Un Voyage

En gros plan, une femme s’adresse à un homme hors champ. Elle va mourir aujourd’hui : « Dans ses yeux. » En compagnie de son mari, elle dit au revoir à leur fils et ils partent pour la Suisse. Le but du voyage, annoncé en ouverture, est assez clair mais les raisons et la manière en seront dévoilées peu à peu, au cours de scènes explicatives fiévreuses et parfois embarrassantes. Sur un sujet fort et controversé, le film louvoie et s’égare dans des rencontres de hasard (un couple, un gendarme). Sans convaincre, hélas.

Un voyage signe déjà le début d’un travail remarquable du cinéaste sur l’amour et la mort, qui pour lui sont indissociables. Quand le cinéma sert ainsi une histoire d’amour et la recherche désespérée d’un bonheur perdu, on ne peut que le remercier de transposer si bien les sentiments humains, dans un film qui ne peut laisser indifférent.

L’interprétation des acteurs est physique et écorchée, livrant peu à peu l’intrigante animalité refoulée en eux. Il y a dans cette démarche régressive le désir d’une incarnation qui dépasse les archétypes du drame intimiste et c’est dans ce fragile interstice qu’Un voyage déploie sa beauté plutôt inattendue.

Dans ce film dur et très beau, Samuel Benchetrit offre à Anna Mouglalis de vivre à en mourir.

Anna Mouglalis, magnifique actrice, prête son talent et sa beauté pleine de gravité à Mona. Un voyage aborde un sujet difficile certes, mais ne laisse pas indifférent.

"Un Voyage" est une épreuve par moment insoutenable, souvent exaspérante. Mais, à condition d'être patient, il pourra cependant arriver que l'on éprouve, in fine, une sorte de reconnaissance envers le réalisateur et ses acteurs.

La caméra ne craint pas d'accompagner ses personnages au sens propre du terme. Reste une question à Benchetrit, qui est également écrivain : sinon donner un rôle puissant à sa compagne Anna Mouglalis (mention spéciale à Yann Goven, on souffre pour lui), n'aurait-il pas mieux valu écrire un roman ?

On en vient à en vouloir au réalisateur d'émettre tant de suspens mais on ne manque pas d'être touché par une scène finale déchirante abordant finalement d'un sujet délicat. On est juste déçus d'attendre si longtemps pour voir tant de tendresse et d'émotion au sein de ce film bancal.

Un accablant cabotinage, dont on peine à déterminer ce qui, de la pose ou d'une sincérité supposée se suffire à elle-même, l'emporte chez son auteur.

Ecrivain et réalisateur pourtant prometteur, Benchetrit n’y parvient jamais et on le supplierait presque d’abréger les souffrances – celle de ses personnages, et les nôtres.

Filmé en plans convulsifs, ce conte de Samuel Benchetrit sur l'amour et la mort reste, de bout en bout, un exercice de style artificiel et maladroit.

Un drame pesant et inopérant... Regrets.