes pour traquer les rebelles impitoyablement.L'avis de Première : C’est bien simple : on n’a rien vu d’aussi bandant au cinéma que l’ouverture de "Fury Road" depuis très très longtemps. Le logo warner customisé. Les moteurs qui grondent. Les cris qui résonnent. Et quand l’écran s’anime c’est le début d’une petite dizaine de minutes infernales. De l’action non stop. Monstrueuse, fluide, organique, belle et violente comme une cinématique de "Metal Gear Solid". Découpé par un maître du récit mélangeant des ellipses BD à un storytelling totalement clair. (...) La sécheresse et la puissance du mythe porté à ébullition. En ça, le 4 est bien la suite du 2. Un roadster-movie du néant hurlant ("What a lovely day !"). Avec bolides, fusil à canon scié, apocalypse post-pétrolière, viol et vide, bien ou mal et grand rut goudronné du spectateur. Mel vous manque ? Hardy est parfait dans le rôle de ce centaure-dragster des outbacks, bardé de cuir, irradiant la beauté héroïque, l'animalité, le romantisme et la furie caressante. (...) "Mad Max Fury Road" est un blockbuster qui défonce tout. Bien plus fast et bien plus furieux que les cabrioles de Vin Diesel. Rempli de vision apocalyptiques bien plus folles que celles qu’on peut déjà penser voir dans "Terminator". Sur ce plan (la brutalité, l’énergie, la violence), Miller écrase tout ce que Hollywood a fait depuis des lustres. Et les 6 premières minutes (oui, encore) sont là pour rappeler qui est le king de l’entertainment.Bande-annonce :  Choix n°3 : Girls Only, de Lynn Shelton, avec Keira Knightley, Chloe Moretz...Synopsis : A l’aube de ses 30 ans, on ne peut pas dire que Megan soit fixée sur son avenir. Avec son groupe d'amies déjà bien installées dans la vie, le décalage se creuse de jour en jour. Et ce n'est pas le comportement des hommes qui va l'apaiser ! Au point qu’elle se réfugie chez Annika, une nouvelle amie... de 16 ans. Fuyant avec joie ses responsabilités, elle préfère partager le quotidien insouciant de l'adolescente et ses copines.  Jusqu'à croiser le père d'Annika au petit-déjeuner...L'avis de Première : Une semaine dans la vie de Megan, trentenaire qui regarde, perplexe, son groupe d’amis se construire une vie. Et prend la fuite quand son boyfriend la demande en mariage. Lynn Shelton filme ce moment de flottement entre l’enfance et l’âge adulte où la nécessité de grandir s’impose et produit parfois un mouvement de repli. Chez Megan, le repli consiste à se réfugier chez une ado dont elle prend en charge les problèmes plutôt que d’affronter les siens, avant qu’ils ne la rattrapent... Joli sujet à peine traité dans ce petit film porté par les moues de Keira Knightley, qui ne suffisent pas à compenser les faiblesses d’écriture, notamment du personnage de Sam Rockwell, honteusement sous-exploité.Bande-annonce :  Les autres sorties ciné de la semaine sont ici