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Ce qu’il faut voir cette semaine.

L’ÉVENEMENT

KNOCK ★★★☆☆
De Lorraine Levy

L’essentiel
Nouvelle adaptation de la pièce de Jules Romain, Knock est une comédie familiale carrée.

Ex-escroc reconverti en médecin, le docteur Knock débarque dans un village laissé “bien portant” par son prédécesseur. Partant du principe que tout un chacun est un malade qui s’ignore, Knock va mettre les habitants à la diète et, s’en faisant, plein les poches… Porté par le charisme de Louis Jouvet et une pléiade d’excellents seconds rôles, le Knock de 1951 était une comédie sans grande envergure dont l’histoire a retenu l’immortelle réplique, “Ça vous chatouille ou ça vous gratouille ?”.
Christophe Narbonne

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PREMIÈRE A PLUTÔT AIMÉ

LA BELLE ET LA MEUTE ★★★☆☆
De Kaouther Ben Hania

Pour retranscrire le tabou culpabilisant et cauchemardesque que représente le viol dans la société tunisienne, La Belle et la Meute avait besoin d’une mise en scène radicale. Elle tient d’abord à une déstabilisante ellipse : après une séquence de fête étudiante, la jeune Mariam est en montrée en train de courir dans la rue, en larmes et pétrifiée d’angoisse. Une coupure soudaine dans le récit qui laisse un vif sentiment de désorientation ; s’il n’a rien vu du viol subi par Mariam, le spectateur se trouve ainsi projeté dans la peau de la victime traumatisée, qui passera la nuit à essayer de prouver les faits auprès d’une administration policière d’abord indifférente, puis menaçante. À travers d’intenses plans-séquences qui exposent en temps réel le combat nocturne de son héroïne (contre la honte qu’on cherche à lui imposer, contre la violence faite aux femmes, contre un système corrompu), Kaouther Ben Hania démontre avec force que l’horreur d’un viol réside aussi dans l’humiliation qui suit, lorsque la proie prend conscience de son tragique isolement. Mais c’est précisément au bout de l’aliénation la plus épuisante que surgit parfois une précieuse lueur d’espoir. Derrière le pamphlet rageur contre les autorités tunisiennes, La Belle et la Meute dresse également le portrait universel d’une jeunesse qui, face à l’injustice, ne peut trouver son salut qu’en comptant sur elle-même. Inspiré d’une histoire vraie, ce coup de force cinématographique en devient autant glaçant que porteur d’espoir.
Damien Leblanc

LAISSEZ BRONZER LES CADAVRES ★★★☆☆
De Hélène Cattet et Bruno Forzani

Avec la minutie d'artisans perfectionnistes, Hélène Cattet et Bruno Forzani construisent leurs films comme des patchworks, empruntant divers éléments au cinéma populaire italien de la fin des années 60. S'ils étaient musiciens, on les qualifierait de néopsychédéliques. Jusqu'ici, ils ont proposé des exercices de style somptueux mais hermétiques, à savourer pour le plaisir des sens. Celui-ci, adapté d'un roman de Jean-Patrick Manchette, pouvait laisser présager un film plus classiquement narratif. On y suit une bande de braqueurs qui ont trouvé refuge dans un château en ruine occupé par des artistes lorsque surgissent deux flics à moto. La suite est un jeu de cache-cache mortel dans une forteresse remplie de cachettes et de pièges. Avec Cattet et Forzani, le thriller penche encore vers l'abstraction, et chaque situation est un prétexte pour expérimenter. C'est donc un peu déroutant, mais il est facile de se laisser séduire (ou hypnotiser) par le rythme étrange et répétitif, parsemé de visions baroques qui témoignent de l'état d'esprit des occupants des lieux, dominés avec beaucoup d'autorité par Elina Löwensohn. Vers la fin, le délire s'intensifie pour aboutir à un stupéfiant climax au cours duquel les couleurs de divers liquides corporels se confondent avec des gerbes de lumières pour évoquer un feu d'artifice psychédélique. La musique, essentiellement puisée dans les classiques du giallo, confirme le fétichisme assumé du projet. 
Gérard Delorme

TOUS LES RÊVES DU MONDE ★★★☆☆
De Laurence Ferreira Barbosa

Dans les années 90, Laurence Ferreira Barbosa s’imposait comme le chef de file du cinéma d’auteur national avec trois films (Les gens normaux n’ont rien d’exceptionnel, J’ai horreur de l’amour, La vie moderne) portant sur la société française, à travers des personnages en décalage, un regard à la fois généreux et inquiet. Les deux décennies suivantes furent plus discrètes pour celle qui revient aujourd’hui avec un nouveau portrait d’héroïne déphasée, une lycéenne amoureuse de patin à glace et de piano, persuadée que sa place est au Portugal, la patrie de ses parents. Pamela est barbosienne en diable : mal à l’aise dans son corps un peu rond, trop ceci, pas assez cela. Ce n’est qu’en étant confrontée à ses contradictions qu’elle parviendra peut-être à franchir un cap et à s’accepter. La réalisatrice excelle à dépeindre l’indécision, cet état un peu second où tout peut basculer. Elle est servie dans sa démarche par une jeune actrice au visage franc et lumineux, Pamela Constantino-Ramos.
Christophe Narbonne

L’ASSEMBLÉE ★★★☆☆
De Mariana Otero

La documentariste Mariana Otero a longuement accompagné Nuit Debout en s’intéressant spécifiquement à la tenue des assemblées générales, expressions pures de la démocratie, qui ont maintenu et amplifié le mouvement. Son credo ? Filmer in extenso les débats, les prises de paroles et les petits accrocs qui ont ponctué ces assemblées, définies par l’envie d’assurer une cohérence de fond et de forme. Le résultat est un instantané in situ plein de vie et d’imprévus qui humanise un mouvement que les récupérations par les uns (ou par les autres) et une médiatisation parfois maladroite ont fini par caricaturer. À chacun, désormais, de se faire son opinion.
Christophe Narbonne

CORBIER, DES TRACES DANS LA MEMOIRE DES MASSES ★★★☆☆
De Félix Létot

Le principal problème de ce joli docu réside dans son sujet : François Corbier, le guitariste barbu et paillard du Club Dorothée. Si les mots de "Corbier" et "Club Dorothée" ne vous disent rien, ce film ne risque pas de vous dire grand-chose. Mais pour toutes celles et ceux qui ont été biberonnés à la télé AB, Corbier, des traces dans la mémoire des masses va non seulement vous apprendre des trucs sur le parcours du héros (sa formation, ses premières télés imberbes, son nom de scène inspiré de François Villon...) mais risque même de vous mouiller les yeux. Sans céder à la nostalgie ni à l'aigreur (les flashbacks de la période de gloire Azoulay sont rares), ce portrait se focalise sur l'état actuel de Corbier, qui a toujours une patate dingue à 70 ans et remplit des petites salles avec sa guitare et de sa gouaille. Respect.
Sylvestre Picard

MY LITTLE PONY, LE FILM ★★★☆☆
De Jayson Thiessen

Inspiré de la série animée de Lauren Faust, My Litte Pony raconte l’histoire de Twillight, la princesse de l’amitié qui va devoir sauver Equestria du terrible roi Storm, venu voler la magie du royaume des poneys. Le réalisateur Jayson Thiessen propose une aventure très colorée qui devrait ravir les enfants, en suivant la quête initiatique de leur héroïne qui rencontrera plusieurs nouveaux personnages drôles et attachants.
Maxime Kasparian

BRICKS ★★★☆☆
De Quentin Ravelli

Bricks s'intéresse aux conséquences de la crise en Espagne et fait un parallèle dans un coin de la péninsule entre les briques inutilisées suite à la crise du logement et les "briques" (le surnom des liasses énormes de documents envoyées par les banques à ses clients endettés avant leur expulsion). A partir de ce parallèle, le film, rythmé par le bruit de la fabrication des briques, veut être un observatoire de la société espagnole entière (et une petite leçon de démocratie locale). Son réalisateur, sociologue, connaît son sujet à fond, mais le film reste un peu froid et démonstratif.
Sylvestre Picard

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

THE SQUARE ★★☆☆☆
De Ruben Östlund

De l’avis général, la sélection du 70ème Festival de Cannes était bien pâlichonne. Pas de véritable coup de cœur à part 120 battements par minute de Robin Campillo, justement couronné du Grand Prix du Jury. The Square, projeté à la presse le premier vendredi, n’avait de son côté suscité aucun enthousiasme, clivant poliment les « pro » et les « anti ». Personne, alors, n’aurait misé un kopeck (encore moins une Palme d’Or) sur le nouveau film du réalisateur suédois, émule un peu prévisible de Michael Haneke et de Stanley Kubrick. 
Christophe Narbonne

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ZOMBILLENIUM ★★☆☆☆
De Arthur De Pins et Alexis Ducord

Pour le passage de sa BD au grand écran, Arthur de Pins a choisi d’écrire une histoire originale, variante du premier tome dans lequel un quidam désespéré devenait un vampire et devait apprendre à évoluer dans le monde cintré de Zombillenium, un parc d’attractions géré par de vrais monstres. Ici, le quidam en question est un contrôleur des normes de sécurité qui a le malheur de vouloir réglementer Zombillenium : mordu par le vampire en chef, Hector devient un monstre indéterminé pris sous son aile par Gretchen, la sorcière stagiaire du lieu. Pendant ce temps-là, Lucie, la fille d’Hector, se languit de son papa…
Christophe Narbonne

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