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John Hillcoat a adapté le roman La Route, de Cormac McCarthy. L’histoire se situe dans un environnement post-apocalyptique et suit la quête d’un homme tentant de mettre son enfant à l’abri. Ce n’est pas un film sur la fin du monde comme les autres. Pas de scènes d’explosions intenses, ni de course pour sauver la planète, ici. Ce qui intéresse l’auteur, c’est de montrer à quel point l’homme peut être un loup pour l’homme. Comment élever un enfant dans le droit chemin quand les survivants d’une explosion dévastatrice ne cessent de se voler, de se tuer, et même de se dévorer ? C’est le dilemme que tente de résoudre Viggo Mortensen dans le film, en s’évertuant à protéger son fils (incarné par Kodi Smith Mc Phee) des dangers qui les entourent. Du coup, les scènes dérangeantes se multiplient, entre actes de vandalisme, d’humiliations, de cruauté et même de cannibalisme. A tel point que le réalisateur a décidé de s’auto-censurer. L’une des scènes les plus marquantes du livre est celle de la découverte d’un corps de nourrisson, décapité et embroché au-dessus d’un feu de camps. Les cannibales se sont enfuis dans la forêt à l’approche des pas des deux personnages principaux, laissant derrière eux cette scène macabre et choquante qui marque la coupure des hommes avec leurs restes d’humanité. John Hilllcoat a préféré ne pas montrer cette image à l’écran. Pourtant, il avait tout d’abord insisté pour tourner cette scène, si cruciale dans le roman : « C’est quelque chose pour laquelle je me suis battu, a-t-il déclaré à PopEater. On ne pouvait pas y échapper en adaptant le livre. » Mais après avoir réussi à convaincre son équipe d’intégrer cette scène au tournage, c’est au moment du montage du drame qu’il a changé d’avis. « J’ai baissé les bras, avoue-t-il, nous avons dû nous retirer cette scène. Nous ne l’avions pourtant pas filmé comme des voyeuristes, nous avions essayé de l’intégrer de façon furtive. Quand on entend parler de cette image, ça fait froid dans le dos… comme dans un film d’horreur (…). Dans notre tête, ça a un vrai impact, très puissant. Quand on le voit à l’écran, par contre, c’est très différent. C’est très dur et marquant. » Une censure assez compréhensible qui repose la question de l’adaptation. Un film ne peut malheureusement pas tout montrer et une image peut avoir un impact très différent d’un extrait de roman sur le spectateur. Du coup, on peut se demander si le film sera aussi impressionnant et passionnant que le roman… Réponse à partir de mercredi prochain, le 2 décembre.