Toutes les critiques de OSS 117 : Rio ne répond plus

Les critiques de Première

  1. Première
    par Christophe Narbonne

    Le changement d’époque est la première bonne idée du film. En une décennie, le monde a radicalement évolué, mais pas OSS ! Comme du temps de papa, il considère que chacun doit rester à sa place : les Français en France, les homos entre eux – une séquence d’emblée cul(te) va pousser OSS à revoir ses fondamentaux sur cette question... –, les femmes au foyer. Du coup, l’association entre cet espion vieille France et une homologue juive, symbole de la parité sexuelle, va s’avérer explosive. C’est la deuxième très bonne idée du film. Aux réflexions condescendantes sur l’infériorité du sexe faible s’ajoutent des réflexions antisémites tellement énormes qu’elles déclenchent l’hilarité en même temps qu’une gêne diffuse. N’est-ce pas le propre des grandes comédies que d’intégrer un sous-texte qui gratouille ? En cela, OSS 117 – Rio ne répond plus se rapproche des Aventures de Rabbi Jacob, le classique de Gérard Oury. À la fameuse réplique de Louis de Funès : « Comment, Salomon, vous êtes juif ? » répondent certaines reparties aussi insensées que : « Pourquoi ne pas espérer, un jour, une réconciliation entre juifs et nazis ? »

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat
    par Damien Leblanc

    Honorant son ambition d'offrir une « nouvelle aventure du héros » plutôt qu'une suite dupliquée, OSS 117 : Rio ne répond plus propose un spectacle jubilatoire, aussi drôle qu'irrévérencieux. Brio de la mise en scène et génie des dialogues font définitivement entrer Jean Dujardin et son personnage dans la légende de la comédie française. - Voir notre entretien avec Jean-François Halin, scénariste et dialoguiste d'OSS 117.En 2006, OSS 117, Le Caire nid d'espions avait introduit une subtile élégance au sein de la comédie française, reproduisant l'esthétique des anciens films d'espionnage pour mieux brocarder l'esprit paternaliste de la France des années 1950. La puissance comique du personnage (qui a oublié Jean Dujardin chantant Bambino en arabe ?) plaçait la barre très haut pour ce second volet. Désireux de renouveler la tonalité générale, les auteurs de Rio ne répond plus ont effectué un judicieux saut de 12 ans, propulsant leur espion gaffeur dans le Brésil de 1967. L'humour ne va ainsi plus reposer sur le post-colonialisme à la française mais sur l'héritage moral de la Seconde Guerre mondiale et l'émergence de la génération des baby boomers. Face au bouillonnement du monde, la France présidée par Charles de Gaulle cherche avant tout à sauvegarder les apparences de sa vertu : les services secrets chargent donc OSS 117 (Jean Dujardin, immense) de récupérer un microfilm compromettant des mains d'un nazi réfugié au pays de la samba. Il lui faudra pour cela s'allier avec une charmante lieutenant-colonel du Mossad (Louise Monot, impeccable). Ce contexte historique est abordé en toute décontraction, avec une sidérante liberté de parole. Dès la magnifique séquence d'ouverture (petit chef d'oeuvre à elle seule), l'euphorie répond présente : débutant sous les meilleurs auspices, Rio ne répond plus va dérouler durant 1h40 un trajet comique d'une précision millimétrée. Le décalage permanent Si l'action du premier volet prenait place dans un espace réduit et des décors récurrents, Rio ne répond plus décline une grande variété de lieux pour épouser la forme d'un voyage énergique. Quittant le seul vivier des agents secrets, Hubert Bonisseur de la Bath se frotte à un entourage plus ample, à commencer par les hippies qui lui font entrevoir un modèle de vie alternatif. Cette comédie bénéficie en permanence de richesses multiples, revêtant simultanément les habits du film d'aventures exotique (on songe à L'Homme de Rio), du pastiche de luxe ou du brûlot politique. A la manière des malicieuses Lettres persanes de Montesquieu, les auteurs profitent d'une intrigue se tenant dans un pays étranger pour taquiner la société française. Par le biais d'un oeil faussement naïf, le film s'autorise ainsi des remarques hilarantes, dont certaines font fatalement écho à la France de 2009. L'audace des situations concoctées par l'excellent Jean-François Halin (co-dialoguiste et co-scénariste) et Michel Hazanavicius fait baigner l'ensemble de la narration dans un océan comique de haut niveau. Ainsi, lorsque OSS 117 discute avec ses alliés juifs, le spectateur sait parfaitement quels enjeux historiques la conversation met en oeuvre, mais l'espion multiplie lui les maladresses. Ses gaffes proviennent autant de son ignorance naturelle que du manque de recul historique que continue d'entretenir la France (de 1967) vis-à-vis de la Collaboration. L'humour peut ainsi jouer sur différents niveaux; et si le personnage ne dispose jamais du bon curseur géopolitique, Michel Hazanavicius évite toujours de condamner trop hâtivement son héros. Un personnage en mutationAu-delà de la maîtrise visuelle et rythmique de l'ensemble, c'est le minutieux travail effectué sur la personnalité d'OSS 117 qui permet à Rio ne répond plus d'atteindre des sommets. Prétentieux et goujat, Hubert Bonisseur de la Bath ne dégage pourtant pas la même assurance que dans le premier film. Il se fait désormais autant vanner qu'il ne vanne (Bill, l'agent de la C.I.A, multiplie les insultes à son encontre) et possède rarement les armes pour répondre. De même, si le personnage fait encore des ravages auprès de la gent féminine, la séquence de la piscine, censée illustrer l'apogée de son pouvoir de séduction, révèle les limites d'une virilité qui bat en brèche ; le vieillissement menace. La relation d'Hubert avec la « OSS Girl », Dolorès, se transforme ainsi en une confrontation dynamique qui permet d'évaluer la nature profonde de l'espion. Véritablement mis à nu (voir la scène de l'hôpital), notre héros dévoile ses fragilités. L'enjeu n'est alors plus de savoir, comme le demandait Slimane dans Le Caire nid d'espions, si l'agent secret est « complètement con ou très intelligent » mais plutôt de creuser la carapace du personnage pour en faire sortir des émotions cachées. Souvent pétri de bonnes intentions, Hubert Bonisseur de la Bath est traversé par des envies contradictoires et diffuse plus fidèlement qu'il n'y paraît le parfum d'une époque en pleine mutation. Dans un esprit d'entière cohérence avec le premier volet, la question du masculin et du féminin continue d'être fouillée (rappelons que Jean Dujardin proférait dans Le Caire nid d'espions un amusant « je suis très belle ce soir »), de même que les flash-backs sur le passé de l'espion. De nouveaux thèmes émergent également, comme celui de la famille ; car si les services secrets français semblent constituer le seul foyer d'OSS 117, la notion de respect du père affleure lors de la désopilante rencontre avec Heinrich (Alex Lutz) pendant que l'excellent running gag du film développe le motif de l'honneur familial. Une ambition française Dans un même souci de continuité, on retrouve les clins d'oeil à Alfred Hitchcock qui faisaient la saveur du premier volet. Là où Le Caire nid d'espions multipliait les références visuelles à L'Homme qui en savait trop, plusieurs séquences mythiques de Sueurs froides et La Mort aux trousses sont cette fois évoquées. Au-delà du plaisir de la citation, ces allusions au maître anglais marquent l'ambition théorique (pour ne pas dire la filiation) de la saga, qui souhaite redonner au divertissement hexagonal ses lettres de noblesse. Conciliant fantaisie et soin du détail, le film s'offre ainsi le luxe de moduler son rythme dans la dernière demi-heure, virant presque à la quête contemplative. Rio ne répond plus témoigne en cela d'une vraie foi dans le cinéma, envisagé comme un lieu ouvert à tous les possibles où un "vieux jardinier" invisible peut donner un précieux coup de main au héros tandis qu'un Nazi se met à réciter le célèbre monologue de Shylock issu du Marchand de Venise de Shakespeare. Décapant, euphorisant et porté par un Jean Dujardin en état de grâce, Rio ne répond plus tire la comédie française vers des cimes fantasmatiques que seul un troisième volet des aventures d'OSS 117 semble en mesure d'égaler.OSS 117 : Rio ne répond plus De Michel HazanaviciusAvec Jean Dujardin, Louise Monot, Alex LutzSortie en salles le 15 avril 2009Illus.© Gaumont Distribution- Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire les fils comédie, acteur sur le blog cinéma- Lire la critique d'OSS 117, Le Caire nid d'espions

  2. Le JDD
    par Carlos Gomez

    Attention, cet humour est contagieux. (...) Le film abonde en bons mots et en situations que Dujardin rend irrésistibles à force de bonne humeur. Pas une bonne humeur béate, non, plutôt potache et propice au bon vieux rire nerveux, pour peu qu'on soit client des deuxièmes et troisièmes degrés, bien sur.

  3. Télé 7 jours
    par Julien Barcilon

    Jean Dujardin et Michel Hazanavicius récidivent dans l'excellence comique et l'art du détournement pastiche. En plaçant encore plus haut le curseur du politiquement incorrect. Avec eux, c'est sûr, on peut rire de tout. Mise en scène vintage, tonique et parsemée de clins d'œil ciné, dialogues ciselés 24 carats, un Dujardin absolument génial en crétin magnifique : on va tous à Rio !

  4. Télérama
    par Guillemette Odicino

    Avec OSS 117 : Rio ne répond plus, Hazanavicius fait encore plus drôle et plus irrévérencieux. (...) Il y a trois ans, quand Jean Dujardin jouait si bien le Sean Connery de bazar, il y avait encore un peu de Brice de Nice dans son Hubert. Aujourd'hui, en Steve McQueen au rabais, il n'a plus un seul tic, seulement un vrai talent pour distiller répliques choquantes et débiles. Impossible d'imaginer quelqu'un d'autre dans le slip de bain d'Hubert.

  5. Pariscope
    par Virginie Gaucher

    Hubert ? Non, il n’a pas changé. Toujours macho, géopolitiquement inculte, raciste (après les Arabes du premier film, au tour des Juifs de trinquer), ignorant (il rêve un jour de réconcilier les juifs et les nazis), Hubert est en complet décalage. Mais tente de s’adapter : il ne pousse plus la chansonnette mais n’hésite pas à tester, sur une plage peuplée de hippies, des substances qui lui mettent les sens en pagaille. Avec une esthétique plus seventies, une mise en scène aussi soignée que l’écriture, ces retrouvailles, qui ne sont pas des redites, mettent le paquet sur l’action (avec deux poursuites hilarantes : en voiture ou en déambulateur !) et sur les gags (dont l’audacieux monologue de Shylock dit par un nazi). Dans un monde dont il maîtrise de moins en moins les codes, Hubert, limite has been, est une sorte de poète ! Un personnage outrancier et attachant, qui doit beaucoup à l’abattage et à la finesse de Jean Dujardin.

  6. Paris Match
    par Alain Spira

    Truffées de gags imparables, de répliques irrésistibles, ces nouvelles aventures du James Bond gaulois réussissent la prouesse de faire jaillir à la fois le rire et l'ennui. Par manque de rythme, le spectateur a le sentiment d'être dans un bolide dont on a oublié de débloquer le frein à main.

  7. Le Monde
    par Jacques Mandelbaum

    (...) Ce second opus a manifestement privilégié l'aspect cosmétique (décor, costumes, design...), au détriment des relations entre les personnages, comme du droit à pousser un peu plus loin que de raison certaines embardées narratives. Ce retour d'OSS court donc déjà le risque de tourner à sa propre parodie, mais le plaisir enfantin d'y trouver encore quelques bonnes raisons de rire ne devrait dissuader personne d'y retourner.