Toutes les critiques de The Music of Strangers

Les critiques de Première

  1. Première
    par Frédéric Foubert

    Après avoir raconté dans l’excellent Twenty Feet from Stardom les vies d’une poignée de choristes (ces filles qui chantent derrière Mick Jagger ou Sting, « à quelques mètres de la gloire »), le réalisateur Morgan Neville, véritable stakhanoviste du documentaire musical, se penche dans sa nouvelle livraison sur le collectif Silk Road Ensemble, créé par le musicien Yo-Yo Ma. Violoncelliste superstar célébré dans le monde entier, ex-enfant prodige à la recherche de nouveaux challenges artistiques, Yo-Yo Ma a rassemblé autour de lui, depuis le début des années 2000, une sorte de supergroupe composé de musiciens venus des quatre coins du monde. Joueuse de cornemuse de Galice, clarinettiste syrien, virtuose chinoise du pipa… L’idée, en substance, est de voir ce que ça donnerait si les musiciens les plus virtuoses et sensibles de la planète jouaient ensemble. Quels sons en sortiraient ? Notre idée de la musique en serait-elle transformée ? Et, plus important encore, quel impact ces sonorités nouvelles auraient-elles aurait sur notre vision du monde ? Neville pose ces questions en s’attardant sur les parcours personnels de quelques-uns des membres du groupe. Les portraits proposés sont touchants (surtout celui du syrien Kinan Azmeh) mais, trop souvent, le propos menace de tomber dans l’angélisme, sur l’air de "la musique adoucit les mœurs". Mieux vaut alors regarder The Music of Strangers comme le portrait en creux de Yo-Yo Ma, un surdoué qui avait tellement peur de s’ennuyer qu’il se donna pour mission de prouver que la musique pouvait changer le monde. On ne va certainement pas lui reprocher d’essayer.