Godzilla x Kong: Le Nouvel empire Il fallait quand même envisager la possibilité que Godzilla x Kong: Le Nouvel Empire soit un véritable punching-ball critique : après tout, ne parle-t-on pas d’un film se déroulant dans une délirante Terre creuse où King Kong cherche des copains singes géants tandis que Godzilla rôde sur la surface de notre planète pour la sauver d’autres Titans comme lui ? |
Sylvestre Picard | |
Drive away dolls Depuis que les frères Coen ont décidé de mener des carrières solo, Joel a signé une adaptation très arty de Macbeth, qui manifestait son besoin de changer d’air. Et Ethan, alors ? Désormais associé à sa femme Tricia Cooke, il signe avec Drive-Away Dolls une compilation des pires tics du cinéma coenien. |
Frédéric Foubert | |
Xalé, les blessures de l'enfance La vie quotidienne de jeunes gens, dans une banlieue de Dakar… Assis face à la mer, Adama annonce à sa sœur Awa qu’il rêve de quitter le pays pour vivre en Europe. À quelques pas de là, une autre adolescente, Fatou, est contrainte par sa grand-mère mourante d’épouser son oncle. Moussa Sène Absa ne manque pas d’imagination pour mettre en scène cette fable sur la jeunesse condamnée de son pays - notamment ces chœurs, autour des acteurs, qui donnent à leurs trajectoires des airs de tragédie antique. Emma Poesy |
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Le Vieil homme et l'enfant Expulsé de son exploitation du fin fond de l’Islande (en échange de 150 millions de couronnes) pour cause de travaux pour une centrale hydroélectrique, un vieil homme taiseux acquiert une maison dans la banlieue de Reykjavik. Bien que guère original, le portrait de ce bourru au grand cœur ne manque pas de charme. Jusqu’à le récit bascule, quand alors qu’il a pris sous son aile l’enfant des voisins, délaissé par ses parents séparés, ceux- ci vont le soupçonner d’intentions pédophiles… que ne dénie pas le petit garçon qui sait pourtant que tout est faux. |
Thierry Chèze | |
Sidonie au Japon Avant hier en Irlande (A propos de Joan), demain en Corée du Sud (A traveler’s Need, primé à Berlin), ici au Japon, Isabelle Huppert voyage, s’acclimate et devient le territoire même du film. Fictions qui deviennent peu ou prou des documentaires d’une actrice propre à tout reconfigurer à son image. Elise Girard avance dans son drame climatisé en assumant cette (omni-)présence. Pour preuve, c’est dans les rets de l’imaginaire de Sidonie-Huppert que peut naître un véritable trouble. |
Thomas Baurez | |
Quelques jours pas plus Critique rock… trop rock, Arthur a fini par pousser le bouchon trop loin et, après le saccage de sa chambre d’hôtel, son rédac’ chef décide de le coller aux infos générales. Un nouveau poste où il va se retrouver à couvrir l’évacuation d’un camp de migrants qui va bousculer son destin quand mis KO par un CRS, il tombe sous le charme de la responsable d’une association de réfugiés et, pour la séduire, accepte d’accueillir un jeune Afghan chez lui. |
Thierry Chèze | |
Il pleut dans la maison C’est l’été en Wallonie, il fait chaud, mais les vacances ne sont pas à l’ordre du jour pour Purdey et son frère Makenzy. Entre un père disparu et une mère absente, les deux sont comme livrés à eux-mêmes, précarisés dans une maison qui tombe en ruine. Elle, fait des ménages dans un complexe hôtelier ; lui, vole des touristes de toutes les manières possibles. Deux manières âpres de rappeler le bon temps de ceux qui ont le temps et l’argent de partir en vacances, là même où vivent ces deux adolescents, forcés de grandir trop vite pour s’en sortir. |
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Les Explorateurs: L'Aventure fantastique Rien n’est plus puissant que l’imagination. Alfonso, garçon casse-cou, transforme lui-même sa vie en aventure : un moulin devient géante créature, une voiture devient dragon menaçant, et lui devient chevalier, par la seule force de ses fabulations. Avec ses amis Arthur et Victoria, bien réels eux, il se met en tête de sauver les habitants de sa ville d’un homme d’affaires vaniteux. Drôle et pétillant, rempli de courses-poursuites épiques, aucun doute que ce joli film saura exalter les plus jeunes. |
Lucie Chiquer | |
Et plus si affinités Peu convaincu par Jumeaux mais pas trop, le premier long du duo Ducray- Meance et encore moins par Sentimental, le film espagnol insupportablement moralisateur qu’ils ont choisi de remaker, on attendait avec scepticisme le grand triomphateur du festival de l’Alpe d’Huez (Prix du public et double prix d’interprétation pour Isabelle Carré et Bernard Campan). A tort. |
Thierry Chèze | |
Dieu est une femme Ce documentaire est une porte ouverte sur un autre. Celui sur la communauté des Kunas du Panama (où la femme est sacrée) réalisé en 75 par Pierre- Dominique Gaisseau invisible jusque là pour cause de faillite mais dont une copie a été miraculeusement retrouvée. Andrés Peyrot raconte l’histoire de ce film et l’excitation des Kunas d’enfin le découvrir dans un geste à la fois cinématographique, sociologique et ethnologique. Mais dont une certaine primauté à la cérébralité tient un peu trop à distance. |
Thierry Chèze | |
La Base Vadim Dumesh nous embarque dans un monde peu exploré par les caméras : la base de taxis de l’aéroport de Roissy où les chauffeurs attendent d’être dispatchés dans les terminaux. Un travail de longue haleine indispensable pour se faire accepter qui s’est étalé sur plusieurs années (COVID inclus). Mais le temps de son documentaire joue contre lui et en 72 minutes, il doit se contenter d’empiler les témoignages et portraits de chauffeurs sans aller plus loin que le simple constat des choses. On en ressort frustré. |
Thierry Chèze | |
Agra Dix ans après Titli, une chronique indienne, le quadragénaire Kanu Behl poursuit sa fougueuse exploration du Nord de l’Inde avec ce drame familial où un jeune homme à la libido explosive sème la confusion quand il annonce à ses parents vouloir se marier avec une collègue de travail. Habile, le scénario imagine une configuration spatiale originale dans laquelle le héros vit au rez-de-chaussée avec sa mère pendant que son père loge à l’étage avec sa maîtresse. |
Damien Leblanc | |
Yurt Il faut bien s’y faire : situer un film dans les années 1990 relève désormais du récit historique et de la chronique d’un passé révolu. C’est le cas pour le réalisateur Nehir Tuna, qui raconte ici de façon semi-autobiographique le tournant de l’année 1996 en Turquie à travers l’histoire d’Ahmet, garçon de 14 ans envoyé dans un internat religieux par son père qui cherche à inculquer à son fils pureté et droiture. |
Damien Leblanc | |
Black flies La New York des urgences, des gyrophares dans la nuit, des vies brisées aperçues à la volée, le temps de charger le brancard dans l'ambulance, direction l'hôpital le plus proche… C'est un matériau connu, une iconographie balisée (d’A Tombeau ouvert à la série New York 911) dont s'empare dans Black Flies (découvert en compétition à Cannes) Jean-Stéphane Sauvaire, adaptant un livre de Shannon Burke, romancier qui a lui-même été paramedic à New York. |
Frédéric Foubert | |
La Théorie du boxeur Qu’est-ce que la théorie du boxeur ? La thèse s’applique aux combattants qui ne parviennent plus à encaisser les coups. Ici, la doctrine caractérise l’évanouissement de la faune et de la flore française, qui ne parviennent plus à écoper les catastrophes liées au réchauffement climatique. Ce documentaire didactique morcelle un panorama hexagonal, où des artisans livrent, non sans inquiétude, leurs constatations sur l’état des sols, taris par les fortes chaleurs. |
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La Promesse verte Plus qu’un succès, un phénomène de société ! Avec Au nom de la terre, Edouard Bergeon a marqué durablement les esprits comme on a pu le constater lors de la récente crise agricole où il apparaît toujours comme une référence. S’il a touché aussi juste, c’est parce qu’il connaissait son sujet sur le bout des doigts, la tragédie qu’il racontait ayant été vécue par sa famille. Pour son deuxième long, au lieu de creuser le même terrain, il a choisi de partir ailleurs. |
Thierry Chèze | |
Paternel L’incapacité de l’Eglise à se moderniser inspire les cinéastes. Dans Magnificat, Virginie Sauveur racontait l’histoire d’une femme devenue prêtre en réussissant à garder le secret sur son sexe. Ronan Tronchot met, lui, en scène un prêtre qui voit débouler dans sa vie son ex et l’enfant de 11 ans qu’il a eu avec elle avant d’entrer dans les ordres. Porté par un Gregory Gadebois une fois encore remarquable, le film reste trop scolaire dans la conduite de son récit pour aller au- delà de la simple illustration de son sujet |
Thierry Chèze | |
Jour de merde Harcelée par son ex-mari toxique, rabaissée par sa boss et accompagnée par son gosse insupportable, Maude doit se rendre en plein milieu de la forêt québécoise pour apporter 7,5 millions de dollar à Gaétan Dubois, gagnant du loto, et l’interviewer. A bout de nerf et noyée par les obligations, elle se confronte à un homme déconnecté de la réalité. Ce qui devait être un rapide aller-retour se transforme en une journée interminable lorsque l’heureux bénéficiaire se révèle être aussi étrange que déconcertant. Après une vingtaine de court-métrages, Kevin T. |
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O'Corno: Une histoire de femmes Dans l’intimité d’une chambre, une femme en aide une autre à avorter. Cette scène d’ouverture constitue le point névralgique de ce drame choc, qui raconte le destin d’une infirmière reconvertie dans l’avortement clandestin en période Franquiste. Si le sujet est important, le film trimballe son héroïne d’un lieu à l’autre sans savoir où aller. De l’avortement à la prostitution, de l’exil à la libération sexuelle, on peine à cerner les intentions de la réalisatrice dans ce trop-plein de canevas. Yohan Haddad |
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Los Delincuentes Morán, employé de banque sans histoire, décide un beau jour de voler une grosse somme d’argent dans le coffre de son lieu de travail. Son plan ? Après avoir purgé une courte peine de prison, Morán pourra profiter de l’argent caché au préalable par son collègue Roman, homme discret qui sait se faire oublier. De ce postulat délirant, Rodrigo Moreno contourne le film de casse pour se pencher sur les conséquences d’un acte aussi démesuré, préférant ignorer la bêtise du geste afin de mieux se concentrer sur ses exécutants. |
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Apolonia, Apolonia Né du coup de foudre de la réalisatrice Lea Glob pour son sujet (l’artiste Apolonia Sokol), Apolonia, Apolonia suit le parcours de cette peintre danoise sur treize années, de ses études aux Beaux-Arts de Paris au début de sa carrière aux États-Unis, jusqu’à sa pleine consécration. S’il reste quelque chose de fondamentalement irrésolu dans ce film (pourquoi avoir suivi cette peintre plutôt qu’une autre ? Qu’a-t-elle de particulier ?), la trajectoire d’Apolonia Sokol s’avère, au bout du compte, plutôt passionnante. |
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L'Affaire Abel Trem Tout commence par un bobard. Celui que va naïvement raconter Abel (Gáspár Adonyi-Walsh, magnétique) pour justifier son échec au baccalauréat d’histoire, sans se rendre compte qu’il vient d’activer une réaction en chaîne. Car en expliquant à son père nationaliste qu’il ne s’est pas simplement planté à son oral mais qu’il en a été injustement recalé par son professeur libéral car il portait une cocarde, le jeune homme dépassé par les événements va déclencher un virulent scandale médiatique. De là, Gábor Reisz s’amuse. |
Lucie Chiquer | |
Le Jeu de la Reine Le Brésilien Karim Aïnouz, célébré notamment pour son fabuleux mélo La Vie invisible d’Euridice Gusmao (2019), change d’air et de braquet avec ce projet de prestige, tourné en anglais, avec stars au générique (Alicia Vikander, Jude Law) et sélection en compétition au Festival de Cannes. Mais ce qui faisait la singularité de son cinéma se dissout dans un film de facture passe-partout, plus formaté que véritablement porté par une vision d’auteur. |
Frédéric Foubert | |
Pas de vagues Pas simple de débarquer en salles avec un vent contraire surtout de manière aussi injuste ! En février, la bande- annonce de Pas de vagues a enflammé le net, ses contempteurs reprochant, à sa vision, au film… tout ce qu’il n’est pas : le portrait à charge, sans nuance, d’une collégienne semblant accuser à tort de harcèlement son professeur dont l’autorité suffirait à ce que l’on croit lui et pas elle. Comme un geste provocateur sur un sujet de société brûlant. |
Thierry Chèze | |
Kung Pu Panda 4 Huit ans se sont écoulés depuis Kung Fu Panda 3. Les enfants nés à l’époque du premier volet seront bientôt adultes. Le temps file. Ça s’entend d’ailleurs dans la voix de Maître Shifu – celle de Dustin Hoffman, en VO, de plus en plus caverneuse. Et dans ses propos, aussi, quand il annonce au début du film qu’il est temps pour Po, le panda expert ès-kung-fu, de céder à quelqu’un d’autre son titre de « Guerrier Dragon » et d’envisager une reconversion en chef spirituel de la Vallée de la Paix. |
Frédéric Foubert | |
Cabrini En 1946, Sœur Francesca Cabrini est canonisée pour avoir dévoué sa vie aux droits des immigrés italiens sur le sol américain. Après Sound of Freedom, Alejandro Monteverde décide de raconter son histoire. Par ignorance ou simple paresse d’écriture, il semble cependant oublier qu’un personnage central féminin ne rend pas un film automatiquement militant… Mais quoi de mieux que de surfer sur la vague féministe pour porter un discours religieux. La finalité : un récit qui tourne en rond et donne le vertige. |
Lucie Chiquer | |
Une famille En 2018, Catherine Corsini s’attaquait au récit d’autofiction de Christine Angot, Un amour impossible, qui remontait à la racine de sa tragédie : la rencontre de ses parents, menant à l’inceste que lui fera subir son père. Cinq ans plus tard, Angot reprend les rênes de sa propre histoire. Exorciser son traumatisme par l’écriture ne semble plus suffisant, il s’agit maintenant de chercher réparation. Alors, l’autrice devient réalisatrice. La plume devient caméra. Une caméra embarquée avec laquelle Christine Angot confronte un ennemi de taille : le silence. |
Lucie Chiquer | |
Smoke sauna sisterhood Au loin, une cabane isolée au fond d’un bois enneigé où plusieurs femmes s’engouffrent, laissant derrière elles le froid glacial de l’hiver estonien. À l’intérieur, une chaleur étouffante : celle du sauna à fumée, lieu sacré purificateur du corps et de l’âme. C’est au cœur de ce rituel ancestral fennique que la réalisatrice Anna Hints plonge sa caméra. Et alors que des silhouettes nues s’extirpent de l’obscurité et se forment dans les nuages de vapeur, les sens s’activent et la parole, elle, se délie. |
Lucie Chiquer | |
Le monde est à eux « C’est différent, mais ça a pour but qu’on réussisse.» Le moins que l’on puisse dire, en effet, c’est que c’est différent. Au lycée Delacroix de Drancy, Jérémie Fontanieu, prof d’économie aux allures de jeune loup de la finance tente une « expérimentation inédite ». Chaque année, les élèves de terminale les moins prometteurs de ce lycée de banlieue défavorisée subissent un intensif coaching afin d’obtenir le saint-graal: baccalauréat et, si affinités, admission en classe préparatoire. La méthode - et le film, réalisé par le prof lui-même - laissent parfois songeur. |
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Laissez-moi Mère très dévouée à un fils en situation de handicap, Claudine (Jeanne Balibar) s’accorde chaque semaine un jour de liberté en couchant avec des hommes de passage dans un hôtel de montagne... Avec ce portrait d’une quinquagénaire qui aspire à une vie romanesque, Maxime Rappaz élabore pour son premier film une atmosphère mélancolique et hors du temps (même si le récit se passe en 1997). Mais la thématique du fantasme est traitée d’une manière vue et revue, au sein d’une direction artistique qui nous laisse sur notre faim. |
Damien Leblanc |