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C’est donc ÇA ? Ça, le futur du cinéma ? Ça, l’explosion d’un nouveau monde numérique censé remettre les pendules à zéro et renverser notre rapport aux films ? Alors oui, on a vu Avatar. Et oui, c’est bien CA le futur du cinéma. Avec son immersion 3D révolutionnaire (on se retrouve réellement dans la peau d’un Na’avi), son expérience visuelle sidérante qui représente vraiment une rupture, Avatar risque de tout bouleverser… mais surtout les spectateurs. Reprenons : l’action de cette aventure, écrite par Cameron lui-même, se déroule en 2154 sur une planète lointaine où un groupe d’industriels cyniques exploite un minerai rare. Le problème ? les autochtones : les Na’vi, des extraterrestres bleus qui vivent en harmonie avec la nature. Pour les contrôler, les Terriens ont créé des « avatars » qui leur permettent d’investir Pandora et de négocier avec les aliens. Jake Sully (Worthington, génial), ex-marine cloué sur un fauteuil roulant, est choisi pour « piloter » un avatar et rapidement, Sully adopte les mœurs des Na’avis. Mais le cynisme et la cupidité des industriels va l’obliger à faire des choix… Au-delà du discours socio-écolo évident (l’aspect prédateur de la civilisation américaine, les terriens impérialistes et cupides), au-delà de la performance technologique, Avatar est d’abord un pur film de SF dont la plus intéressante partie réside dans la découverte de l’univers des Na’avis. Cameron, nerd scientifique (c’est un collaborateur de la NASA) déploie un univers absolument stupéfiant. Comme une vieille couverture de roman SF fifties qui se prendrait vie devant nos yeux, le film nous fait découvrir la jungle luxuriante de Pandora, ses montagnes en apesanteur (merci Miyazaki), ses créatures entre dinosaures et monstres mythologiques… La différence c’est que pour une fois, on n’est plus spectateurs, mais acteurs (cf. ce plan sidérant de caméra subjective qui nous donne l’impression de VRAIMENT descendre de l’avion avec les marines). Alors, Avatar, fantasme de SF ? Ce serait trop simple et trop réducteur. Car Avatar ressemble à s’y méprendre à un manga live. Tout y évoque le graphisme surstylisé des « animés » (le look des na’avis, les Mechas de la fin…) et Cameron cite allègrement Miyazaki ou Oshii. Avatar ressemble aussi à un jeu vidéo (notamment à cause de l’utilisation de la mo-cap que mes confrères de la rubrique jeux vidéos prétendent avoir inventé il y a 15 ans). Mais Avatar c’est aussi un pur Western (les Na’avis dans le rôle des indiens et les marines dans celui des cowboys sanguinaires) ; un des space opera les plus dingues qui renvoie le Star Wars de 77 dans les cartons de notre vieille cave (il y a le plus beau plan de navette spatiale jamais vu) ; une love story et un film initiatique… Bref, Avatar est un film-somme. Une entreprise totale qui rappelle que le roi Cameron a toujours été un nerd impérial à la viscéralité bourrine, un cinéaste hi tech avec un côté prolo nouveau riche qui est le seul à pouvoir défier les col bleus des studios et les rois du marketing pour signer ça. Ca ? On y revient forcément… Une love story, des combats aériens et terrestres, une épopée digne de David Lean, Asimov ou Homère. Avatar est un bijou de cinéma.La bande-annonce d'Avatar